Il est des lignées de boulangers, de médecins ou d’agriculteurs. Chez les Ravanel, on se transmet le métier de guide de père en fils, depuis six générations. “On est les seuls dans ce cas de figure, dans la vallée de Chamonix”, note Marc Ravanel, qui habite Argentière et fait partie de la compagnie des guides de Chamonix. Cette compagnie compte d’ailleurs actuellement onze Ravanel en activité, dont Roland, le père de Marc. Ravanel est donc un nom indissociablement lié à l’alpinisme de la vallée. “Le métier de guide a toujours été une évidence pour moi, dès l’âge de 10 ans. Mon père m’emmenait avec lui en course, et j’ai eu très jeune les mains dans les mousquetons et les crampons. La montagne, ça fait rêver un enfant, surtout quand il voit que c’est plus grand là-haut”. Et cet engouement pour les hautes sphères habite toujours Marc Ravanel, qui, à 40 ans, affirme : “La montagne, c’est toute ma vie. Je me sens d’ailleurs plus alpin que français”.
Au-delà de l’atavisme familial, Marc Ravanel s’est aussi fait un prénom dans le massif, ce dont il est particulièrement fier. Il cite volontiers ses nombreuses premières, comme la voie Ravanel-Frendo en face nord de l’aiguille Verte, ou ses voies rocheuses à l’aiguille d’Argentière (où son père a ouvert des voies avant lui). Il est aussi l’auteur de courses hivernales de grande ampleur, et de descentes de couloirs à ski. Voilà donc un prénom largement à la hauteur du nom de famille.
Côté professionnel, Marc est guide depuis l’âge de 25 ans et a travaillé pendant longtemps en tant que guide indépendant. Depuis sept ans, il est instructeur à l’EMHM (École militaire de haute montagne), où il forme les jeunes chasseurs alpins au ski et à l’alpinisme. Il est également conseiller technique depuis quinze ans chez Camp, fabricant de matériel de montagne.
Et ensuite, l’histoire familiale va-t-elle se poursuivre ? Marc a deux fils, de 15 et 12 ans (Clovis et Arthur), qui “‘apparemment ne vont pas suivre le même chemin. Je ne les encourage pas à devenir guides, car ce métier devient de plus en plus difficile”. À moins qu’ils ne soient rattrapés par leur destinée…
Jeanne Palay