À l’Alpe d’Huez, l’hébergement touristique neuf sous pression

Début juillet, France Nature Environnement Isère, ex-FRAPNA Isère, qui contestait l’autorisation d’Unité touristique nouvelle de 4600 nouveaux lits touristiques délivrée à la commune de l’Alpe d’Huez en 2017, a obtenu gain de cause auprès du Tribunal administratif de Grenoble (TAG).

Ce jugement n’émeut pas outre mesure le maire de l’Alpe d’Huez, Jean-Yves Noyrey, qui pointe le retard que tous les projets d’aménagement prennent, alors que la concurrence entre destinations hivernales est particulièrement vive. « Nous avons tourné la page de cette UTN il y a deux ans, dès que le PLU a été cassé, et avons relancé une nouvelle UTN de 3800 nouveaux lits touristiques, désormais portée par le Scot de l’Oisans (Schéma de cohérence territorial). Ce dernier devrait être arrêté en octobre prochain », explique l’élu isérois. « Nous ne ciblons plus que deux secteurs sur les quatre qui étaient prévus à l’origine ». À savoir les Bergers (3000 lits) et l’Éclose-Ouest (800 lits), deux zones situées au cœur de la station et qui vont être densifiées. La commune d’Huez a abandonné tout projet sur la zone des Passeaux, au niveau du virage 2 de la Montée de l’Alpe d’Huez, suite à l’annulation du Plan Local d’Urbanisme en octobre 2017 par le TAG. Quant au secteur de l’Éclose, à l’arrière du Palais des sport, Jean-Yves Noyrey indique que son aménagement s’est achevé avec la construction de l’établissement 5 étoiles Le Daria-I-Nor -ouvert en décembre 2018- et celle de la future résidence Odalys, dont les travaux devraient bientôt commencer.

Jean-Yves Noyrey, maire de l’Alpe d’Huez, sous le panneau de Vinci Immobilier, lauréate de l’appel à projet pour l’aménagement d’hébergements touristiques de différents standing et des parkings sur le secteur de l’Eclose-Ouest

Promouvoir un modèle quatre saisons
France Nature Environnement Isère estime que ce sont ces différents recours qui ont amené la collectivité d’Huez à revoir ses ambitions à la baisse en matière de création de lits neufs. En médiatisant cette dernière décision de justice, FNE Isère entend inciter les stations tricolores à penser « autrement et à faire évoluer leur modèle de développement touristique, en privilégiant une approche à long terme, axé sur une offre quatre saisons, intégrant le potentiel de réhabilitation du patrimoine bâti existant ».
En ligne de mire, les fameux lits froids, c’est à dire occupés moins de quatre semaines par an, dont l’association estime que la station de l’Oisans ne tient pas assez compte dans ses projets d’aménagement. À l’Alpe d’Huez, ils représenteraient plus de 60% du parc des 26 000 lits touristiques. « Effectivement, notre station est celle qui compte le plus de lits froids dans les Alpes avec Serre-Chevalier », regrette le maire. Mais il se défend de ne pas prendre en compte leur problématique, complexe, en raison notamment du modèle dominant de multipropriété des hébergements touristiques. Plusieurs projets de réhabilitation d’établissements collectifs sont néanmoins dans les tuyaux à proximité de l’office de tourisme, souligne le maire.

Des baux rallongés pour une affection locative longue durée
Pour FNE, les opérateurs ne peuvent pas répondre à la complexité du sujet, qu’elle ne nie pas, par une fuite en avant, en consommant toujours plus de foncier et en laissant se développer des friches immobilières. « Surtout dans un contexte de réchauffement climatique et d’une ressource en eau potable limitée selon une étude publiée en 2016 par Alpes Ingé », estime Elodia Bonel, juriste à FNE Isère, coordinatrice des Sentinelles de la Nature.
Pour Jean-Yves Noyrey, c’est pourtant en lançant des lits neufs que l’on crée dans un deuxième temps de la rénovation. « Les premiers impulsent une dynamique, incitent les propriétaires à réhabiliter leurs biens pour qu’ils soient plus qualitatifs et répondent à la demande du marché en ce sens », affirme l’élu qui se défend d’avoir une vision tout ski de l’avenir de sa destination, à l’appui d’une fréquentation estivale 2019 dopée par l’effet canicule. Et de préciser par ailleurs, que dans le prochain PLU, dont le projet est soumis à enquête publique jusqu’au 30 août prochain, les nouvelles constructions de résidences seront encadrées par des conventions loi Montagne. Celles-ci garantissent une affection locative à long terme, avec des baux longue durée (jusqu’à 99 ans). Un dispositif qui devrait selon lui, sinon empêcher, du moins retarder pour longtemps, la sortie du marché des futurs lits commerciaux.

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