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7000 ans d’histoires des Alpins revisités au Musée dauphinois

Depuis le 11 octobre, Gens de l’Alpe, l’exposition de référence du Musée dauphinois, qui datait de 1998, a cédé sa place à Alpins. 7000 ans d’histoires. La montagne et ses habitants sont toujours au cœur du propos, mais ce nouveau parcours bilingue français-anglais, tient compte des dernières connaissances sur les communautés montagnardes. Pour enrichir la découverte des visiteurs, il bénéfice aussi, sans en abuser, de l’apport des nouvelles technologies qui, en vingt-cinq ans, ont beaucoup évolué.

Après pas loin de trois ans de gestation, le Musée dauphinois accueille sa nouvelle exposition au long cours, Alpins. 7000 ans d’histoires, dans les 700 m² qu’occupait Gens de l’Alpe depuis plus de deux décennies. « L’idée est à la fois de rendre compte de l’actualité de la recherche, et notamment des travaux de l’Université de Grenoble, et aussi de témoigner des défis auxquels la montagne est confrontée durant le dernier quart de siècle écoulé », explique Olivier Cogne, directeur du musée.
Alpins. 7000 ans d’histoires, accompagné par le magazine L’Alpe pour son100e numéro, comme son tout premier pour Gens de l’Alpe en 1998, a mis à contribution chercheurs, conservateurs de musée, acteurs culturels et associatifs, professionnels de la montagne, sans oublier les habitants du territoire, dont certains ont prêté des objets.

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Olivier Cogne, directeur du Musée dauphinois ©Actumontagne

Une histoire d’adaptation de l’Homme

Le fil rouge du propos qui remonte l’histoire du Néolithique à nous jours, est celui de l’adaptation des sociétés à cet environnement si singulier qu’est la montagne (pente, neige, froid), ainsi qu’aux bouleversements socio-économiques et politiques, et plus récemment au dérèglement climatique. Ce parti-pris s’affiche dès le début du parcours via la galerie de l’adaptation (et de l’innovation), réunissant plusieurs objets emblématiques en vitrine : une hache polie fabriquée entre 5500 et 2200 ans avant J.-C., retrouvée à Saint-Egrève, une cruche gallo-romaine du 1er siècle, découverte à Chanaz en Savoie, un métier à dentelle du 17e siècle ou encore une poulie de remontées mécaniques, symbolisant l’avènement de l’or blanc.

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La galerie de l’adaptation et à droite l’illustration de l’exposition signée de l’auteure grenobloise Flore Hénocque ©Musée dauphinois-Département de l’Isère

« Nous voulions aussi déconstruire les représentations anciennes de la montagne, vue comme un espace clos, à l’écart du reste du monde, or, dès l’époque du Néolithique il y a des circulations, des mobilités de population et de matériaux dans nos Alpes », poursuit Olivier Cogne.
Parce que le Musée Dauphinois est à l’origine dédié à l’archéologie, le parcours remet à l’honneur cette discipline scientifique en mettant en lumière ses collections relatives à deux sites archéologiques particulièrement étudiés, où les premières communautés d’Alpins se sont sédentarisées il y a 7000 ans, la Grande Rivoire dans le Vercors, et l’Aulp du Seuil en Chartreuse.

Collections maison et prêts prestigieux

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Parmi les pièces remarquables de l’exposition, beaucoup proviennent du Musée Dauphinois, comme le piolet de Gaspard de la Meije, un bas-relief représentant l’Homme sauvage, mythe très présent dans les Alpes, un coffre de charité du XVIIIe siècle ou les célèbres photographies et objets collectés dans le Queyras par Hippolyte Müller (1865-1933), fondateur du musée grenoblois en 1906. D’autres institutions ont aussi mis leurs collections à contribution. Le Musée d’Orsay a prêté une grande huile sur toile représentant « une ville romaine au pied des Alpes dauphinoises quelque temps après la conquête des Gaules », d’Octave Penguilly L’Haridon (XIXe), probablement la ville de Die, avec le Vercors en arrière-plan. Le Musée Muséum départemental des Hautes-Alpes, -rappelons que le Dauphiné comprenait ce département-, a mis à disposition une stèle funéraire en marbre blanc, dite de Briançon, montrant l’adoption du mode de vie romain par les populations gauloises. Autre prêt prestigieux du musée de Gap, la fameuse tête de Jupiter-Ammon, dieu très présent dans le monde méditerranéen, datant du 2e siècle après J.-C., et retrouvée dans le Champsaur. Elle témoigne elle aussi de la romanisation des Alpes.

Photo : Hermès double de Jupiter-Ammon, Saint-Laurent-du-Cros (Hautes-Alpes), 2e siècle après J.-C. Bronze Coll. Musée Muséum départemental des Hautes Alpes, Gap

Des dispositifs numériques à bon escient

La scénographie d’Alpins. 7000 ans d’histoires, signée Maddalena Giovannini, s’appuie juste ce qu’il faut sur les nouvelles technologies. Le clou des nouveaux dispositifs multimédias est sans aucun doute la carte en relief animée des Alpes françaises (mapping vidéo pour les initiés). De nombreux films animés originaux ont également été réalisés pour éclairer en quelques minutes les différentes époques. Le parcours a conservé de Gens de l’Alpe, la machine à contes, le dispositif d’écoute issue de la collecte de l’ethnologue Charles Joisten (1936-1981). Il constitue un patrimoine exceptionnel de l’oralité, dont il aurait été dommage de priver les visiteurs.

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Des dispositifs multimédias discrets au service du propos ©Actumontagne


A travers cette exposition, le musée rappelle enfin qu’il est en centre de ressources majeurs pour les chercheurs sur la montagne d’hier, mais aussi d’aujourd’hui et de demain. D’où ce mur d’images qui entend « rappeler le concept d’Archives de la montagne, cher à Albert Kahn, philanthrope qui a envoyé des missions un peu partout dans le monde dans les années 20 pour capter les cultures fragilisées dans un monde en pleine mutation », précise Olivier Cogne.

Une scénographie adaptée au jeune public

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Alpins. 7000 ans d’histoires -comme désormais toutes les expositions des musées départementaux- a pris en compte le jeune public. L’illustratrice grenobloise Flore Hénocque a imaginé un personnage mascotte, Charlotte, une petite bergère, accompagnée de son chien Djoka pour guider les enfants dans ce parcours ponctué de dispositifs de médiation dédiés. L’association Histoires de… et l’équipe du musée ont relu l’ensemble des textes et des cartels de l’exposition afin de faciliter son appropriation par les plus jeunes. Un support ludique spécifique sur le modèle d’un quizz, Les Incoll’Alpes, est par ailleurs disponible à l’accueil. Parents, pensez à le demander avant de commencer votre visite.

Entrée libre. Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h en semaine et de 10h à 19h le samedi et le dimanche.

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