Villard-de-Lans est la première station climatique et touristique française à s’engager dans une procédure d’élaboration d’un agenda 21. Une décision logique pour cette commune du Vercors qui a fait des énergies renouvelables et de la mobilité douce deux axes forts de ses actions dans le domaine de la préservation de l’environnement.
Avec Grenoble et Echirolles, Villard-de-Lans figure parmi les communes iséroises les plus en pointe dans le domaine du développement durable. Il était donc logique qu’elle décide d’avoir son agenda 21, cadre sur lequel elle compte appuyer sa politique de développement sur le long terme. «C’est dans la continuité de nos actions prises depuis 2001», explique Jean-Pierre Bouvier, le maire de Villard-de-Lans, désormais l’une des 20 «perles des Alpes», réseau éponyme rassemblant des communes où tourisme durable et mobilité douce sont en pointe*.
En effet, Villard-de-Lans milite depuis de longue date pour les énergies renouvelables. «De nombreuses scieries fonctionnaient avec l’eau de nos torrents autrefois », rappelle d’ailleurs le maire pour qui, l’agenda 21, va donner de la cohérence à ses différentes actions en faveur de la préservation de l’environnement. Et de souligner qu’en 2003, sa cité, adhérente historique au Parc régional du Vercors, a été la première commune iséroise à aider les particuliers à financer leurs installations de chauffage de type solaire ou à bois. Résultat, aujourd’hui, un permis de construire sur trois compte des panneaux solaires.
Energies passives
Site pilote pour l’exploitation du bois, Villard-de-Lans favorise clairement le chauffage au bois pour les bâtiments publics. Six d’entre eux sont chauffés par l’intermédiaire d’une chaufferie ad hoc que des élus d’un peu partout dans les Alpes viennent visiter. La Maison du Petit Montagnard, en construction actuellement sur la future colline des Bains, espace ludique opérationnel l’hiver prochain au centre du village (2 M d’euros HT investis) est présentée comme la vitrine des énergies renouvelables. Ce futur édifice est un modèle en matière d’énergies passives : façades vitrées pour capter de façon optimale les rayons solaires, excellente isolation thermique, cheminée au bois centrale d’appoint, autant d’éléments qui font que ce bâtiment sera quasi autonome pour ses besoins en chauffage.
Autre cheval de bataille de Villard-de-Lans, la mobilité douce. Et pour cause. Si la station climatique dispose globalement d’une excellente qualité d’air, elle admet que les week-ends de février et lors des pics de fréquentation, celle-ci laisse à désirer. En 2005, la commune a inauguré le tronçon de départ de la première voie verte de montagne, réservée aux piétons, aux cyclistes et autres engins non motorisés (skates, rollers, trotinettes, poussettes…). Recouvert d’un revêtement végétal, cet itinéraire se dessine autour du village à un rythme de 1,5 km par an. A terme, il devrait atteindre les 8 km. En juillet prochain, un parc de voitures, scooters et autres vélos électriques devrait être accessible aux habitants comme aux touristes. Objectif, les inciter à se déplacer dans et à proximité de la station, autrement.
Un petit train dans la montagne
Mais le clou dans le domaine des déplacements doux est sans conteste le futur train à crémaillère chargé de relier le centre du village, la Côte 2000 et la nouvelle porte du domaine skiable, Les Charpennes (voir encadré 3). Grâce à cette ligne ferroviaire, la commune table sur une tonne de CO2 en moins par jour en période de vacances. Ce transport collectif « vert » s’inscrit dans le vaste projet d’Unité Touristique Nouvelle de réaménagement de la côte 2000 (encadré 2). Séduisant sur le papier, le projet de train à crémaillère a fait et fait encore couler beaucoup d’encre !
Pour l’heure, le coût de sa construction n’est pas connu de façon précise. Certains avancent un montant compris entre 30 et 40 millions d’euros. « Une étude de faisabilité vient d’être lancée », explique France Buissonnet, responsable au développement économique à la mairie qui juge ces chiffres surévalués. « Les résultats de cette étude seront présentés aux Villardiens en décembre 2007 et sa construction sera de toute façon soumise à un référendum en mai 2008 ». Et de souligner que la commune ne supporterait pas seule le financement de cette ligne de 6 km qui profiterait aux habitants comme à leurs hôtes. Elle a prévu de mettre sur la table entre 8 et 10 millions d’euros, le reste de l’enveloppe étant complété par des fonds européens, ceux de l’Etat, de la Région (qui veut en faire un projet pilote), du Conseil général et enfin, des entreprises privées. A bons entendeurs ! S.C.
1-Qu’est-ce qu’un agenda 21 local ?
L’agenda 21 local est un projet de développement durable, conçu à l’échelle d’un territoire. Ce projet vise à répondre aux besoins de toute la population, avec le souci de préserver l’environnement, d’assurer l’accès de tous aux services essentiels, de développer des activités économiques soutenables. Impulsé par l’élu, il est élaboré et mis en œuvre en concertation avec les forces vives de la collectivité (collectivités, habitants, associations, entreprises, structures déconcentrés de l’Etat, réseaux de l’éducation et de la recherche…). L’agenda 21 local est issu du Sommet de la Terre (Rio, 1992) et de son programme d’action pour le 21ème siècle pour lutter contre la dégradation de la planète, la pauvreté et les inégalités.
2-La côte 2000 requalifiée
Construit dans les années 70, ce quartier est aujourd’hui en piteux état. Pour le maire, sa requalification est essentielle à la vocation touristique de la commune. « Nous devons retrouver du séjour dans ce site qui est devenu une véritable friche», déplore Jean-Pierre Bouvier qui a prévu divers aménagements pour redonner une attractivité au lieu : construction de parkings pour réduire l’emprise des voitures, implantation d’une résidence touristique de 14 000 m² avec un centre de balnéothérapie accessible aux non-résidents, installation d’une résidence touristique quatre étoile et d’un centre de congrès (en partenariat avec MGM), ouverture de nouveaux commerces.
3- Une nouvelle porte pour le domaine skiable
Pour désengorger le site de la Côte 2000 et améliorer la desserte du domaine skiable, l’équipe municipale compte sur l’ouverture d’une nouvelle porte d’accès aux Charpennes. « Il s’agira d’un accueil de jour été comme hiver, accessible uniquement par le train à crémaillère, sans aménagement de route ni de logements pour limiter l’impact sur l’environnement», assure Jean-Pierre Bouvier. Un projet dans le collimateur des associations de protection de l’environnement qui, notamment, redoutent sur place une utilisation accrue de l’enneigement artificiel.
*Trois communes françaises font partie du réseau Alpine pearls: Villard-de-Lans, Les Gets et Morzine-Avoriaz.