Réparer le vivant ou la renaturation de la vallée de la Romanche

En 2020, EDF mettait en service la centrale hydroélectrique de Gavet, dans la vallée de la Romanche, aux portes de l’Oisans. L’énergéticien s’est engagé à déconstruire les anciens ouvrages et à renaturer les espaces libérés. Sur les neuf chantiers qui découlent de cette vaste opération, trois sont terminés. Et la nature est déjà à l’œuvre.

C’est en octobre 2021 qu’EDF a officiellement lancé les travaux de son projet de restauration écologique de la Moyenne Romanche, s’échelonnant jusqu’en 2024. Ils consistent à retirer du paysage de cette vallée iséroise à l’empreinte industrielle forte, cinq barrages, cinq centrales sur six*, des conduites forcées, des canaux ou encore des bâtiments annexes rendus caducs par la nouvelle centrale de Gavet, en partie souterraine.

Leur déconstruction va libérer l’équivalent de 7,8 hectares, dont 1,2 en milieu aquatique. Ces surfaces, une fois désindustrialisées, font l’objet d’opérations de renaturation visant à restaurer la biodiversité et la fonctionnalité des milieux naturels. Elles s’inscrivent dans le cadre du label « végétal local », créé par le Conservatoire botanique national alpin (CBNA).

La centrale des Clavaux en ouverture de l’article, a aujourd’hui disparu du paysage ! ©EDF

Deux ans avant le début des travaux, EDF a ainsi missionné l’Office national des forêts pour prélever des graines et des jeunes plants dans un périmètre de 25 kilomètres autour des anciennes installations. Il s’agit principalement d’aulne, de frêne, de cornouiller, de sureau ou encore de viorne. En replantant ces essences végétales typiques de notre région, on favorise leur bonne intégration à l’écosystème local, comme on assure une meilleure stabilité écologique de la zone. C’est aussi une parade aux espèces invasives, comme la renouée du japon ou l’ambroisie.

Ce printemps, plantations et ensemencement ont été réalisés sur les surfaces libérées par la démolition des barrages des Roberts, des Clavaux et de Pierre-Eybesse, et de la centrale électrique des Clavaux. Fin juin, les résultats étaient déjà visibles avec l’enracinement des plants et le développement des premiers feuillages. Un suivi sera réalisé pendant deux saisons pour s’assurer que la nature reprend bien ses droits.

Le barrage de Pierre-Eybesse… ©EDF
Une fois le barrage de Pierre-Eybesse déconstruit ©EDF

À l’automne prochain, le chantier en cours au barrage de Rioupéroux et de la centrale des Roberts, tous deux déjà démontés, reprendra à la faveur de la baisse du niveau d’eau. Les travaux de déconstruction du barrage de l’Infernet démarreront en parallèle, pour une renaturation prévue au printemps 2023. Il restera encore à démolir la centrale de Livet et celle de Rioupéroux, ainsi que le canal éponyme, travaux prévus en 2023 et 2024.

Au terme de cette opération d’envergure, s’étirant sur dix kilomètres, l’État devrait céder les terrains aux collectivités locales qui ont plusieurs projets de valorisation. Comme la création d’une voie verte reliant Vizille à l’Oisans, portée par la communauté de communes.

Sophie Chanaron

* la centrale des Vernes, datant de 1918, est conservée car elle est classée Monument historique. Des visites guidées ont lieu tous les lundis à 14h en juillet et août. Réservation sur oisans.com

La continuité piscicole restaurée

La déconstruction des cinq barrages et de leurs seuils, qui faisaient jusqu’ici obstacle à la migration de la truite fario et du chabot, permettra aux poissons de pouvoir remonter la Romanche. Au niveau de l’ancien barrage des Clavaux, il a fallu aménager une rampe en enrochement de 150 mètres de long pour combler de façon progressive l’écart de six mètres entre la hauteur du seuil et le lit naturel de la rivière. Ces gros blocs de roches préviennent aussi le creusement du lit du torrent et l’érosion de ses berges.

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