Une page se tourne avec le départ à la retraite effectif de Bernard Prud’homme, quasiment un quart de siècle à la tête de l’office de tourisme de Chamonix-Mont-Blanc. Venu de l’OT d’Aix-les-Bains, Nicolas Durochat lui succède aux commandes de l’office de tourisme intercommunal Vallée de Chamonix-Mont-Blanc (Chamonix, Les Houches, Servoz, Argentière, Vallorcine).
Ancien guide de haute montagne, ancien président de la Compagnie des guides de Chamonix, c’est une grande figure de Chamonix -au sens propre, comme au sens figuré, l‘homme mesurant 2 mètres -, qui se retire du devant de la scène. Bernard Prud’homme était à la barre de l’office de tourisme depuis 1990. « J’y étais venu pour un an, après un stage de 6 mois auprès de Jean Brissaud, le directeur de l’époque, auprès de qui j’ai appris comment fonctionnait Chamonix », relève-t-il avec humour.
Une telle longévité à ce poste semble aujourd’hui révolue face aux enjeux qui soumettent les directeurs de ce type de structures à beaucoup de pression. De la pression, ce Chamoniard en a pourtant eu durant ce quart de siècle ! « J’ai eu 90 jours d’état de grâce« , plaisantait-il lors de l’assemblée réunie pour lui rendre hommage le 23 septembre dernier à Chamonix.
Chamonix, une destination leader
Son calme, sa sérénité d’homme de montagne, son sens de l’observation et de l’écoute, l’ont sans aucun doute aidé dans son quotidien. Il a su gagner la confiance des socio-pros et des élus. Au cours de ses deux décennies d’exercice, Chamonix s’est imposée comme une destination leader dans bien des domaines. La capitale mondiale de l’alpinisme a retrouvé son image de station de ski, s’est ouverte à différentes pratiques et à d’autres clientèles. Elle a aussi su mettre en valeur la relation très forte du client de Chamonix avec le site exceptionnel dans lequel elle s’insère. Et fait de l’environnement, un élément majeur de sa stratégie touristique, saluée fin août par le titre de Ville des Alpes 2015.
Un regret ? Peut-être ne pas avoir été nommé directeur de la station, comme son confrère de Val d’Isère, Michel Giraudy, dans les années 2000, pour pouvoir peser davantage sur les orientations à mener. Mais qu’importe, l’homme sait que l’avenir touristique de Chamonix et de sa vallée, passe plus que jamais par le numérique, et notamment les réseaux sociaux, la nature, la culture et la créativité, des domaines dans lesquels l’office de Chamonix, et depuis le 1er janvier, le tout nouvel office de tourisme intercommunal Vallée de Chamonix-Mont-Blanc, ont oeuvré.
Dans la concurrence actuelle entre les destinations, il faut encore aller plus loin, sortir des sentiers battus.
Excellence et innovation
C’est la mission de son successeur, Nicolas Durochat, à qui Bernard Prud’homme a donné les clés de la superstructure touristique intercommunale. A ce quadragénaire enthousiaste et énergique, directeur de l’OT d’Aix-les-Bains, pendant une dizaine d’années, de la piloter et de la mettre en action. « A Chamonix, on a une obligation d’excellence et d’innovation dans tout ce que l’on veut entreprendre« , nous expliquait Nicolas Durochat lors du workshop presse à Paris, le 19 septembre dernier, ajoutant que le facteur humain et les services auprès des socio-professionnels étaient les autres piliers indispensables sur lesquels appuyer son action.
Pour Nicolas Durochat, la vallée de Chamonix a tout pour séduire toutes les clientèles. « De Servoz à Vallorcine, c’est un véritable parc de loisirs à ciel ouvert, avec une nature omniprésente ». Il planche actuellement avec ses équipes sur les missions de chaque service. A l’heure des économies d’échelle et de la contraction des budgets, il entend nouer des partenariats avec les grandes marques. Dans ses projets, l’accroissement de la politique numérique, des événements pour remplir la destination en périodes plus creuses (avril, mail, début juillet), la promotion des ventes, la fixation de la clientèle des excursionnistes, en plein essor dans la vallée… « Les choses sont en route, avec dès janvier, la mise en ligne du nouveau site Internet ». Et sans doute, dans la foulée, de nouveaux produits touristiques inédits, mais compatibles avec l’âme de Chamonix.
Un beau défi que Bernard Prud’homme suivra de près, et avec bienveillance, car à 70 ans, il n’a pas l’intention de céder au farniente ! « Tant que je suis en forme, je reste actif ! Je compte créer une petite unité en conseils et en développement touristique ». Tel un sage, qu’élus, confrères et autres acteurs du tourisme viendraient consulter ? S’il n’en a pas la prétention, il en a assez bien le profil !
Sophie Chanaron