Partie intégrante de l’Alpe d’Huez Grand Domaine ski, Oz-en-Oisans s’inscrit dans une nouvelle dynamique touristique : changement de nom pour la station, évolution du contrat de la délégation de service public des remontées mécaniques, mutualisation des services et des équipes… Actumontagne a rencontré Philippe Sage, son maire depuis janvier 2021, également président du Siépaveo et de la SPL Oz-Vaujany. L’élu trace les priorités de son mandat pour que l’avenir de sa collectivité, support de l’une des plus jeunes destinations des Alpes, soit assuré.
Actumontagne : La commune a rebaptisé la station, Oz 3300. Comment la qualifieriez-vous ?
Ph.S :D’exceptionnelle ! Elle est le fruit d’une décision ambitieuse du Siépavéo*, dont les communes membres ont fait le choix, il y a plus de 30 ans, d’investir les retombées financières de l’hydroélectricité (barrage de Grand’Maison) dans un outil économique et créateur d’attractivité pour le territoire. Dite de cinquième génération, Oz 3300 est l’une des dernières stations de montagne créées dans les Alpes. Elle offre un bon équilibre entre modernité et tradition, en phase avec les attentes actuelles des vacanciers. Ses infrastructures sont à taille humaine. Elles se déploient au milieu de la forêt, autour d’un centre 100% piétonnier, gage d’une déambulation fonctionnelle et sûre pour nos hôtes, à 65% étrangers. Notre capacité d’hébergement dépasse les 5000 lits, dont 3500 chauds. Un ratio que beaucoup d’autres destinations montagne nous envient !
Le positionnement d’Oz 3300 au centre d’Alpe d’Huez Grand Domaine Ski est-il une chance ?
Une chance évidente, et une responsabilité aussi ! Je tiens ici à rappeler, même si pour les skieurs la notion de frontière n’a pas de sens, que le Pic Blanc, le Dôme des Rousses à 2800m d’altitude, la piste de La Fare ou de celle du Tunnel sont sur notre territoire communal ! Pour autant, toutes les communes formant ce domaine de 250 kilomètres de piste ont des intérêts communs. Elles sont complémentaires et non concurrentes. Face aux enjeux économiques, climatiques et sociaux, je crois qu’entre territoires de proximité, il faut tout faire pour réunir les conditions de la cohésion et agir dans l’intérêt des clients. L’Alpe d’Huez, station internationale, est une locomotive puissante à l’échelle du massif des Grandes Rousses, et même de l’Oisans. Nous bénéficions de son histoire et de sa notoriété. De même, les équipements structurants de Vaujany (remontées mécaniques, patinoire, piscine, bowling…) profitent aux touristes comme aux habitants d’Oz-en-Oisans.
Quelles sont les priorités de l’équipe municipale, renouvelée à 80% et rajeunie, qui doit composer avec une situation financière critique ?
Avec l’équipe municipale, nous avons une vision claire des priorités. La toute première est de revoir notre modèle économique. Il est à bout de souffle. En 2012, le Siépaveo a stoppé toute forme de mutualisation des investissements entre les quatre communes. Chaque commune porte désormais le financement des équipements aménagés sur son territoire. Oz-en-Oisans a ainsi récupéré près de 65% des prêts en cours. Une charge trop lourde pour notre commune de 235 administrés qui ne voient pas la station comme une chance [mais comme un fardeau]. Le mode de gestion sous forme d’affermage de la Délégation de Service Public (DSP) de notre domaine skiable, confiée à la SPL Oz-Vaujany en 2013, n’est pas assez rémunérateur pour la commune. Aussi, pour être à la hauteur de ses responsabilités à l’égard de la clientèle d’Alpe d’Huez Grand Domaine, et avoir une vision à long terme garantissant l’activité et l’emploi pour les prochaines décennies, l’équipe municipale a décidé d’opérer d’importants changements.
C’est à dire ?
Sans remettre en question la qualité du travail et l’investissement des équipes de la SPL, le conseil municipal a acté l’évolution de notre DSP, qui arrive à échéance en 2023. Elle va changer de mode de gestion et sur le long terme. Le candidat devra répondre à un cahier des charges stipulant qu’il effectue le remplacement de nos deux appareils structurants au départ de la station, l’Alpette et Poutran, verse à la commune une redevance tenant compte de l’étendue de son territoire, et enfin qu’il reprenne l’intégralité du personnel de la SPL. En septembre, nous avons également lancé une étude pour récupérer notre compétence neige, détenue par le Siépaveo. Puisque chaque commune finance ses investissements, nous voulons avoir la maîtrise des décisions.
Comment allez-vous financer vos emprunts d’ici à 2023 ?
Début 2021, la commune a vendu pour 2M€ de son patrimoine immobilier estimé à 10M€. Nous avons cédé 11 appartements et un local commercial. Nous gardons bien entendu les 50 logements pour les saisonniers, un atout précieux pour recruter, on le voit bien actuellement. Au travers de la Semdoz, bras armé de la station depuis ses débuts, la commune dispose aussi d’un patrimoine complémentaire potentiel de près de 8 M€ de chalets, à forte rentabilité. Le Plan local d’urbanisme, revu par l’équipe municipale précédente, nous permet de disposer de terrains pour construire des lits chauds, sources de retombées financières. Nous allons également mettre en place une organisation transversale pour mutualiser les compétences et les services de la mairie, de la Semdoz et de l’office du tourisme.
Quels projets touristiques avez-vous engagés ou vont l’être pour qu’Oz reste attractive ?
Outre le changement de nom de la station dont le logo sera dévoilé début 2022, nous avons engagé la rénovation de nos bâtiments communaux et de nos outils d’accueil touristique. Notre office de tourisme, dont Jacky Bossard a pris la direction, n’est pas à la hauteur d’une station classée. Les conditions de travail actuelles de la vingtaine de personnes concernées ne sont pas acceptables. Le parcours client va être modernisé et optimisé. Le parcours acrobatique forestier va être enfin rénové. Nous investissons avec le Département de l’Isère dans la course d’orientation. Enfin, un escape game personnalisé est en cours d’élaboration. Une première version devrait être opérationnelle dans le courant de la saison. À plus long terme, je vais aussi m’impliquer dans le projet de rénovation de la gare d’arrivée du Pic blanc, en suspend depuis plusieurs années. Ce belvédère à 360° dévoilant un cinquième du territoire français et classé trois étoiles au Michelin, est une véritable une pépite touristique.
Propos recueillis par Sophie Chanaron
**Syndicat intercommunal d’études et de programmation pour l’aménagement de la vallée de l’Eau d’Olle formé des communes d’Allemond, de Bourg-d’Oisans, d’Oz-en-Oisans et de Villard-Reculas
**Délégataire
Interview parue dans notre magazine Actumontagne Alpes Dauphiné 42, le 20/12/2021