Curieux mélange au 28e Salon du livre alpin à Grenoble du 15 au 17 novembre prochain ? Pas tant que ça ! Les frères Champollion et l’ancien champion du ski sont des figures d’hier et d’aujourd’hui du milieu culturel alpin, cher à Ex-Libris Dauphiné. À quelques jours de l’événement, rencontre avec Raymond Joffre, le président de l’association organisatrice, en partenariat cette année avec l’Adec, Association dauphinoise d’Égyptologie Champollion.
Actumontagne : Comment se présente cette 28e édition ?
Raymond Joffre : C’est une année extraordinaire ! Nous recevons plus d’une trentaine d’auteurs, de nombreux libraires, notre espace au sein du Palais des Sports est plein ! Des partenaires nous soutiennent, comme l’Adec, l’Association dauphinoise d’Égyptologie, Les amis du Muséum et le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes. Je constate vraiment un fort engouement cette année, sans doute en raison du thème principal, mais aussi parce que notre salon est le seul du genre, avec le Salon du livre de montagne de Passy. Une dizaine de bénévoles est mobilisée, sans oublier depuis deux éditions un duo de choc à mes côtés, Jean-Claude Gazeaud et Gilbert Merlin, respectivement directeur délégué du salon et trésorier. J’ai eu vraiment de la chance de les rencontrer, ils font un travail -bénévole- formidable !
Actumontagne : Pourquoi l’égyptologie cette année ?
Raymond Joffre : Il y a encore des Grenoblois qui ne savent que très peu de choses sur les Champollion ! Le père de Jean-François Champollion, le déchiffreur des hiéroglyphes, était colporteur de livres et originaire de Valjouffrey, petite commune montagnarde du Valbonnais. Jean-François Champollion et son frère aîné Jacques-Joseph ont vécu longtemps à Grenoble. Ils sont donc nos concitoyens. C’est Jacques-Joseph, ami du mathématicien Joseph Fourier, préfet de l’Isère, qui a transmis à son cadet de 12 ans son goût de l’archéologie. Ce dernier, dit Champollion le Jeune, a fait de nombreux séjours dans la maison de Jacques-Joseph et de sa femme Zoé Berriat, à Vif. Rachetée à la famille Champollion en 2001 par le Conseil départemental de l’Isère, cette maison a été un éphémère musée de 2004 à 2005, à l’occasion d’un congrès international d’égyptologie. Après 13 ans de fermeture, le Conseil départemental de l’Isère va rouvrir le lieu, consacré aux deux frères Champollion et à la naissance de l’égyptologie moderne. Ce 11e musée départemental devrait accueillir le public l’été prochain. Lors de l’inauguration du 28e Salon du livre alpin samedi 16 novembre à 12h, nous en saurons un peu plus sur ce très attendu Musée Champollion.
Actumontagne : L’égyptologie est un thème très porteur, pourquoi ?
Raymond Joffre : Effectivement, toutes les expositions sur l’Égypte font un tabac ! Regardez le succès cette année à Paris de Toutankhamon le Trésor du pharaon, l’exposition la plus visitée de France avec 1,4 millions de visiteurs ! À Grenoble, l’exposition Servir les dieux d’Égypte d’octobre à janvier derniers au Musée de Grenoble, a vu défiler près de 140 000 visiteurs ! Nous nous intéressons à l’Égypte antique parce que dans l’inconscient collectif, elle est le berceau de notre civilisation. Pendant le salon, notre partenaire, l’Association Dauphinoise d’Égyptologie Champollion animera des ateliers, des expositions et des conférences. Et notamment une lors des Avant-Premières du Salon, le mercredi 13 novembre, à l’auditorium du Muséum, sur deux siècles de recherche égyptologiques menées sur le site de Tanis, dans le delta du Nil. Patrice Le Guilloux, membre de la Mission française des fouilles de Tanis et directeur de l’Association d’égyptologie Imhotep évoquera notamment les nouvelles recherches entreprises depuis 2016 sur ce site archéologique qu’il rejoindra dès le lendemain de la conférence !
Actumontagne : Le salon propose aussi une animation inédite et originale toujours en amont du salon. En quoi consiste-t-elle ?
Raymond Joffre : Le 14 novembre à 14h à l’auditorium du Muséum, en effet, première dictée égyptienne (matériel fourni), en partenariat avec la Société des Écrivains Dauphinois et Les Amis du Muséum. Elle sera lue par Dany Bator, présidente du club dauphinois d’orthographe Dauphin’Ortho. Il s’agit d’une dictée pour tous sur l’Égypte, ponctuée d’une lecture théâtrale costumée sur le thème d’Alexandrie ville de Cléopâtre avec Lisette Blanc et Marcel Fakhoury.
Actumontagne : Franck Piccard, l’ancien champion olympique de ski, sera présent comme auteur et comme conférencier. Comment s’est fait la connexion ?
Raymond Joffre : Franck Piccard incarne la modernité de notre manifestation. Son livre Petites chroniques d’un champion olympique est publié par les éditions Les passionnés de bouquins. Une maison d’édition lyonnaise créée par Guillaume de Uffredi et derrière laquelle se cache une véritable saga familiale de libraires devenus éditeurs. L’éditeur a un lien privilégié avec le champion des Saisies qui a bien voulu venir au Salon du livre alpin pour évoquer le ski et l’évolution des stations de ski, avec entre autres, le défi écologique auquel elles sont confrontées aujourd’hui, un thème qui lui tient à cœur.
Actumontagne : Les jeunes lisent-ils la littérature alpine ?
Raymond Joffre : Oui. Les 25-35 ans lisent la littérature de montagne. Pour eux, elles racontent des épopées. Les éditions Paulsen-Guérin entretiennent toute la mythologie alpine, mythologie qui se renouvelle avec les nouveaux alpinistes. Les jeunes en sont friands. Ils poussent très souvent la porte de La Librairie des Alpes (ndlr : dont il est le propriétaire). Je leur vends par exemple beaucoup la première édition des Conquérants de l’Inutile de Lionel Terray, un grand classique publié par Gallimard en 1961, reprise par Guerin-Paulsen.
Propos recueillis par Sophie Chanaron