Le fameux tronçon de la RD 1212, dite route des gorges de l’Arly, entre Ugine et Flumet en Savoie, fait régulièrement la Une de l’actualité régionale.
Celle que les esprits taquins qualifient de départementale la plus chère de France et qui est surveillée en permanence par des capteurs sismiques, enchaîne en effet les chantiers de sécurisation. Celui en cours, d’envergure inégalée, lancé suite à un éboulement intervenu en février 2019 sur le secteur des Cliets, avance malgré de nombreux contretemps.
Le Département vient d’organiser pour les élus du territoire (et la presse) une visite du chantier pour faire un point sur son état d’avancement.
Aux aléas géologiques et météorologiques survenus en décembre et février derniers, s’est en effet ajouté en mars la crise sanitaire du coronavirus. Elle a obligé les entreprises à stopper le chantier pendant plusieurs semaines. Il a repris courant mai. Pour autant le Département de la Savoie annonce qu’il faudra deux mois de travaux supplémentaires pour construire le pont et percer le nouveau tunnel.
Une réouverture pour mi-février 2021 au mieux
La réouverture (provisoire) à la circulation de la route devrait intervenir aux alentours de la mi-février 2021, et non plus à la fin de l’année comme initialement prévu. Cela évidemment si aucun autre aléas ne se produit d’ici à cette date !
Le Département et les entreprises de BTP mettent le paquet sur les différentes opérations en cours préparant la construction de ces ouvrages. Les équipes travaillent 6 jours sur 7 et lors du percement du tunnel à la rentrée, trois équipes d’une trentaine de personnes (et pas davantage compte tenu de l’instabilité des lieux) vont se relayer 24h/24 et 7 jours sur 7 pour tenir les nouveaux délais.
Car cette route est effectivement cruciale pour l’économie locale et le tourisme. Franck Lombard, maire d’Ugine et vice-président du Département, pointe également la dangerosité de la déviation qui traverse sa ville et ses désagréments. Les commerces d’Ugine évaluent le manque à gagner de cette fermeture routière pour leur activité à 20% .
“La déviation du trafic routier par la départementale 109 passant par Héry-sur-Ugine (4000 à 5000 voitures par jour en saison touristique) met à mal cette dernière, obligeant à mener également des travaux de confortement sur certains de ses secteurs”, indique encore Auguste Picollet, vice-président du Département en charge des routes.
Pas de solutions miracles
Le président du Conseil départemental Hervé Gaymard a profité de l’occasion pour tordre le cou à deux solutions souvent évoquées pour régler ce point noir routier entre Savoie et Haute-Savoie. Relevant à priori du bon sens, elles traduisent pourtant une méconnaissance de la réalité du terrain, estime-t-il. Ainsi, la création d’un grand tunnel qui traverserait les gorges de part en part est totalement irréaliste. “Aucun tracé ne m’a jamais été présenté et quand bien même il existerait, il faudrait trouver des centaines de millions d’euros pour le construire et ensuite pour l’exploiter chaque année”, souligne Hervé Gaymard. “En effet sa longueur virtuelle exigerait une caserne de pompiers de chaque côté pour assurer sa sécurité”.
L’élu départemental écarte également l’idée d’un viaduc dans le lit de l’Arly. Une solution certes plus économique qu’un long tunnel, sauf que ses piliers ne résisteraient pas aux caprices de l’Arly, capable de monter en une heure de plusieurs mètres en charriant nombre de rochers et matériaux ! “La solution technique que nous avons retenue est la moins mauvaise”, affirme-t-il. Une réalisation avoisinant les 25 millions d’euros.
Sophie Chanaron