Avec des domaines skiables d’altitude, la Compagnie des Alpes, qui vient de publier ses chiffres pour le premier semestre de l’exercice 2022-2023, n’a pas souffert du manque d’enneigement. La division qui les englobe au sein du groupe diversifié dans les parcs de loisirs, la distribution et l’hébergement, a vu son chiffre d’affaires grimper de 10,7% au premier semestre 2022-2023 par rapport au premier semestre de l’exercice précédent. Il avoisine les 435 millions d’euros. Le chiffre d’affaires des remontées mécaniques progresse de plus de 10%. “Cette hausse est portée par la croissance sensible du nombre de journées-skieurs de l’ordre de +4%, alors qu’elles sont en baisse d’autant au global pour la montagne française”, souligne Dominique Thillaud, le PDG de la CDA. L’augmentation des forfaits de ski, de l’ordre de 6% en moyenne, l’opérateur ayant répercuté partiellement l’envolée de ses coûts d’électricité, a également eu un effet levier.
Si les sites de la CDA, à l’exception du Grand Massif en début de saison, ont été bien servis en neige cette saison et devraient encore proposer du ski pendant encore plusieurs décennies selon les projections d’enneigement dont l’étude ClimSnow, le groupe poursuit son engagement vert. Il s’est fixé comme objectif d’atteindre le Net Zéro Carbone en 2026 pour l’ensemble des domaines skiables, dont 100% des dameuses ont tourné avec succès au HVO, ce biocarburant issu des huiles de fritures. “Cette année, nous devrions faire même mieux que prévu en terme de réduction d’émissions de CO2”, indique le dirigeant.
+24% pour la distribution et l’hébergement
Le chiffre d’affaires de la division Distribution & Hospitality a atteint 93,8 millions d’euros au 1er semestre contre 27,6 millions d’euros pour la même période de 2021/22. Il tient compte de l’intégration de MMV, dont la CDA détient à ce jour 85% du capital. Une intégration réussie et prometteuse pour le développement des activités estivales selon le dirigeant de la filiale de la Caisse des Dépôts. Et notamment pour l’accueil des familles friandes de packages et d’activités multiples. Et de souligner le taux de satisfaction des clients à l’égard de l’hébergeur, qui s’élève à 85%, en hausse de cinq points par rapport à l’an dernier. La progression des ventes de cette division s’explique aussi par le succès des packages tout compris du Travelski Express de Travelfactory, qui bondissent de plus de 25% grâce au fort engouement de la clientèle internationale et de millennials. Rappelons qu’il s’agit de liaisons ferroviaires entre Londres et Bourg-Saint-Maurice ainsi que l’hiver dernier entre Paris et Bourg-Saint-Maurice, et Paris et Modane, commercialisées par le TO en ligne Travelski (transport + transfert + forfait de ski + hébergement).
Interrogé à Alpipro sur l’absence d’une telle offre à destination des stations du Pays du Mont-Blanc, Dominique Thillaud a tenu à rappeler que son groupe n’était pas la SNCF ! “Nous n’avons pas le volume suffisant pour justifier une telle offre commerciale : un train complet transmanche c’est 650 places. Donc nous prenons un risque financier à affréter ces trains vers la Tarentaise et la Maurienne. Un avion, ce sont des modules de 150 places, donc si on se trompe, le coût financier est beaucoup moins élevé”. Et d’inviter d’autres opérateurs à emboiter le pas à la CDA pour développer la desserte ferroviaire de nos massifs l’hiver prochain. “On n’est pas obligé d’acheter des trains complets, on peut se mettre à plusieurs mais surtout accepter de prendre un risque”.
10 engagements, 5 renoncements
En mars dernier, la CDA a présenté “sa raison d’être”, le fruit d’une démarche de co-construction transversale -avec un léger tropisme montagne-, initiée en juin 2022 impliquant ses collaborateurs permanents et saisonniers. “Nous voulons donner du sens à notre métier pour embarquer tout le monde dans nos choix et nos projets”, explique Dominique Thillaud. Quelque 50 000 contributions ont été enregistrées. A la clé, en juin prochain, la présentation de 10 engagements et 5 renoncements, expressions d’une véritable ligne de conduite opposable pour l’opérateur, puisqu’inscrite dans les statuts. “En clair, il y a des choses que nous faisions, que nous ne ferons plus”, assure l’exploitant en attente, pour certains d’entre eux, de l’accord du Conseil d’administration du groupe. “Plusieurs engagements feront l’objet d’un indicateur précis rendu public chaque année pour voir si l’on tient parole”, précise Dominique Thillaud, se défendant de faire de la communication, puisque cette fameuse raison d’être va se traduire par des actes concrets qui pourraient impliquer des pertes de chiffres d’affaires à court terme.
Les chiffres clés du 1er semestre de l’exercice 2022-2023
679 M€, en hausse de 25,4% en données publiées; +14, 4% à périmètre comparable (hors MMV) ; +10,7% pour les domaines skiables à 438M€ ; +24% pour la division Distribution & Hospitality à 93,8 M€ (avec MMV depuis le début de l’exercice dont la CDA détient 85% du capital) ; +23,9% pour les parcs de loisirs à 149M€