Souhaitant atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2037, les stations de ski françaises multiplient les initiatives « vertes » pour y parvenir. A l’Alpe d’Huez, SATA Group (l’exploitant du domaine skiable) forme ainsi ses chauffeurs de dameuses à l’éco-conduite, teste un prototype de dameuse à hydrogène, recycle les matelas de protection des remontées mécaniques et installe des panneaux solaires, entre autres mesures.
Le damage générant environ 95 % des émissions de gaz à effet de serre sur le domaine skiable, SATA Group a choisi de commander cinq dameuses à hydrogène* qui entreront en service dès l’hiver 2023-24, après une phase de développement sur un prototype cet hiver. Mais comme les dameuses thermiques resteront majoritaires – le parc se composant d’une vingtaine d’engins – les chauffeurs sont formés à l’écoconduite depuis cinq ans. « Commencer par bien régler sa dameuse permet d’éviter la surconsommation. On économise entre 30 et 40 000 litres de gasoil par an sur le domaine skiable de l’Alpe d’Huez. Au niveau de SATA Group – qui gère aussi les 2 Alpes et la Grave – cela représente presque 80 000 litres de moins par année, sur une consommation totale de 1,4 millions de litres », explique Yann Carrel, directeur des opérations de SATA Group. Soit une réduction de 5,7 %.
Toujours dans le domaine de la mobilité, trois remontées mécaniques qui relient les différents pôles de la station entre eux et Huez à l’Alpe d’Huez (les « paniers » du Télécentre, les télécabines Alpe Express et Huez Express) sont accessibles gratuitement afin d’encourager les déplacements « propres ». Les bus urbains sont également gratuit et trois engins « rétrofités hydrogène » ont été commandés : le premier prototype sera livré fin 2022 avant d’entrer en phase d’homologation en 2023 en vue d’une mise en service des trois véhicules début 2024.
Parmi les autres mesures vertes, on peut citer la collecte des vieux matelas de protection des remontées mécaniques par la société TYYNY, qui recycle leur mousse (l’empreinte écologique d’une mousse recyclée est 20 fois inférieure à celle d’une mousse neuve). Mais aussi une réduction de la pollution visuelle : 158 pylônes, 4 gares de téléskis et 52 km de câbles ont été supprimés depuis 2005, grâce à leur remplacement par des remontées plus performantes (par exemple, le Signal est aujourd’hui desservi par un télémixte, au lieu d’un télésiège et trois téléskis par le passé). Sans oublier l’installation de panneaux panneaux photovoltaïques sur certaines remontées mécaniques, afin d’assurer l’autonomie énergétique de l’électricité et du chauffage utilisés dans les chalets d’arrivée ou de départ de ces remontées. « On l’a déjà fait sur les deux gares du télémixte Marmottes 1 et les deux du télésiège débrayable du Chalvet », précise Yann Carrel. SATA Group s’est donné dix ans pour arriver à 100 % d’autonomie de production électrique pour les locaux sur les pistes (cabanes de remontées et des pisteurs), hors fonctionnement de la remontée mécanique elle-même, la puissance des panneaux n’étant pas adaptée.
Martin Léger
* Mues par des moteurs électriques de 320 kilowatts (kW) fonctionnant à l’hydrogène, ces dameuses à zéro émissions de CO2 disposent d’une autonomie de huit heures (contre quatre à cinq pour des dameuses électriques « simples » testées dans d’autres stations) et de capacités d’ascension et d’accélération semblables aux dameuses à moteur thermique.
Photo de une : Les télécabines « urbains » de l’Alpe d’Huez, comme ici l’Alpe Express, sont gratuits afin d’encourager les déplacements « propres » au sein de la station © Alpe d’Huez Tourisme
