Le col du mont Lachat, libéré de la soufflerie militaire, et probable Espace Naturel Sensible ©Luc Moreau

Au col du mont Lachat, la nature en reconquête

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Lancé le 29 mai dernier, le chantier de démantèlement de l’ancienne soufflerie militaire du col du mont Lachat, à Saint-Gervais, au sein du site classé du Mont-Blanc, a été bouclé en trois mois. Désormais, c’est à la nature de reprendre ses droits. Retour sur une opération exemplaire et fédératrice, qui pourrait inspirer d’autres collectivités de montagne, confrontées à la présence d’installations obsolètes.

Disparue l’ancienne soufflerie militaire du col du mont Lachat, qui se dressait depuis 1938 à 2017 mètres d’altitude, en bordure de la voie du Tramway du Mont-Blanc, en direction du Nid d’Aigle ! Après trois mois d’un chantier hors norme rondement mené par tous les protagonistes de l’opération de réhabilitation du col du mont Lachat, la démollition de cette « verrue », pour reprendre les mots du sous-préfet de la Haute-Savoie, Francis Bianchi, est effective depuis fin juillet. Le site a été remodelé et les sols réensemencés fin septembre. Une trentaine d’espèces autochtones, contre quatre à cinq habituellement, ont été semées afin de reconstituer des éco-systèmes plus stables et plus diversifiés, comme le conseille un programme expérimental conduit par la Société d’Economie Alpestre. D’ici deux à trois ans, la pelouse alpine aura recolonisé les lieux et fait disparaître les stigmates de cette friche industrielle qui faisait consensus contre elle.

La soufflerie du mont Lachat, un point noir en plein site protégé du Mont-Blanc © Luc Moreau

Un bâtiment sans valeur patrimoniale
Pour autant, comme l’a rappelé Jean-Marc Peillex, maire de la commune de Saint-Gervais, son propriétaire depuis 1975, le projet de son démantèlement a mis du temps à se concrétiser. Deux questions se posaient : fallait-il conserver le bâtiment en qualité de patrimoine industriel ou tout simplement le démolir ? La seconde solution l’a emporté, l’édifice militaire n’ayant pas de valeur architecturale particulière. Mais sa déconstruction a d’abord été soumise à autorisation du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, cette installation obsolète étant implantée au coeur du site classé du Mont-Blanc.
Le permis de démolition sera accordé en mars 2014 et délivré un mois plus tard. Mais avant de lancer le chantier, la commune, maître d’oeuvre, a dû s’assurer qu’à son emplacement, aucune espèce protégée n’était menacée. Missionnée sur la question, Asters a conclu à l’absence d’espèces floristiques ou faunistiques protégées sur et autour du site. L’organisme a toutefois recommandé de reduire autant que possible l’aire de chantier pour limiter les nuisances alentours.

Cérémonie de fin de chantier au col du mont Lachat

Un défi technique et humain
A une telle altitude et vu l’absence de route pour accéder au site, le chantier de réhabilitation du col du mont Lachat a été un vrai défi technique et humain. Avec l’aide logistique du Tramway du Mont Blanc, mis à disposition par la Compagnie du Mont Blanc, partenaire de l’opération, le transport des équipes sur le chantier et l’évacuation des matériaux contaminés ont été facilités. Une unité de décontamination pour l’amiante et le plomb a été installée sur place afin de les traiter avant de les redescendre. Les matériaux inertes eux, ont été broyés in-situ par l’entreprise de BTP Benedetti Guelpa pour limiter l’impact environnemental et le coût de leur enlèvement.

Les habitants ont été invités à semer eux aussi des graines lors de la cérémonie de fin de chantier

Une quinzaine de partenaires impliqués

Pour que cette opération d’un million d’euros TTC passe du projet à la réalisation, il aura fallu l’engagement humain et financier d’une quinzaine de partenaires aux intérêts parfois divergents : Département de la Haute-Savoie, le plus gros contributeur (520 000€), les services de l’Etat (la DREAL – 15 000€), l’Espace Mont-Blanc (10 000€), la Cie du Mont-Blanc (200 000€), les associations de protection de l’environnement, le WWF en tête, qui, par le biais du Pandathlon, a levé 120 000€. La commune de Saint-Gervais a préfinancé la TVA qui lui sera remboursée en 2016 dans le cadre du fonds de compensation de la TVA.
Exceptionnelle et hors norme, la requalification du col du mont Lachat devrait servir de modèle à d’autres communes, où des friches industrielles polluent la montagne. Bernard Marclay, délégué international de Mountain Wilderness France, présent lors de cérémonie de clôture du chantier de réhabilitation, le 3 octobre dernier, a indiqué que son association a identifié une trentaine d’installations obsolètes de même envergure à démanteler en France.

Sophie Chanaron

 

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