Alors que les mois de novembre 2023 et mars 2024 ont été particulièrement arrosés, les cumuls de neige en haute altitude sont actuellement « très excédentaires » selon Météo France dans les Alpes, notamment côté Alpes du Sud. Pour autant, ce constat ne doit pas en cacher un autre : cet hiver est le troisième hiver le plus chaud depuis le début des relevés, en 1900. On retiendra notamment une douceur « jamais mesurée » cet automne et « un épisode de douceur très marqué en février« . Mars 2024 a aussi été caractérisé par un épisode de grande douceur durable en milieu de mois et par un ensoleillement en baisse de 15 à 30 % sur toute la France.
Une douceur très marquée en février
Avec une température moyenne en hausse de 2 °C par rapport à la période 1991–2020 au niveau national, l’hiver 2023–2024 (de décembre à fin février) se classe au 3e rang des hivers les plus chauds depuis le début des mesures en 1900, derrière l’hiver 2020 (+ 2,3 °C) et l’hiver 2016 (+ 2,1 °C).
Seul un épisode hivernal du 8 au 20 janvier aura perturbé ce long automne. La douceur s’est ensuite installée durablement. Avec une anomalie de + 3,6 °C à l’échelle du mois, février 2024 est le deuxième mois de février le plus chaud jamais enregistré à l’échelle du pays, derrière février 1990 (+ 4 °C).
Une conséquence du changement climatique
Selon Météo France, la hausse des températures liée au changement climatique entraîne un raccourcissement de la saison hivernale. Les hivers sont globalement moins froids qu’auparavant, les gelées et la neige en plaine deviennent de plus en plus rares. Pour autant, des périodes de froid intense restent possibles. On a ainsi relevé jusqu’à -14,7 °C à Arras (62) le 19 janvier, un record absolu de froid pour cette station ouverte en 1986.
Dans les massifs, l’état de l’enneigement a été déficitaire cet hiver, voire quasi nul, en basses et moyennes montagnes (Vosges, Jura, Massif central, Corse et Pyrénées). Dans les Alpes, la succession d’épisodes perturbés, associés à une limite pluie-neige oscillant entre moyenne et haute altitude, a entraîné un enneigement déficitaire à basse altitude, mais excédentaire en haute montagne.
D’importants cumuls en altitude
Doux (+1,6°) et arrosé (+85% de précipitations), le mois de mars ne déroge pas à la tendance de l’hiver. Dans les Alpes, et en particulier dans les Alpes du Sud, la succession d’épisodes perturbés a entraîné de fortes chutes de neige en montagne, où l’enneigement est aujourd’hui très excédentaire pour la saison. On mesure ainsi actuellement près de 4 m de neige à la station de Bellecôte en Vanoise (3000 m d’altitude), 1,5 m à La Meije, dans les Écrins (3100 m), et 2,5 m de neige dans le Mercantour. Ainsi à Bourg-Saint-Maurice (Savoie), le mois de mars a connu une hausse des précipitations de 192% selon le site Infoclimat. À Embrun (Hautes-Alpes), la hausse est de 75%.
En stations, un impact différent selon l’altitude
En stations de ski, si l’enneigement est encore plutôt bon, il est toutefois légèrement en retrait par rapport à la moyenne des 20 dernières années selon les données de Météo France. Ainsi, en mars de 2024, il était de 85 cm en moyenne sur les stations françaises, contre 89 cm les 20 années précédentes. Il augmente toutefois de 21% à Bonneval-sur-Arc, tandis qu’il baisse de 50% à Flaine. C’est surtout au-dessus de 2500 m à 3000 m que la neige est tombée en grande quantité.
Dans quasiment toutes les stations, mars a été le mois le mieux enneigé de la saison. En dessous de 1500 mètres, l’enneigement aura été faible tout au long de la saison. Au regard de la courbe ci-dessous, la saison 2023-2024 semble même être une saison tout à fait moyenne en matière d’enneigement. Elle est toutefois meilleure que les deux saisons précédentes.
