5 questions à Jean-Marie Martin, pdg de la Sem Vallloire

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La haute saison hivernale bat son plein à Valloire, où la fréquentation du domaine skiable a retrouvé des niveaux d’avant-crise. La clientèle est bel et bien au rendez-vous, confirmant que l’appétence pour le ski est toujours d’actualité ! Rassurant pour la Sem Valloire, qui finalise son business plan à dix ans, en vue d’envisager la mutation du modèle touristique de la destination de Maurienne, déjà amorcée, avec sérénité.

La saison d’hiver 2021-2022 semble très prometteuse pour les stations, en particulier celles dont la clientèle est majoritairement française, comme Valloire. Vous confirmez ?
Jean-Marie Martin : Nous n’avons pas été affectés par la déferlante Omicron comme ont pu l’être d’autres destinations montagne alpines plus dépendantes de la clientèle britannique. À Valloire, 90% de notre clientèle est française. Elle répond présent depuis le début de l’hiver. Cette saison, nous redécouvrons le marketing comme Monsieur Jourdain la prose ! Quand on fait un bon produit et qu’on le vend bien, ça marche ! Grâce à l’entretien et à l’amélioration du domaine skiable menés depuis près de 10 ans par la Sem, grâce à l’essor de la neige de culture et à la modernisation de nos remontées mécaniques, ainsi qu’à une commercialisation offensive et favorable au client, portée par la centrale de réservation et l’office de tourisme, Valloire performe et même sur-performe !

Avez-vous quelques chiffres à nous donner ?
J-M.M. : Au 14 janvier, nos ventes cumulées, par rapport à la même période du dernier exercice en date, celui de 2018-2019, étaient en hausse de 4%, un chiffre corrigé des augmentations tarifaires. Alors certes, il y a une très forte appétence pour le ski alpin après la saison blanche de 2021 et sans doute que certains ont préféré rester en France en raison du contexte sanitaire, mais globalement, nous sommes sur une bonne trajectoire. Les taux de remplissage de la station sont excellents. Pour ces vacances de février, le taux d’occupation des hébergements marchands avoisine les 70%, identique à la dernière saison complète -et record-, celle de 2018-2019. Un chiffre qui pourrait encore grimper car cet hiver, il y a un gros volume de réservations de dernière minute en lien avec l’évolution de la pandémie.

Vous travaillez à votre business plan à dix ans visant à optimiser le domaine skiable et à intensifier, grâce aux retombées économiques qu’il génère, l’avenir de la destination. Quelles sont ses grandes lignes ?
J-M.M. : Aujourd’hui, trois scénarios se dégagent. Nous les avons fait auditer par un consortium indépendant réunissant pour la partie comptable, KPMG et Lexcase, et pour la partie marketing et commerciale, CIME et G2A. Le premier scénario démontre que malgré l’impact de deux années Covid sur notre capacité d’autofinancement et sans mise en œuvre d’un outil financier, la Sem Valloire est capable d’entretenir le domaine skiable actuel. Dont le renouvellement de la télécabine de la Sétaz l’année prochaine (16M€). Inconvénient majeur de ce scénario : il ne prépare pas l’avenir. Les deux autres versions, qui prévoient pour l’une, une augmentation de capital, pour l’autre une augmentation de la dette, sont plus ambitieuses sur le fond.

C’est à dire ?
J-M.M. : Pour des questions environnementales et économiques, nous voulons opérer la fameuse translation du domaine skiable, c’est à dire la remontée de celui-ci en altitude entre 2200 et 2900 mètres, avec l’aménagement d’une remontée mécanique entre la Sétaz et le Crey du Quart (NDLR : une UTN qui dépend de l’aboutissement du SCoT Maurienne actuellement au contentieux). En même temps, nous abandonnerions un secteur en basse altitude de superficie équivalente non exposé au nord. Dans ce business plan, nous sommes aussi plus ambitieux dans la diversification hors-ski et ludique, sans pour autant faire les jeux du cirque ou du Disneyland. Les aménagements prévus sont raisonnables et génèrent un retour sur investissement entre 6 et 12 ans. Notre philosophie sur la Sem est la suivante : elle est un outil au service de la commune de Valloire, son actionnaire majoritaire, et s’assure que ce soit le client qui finance les aménagements touristiques et non le contribuable.

Valloire dans son écrin blanc ©B.Grange

Vos actionnaires actuels, dont SSIT, société d’économie mixte du Département de la Savoie, et la commune de Valloire, vous suivent-ils sur l’augmentation de capital ?
J-M.M. : Nous l’avons fixée à 2,5M€, ce qui reste raisonnable. Il y a une grande convergence de vue avec Hervé Gaymard, président directeur général de Savoie Stations Ingénierie Touristique (SSIT) sur les alternatives qui s’offrent à nous, dont l’augmentation de capital. Idem avec le maire de Valloire Jean-Pierre Rougeaux. Nous avons des partenaires bancaires qui seraient prêts à entrer au tour de table, aux côtés de nos banques historiques. Pour que la commune ne soit pas diluée dans le capital, elle apporterait en nature la base de loisirs que la Sem exploite déjà. Nous étudions actuellement tous les scénarios avec nos actionnaires, nos partenaires et nos conseils pour un choix d’orientation et sa mise en œuvre d’ici à la fin de l’année.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

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