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Une affaire de famille

Ancienne ferme transformée dans les années 60 en restaurant, l’hôtel du Golf, à Corrençon-en-Vercors, est aujourd’hui un trois étoiles réputé, apprécié des golfeurs et des skieurs. Il est dirigé par la même famille depuis le départ. Sous la houlette de la troisième génération aux commandes, il a été entièrement rénové et agrandi. Retour sur une saga familiale comme il y en existe de moins en moins en montagne.

En 1963, Eva et René Sauvajon décident de parier sur l’essor des sports d’hiver en transformant leur ferme en restaurant. La station de Corrençon-en-Vercors vient tout juste d’inaugurer son premier télésiège. Les bons petits plats d’Eva font très vite la réputation du « Bois fleuri » qui devient une table fréquentée hiver comme été, par les touristes isérois ou drômois. Vingt-cinq ans plus tard, en 1988, leur fils Gérard, exploitant forestier et maire du village, reprend à son compte le projet de golf public envisagé deux ans plus tôt par la communauté de communes du Vercors, mais abandonné.
Avec des habitants du village, il aménage dans les champs voisins de l’établissement familial, un parcours de neuf trous. Un équipement osé en montagne qui s’accompagne de la transformation du Bois fleuri en établissement hôtelier, l’hôtel du Golf.
Deux ans plus tard, neuf trous supplémentaires complètent le parcours dessiné par l’architecte Hugues Lambert, et très apprécié des connaisseurs. Parallèlement, l’ancienne bâtisse familiale est devenue un trois étoiles réputé. L’hiver, les skieurs constituent l’essentiel de sa clientèle, les fanas de la petite balle ronde prenant le relais dès les greens accessibles.  Les uns comme les autres plébiscitent cette maison où l’accueil chaleureux n’est pas un vain mot. L’ambiance qui y règne contribue à son charme. Les grands-parents, les parents mais aussi les petits-enfants, en l’occurrence les enfants de Gérard, Sandra, Richard et John, participent à l’activité de l’hôtel. Lorsqu’ils ne fréquentent pas les bancs de l’école, ils donnent un coup de main, ici à la plonge, là au ménage ou au standard.

La 3e génération aux commandes

Alors quand en 1995, Gérard décide de se mettre en retrait, trop pris par sa charge de maire et par son métier de forestier, Sandra et Richard décident de prendre les rênes de l’hôtel du Golf. Ils n’ont que 21 et 22 ans mais un dynamisme à toute épreuve. Parfaitement complémentaires, le frère et la sœur s’appliquent à faire reconnaître leur maison, et notamment sa table, par les critiques gastronomiques et autres guides spécialisés. Le Gault et Millau la remarque et lui octroie une note de 13/20. Passionné de vin, Richard concocte une cave qui n’a pas d’équivalent à la ronde. Elle abrite quelque 250 crus, certains fameux, d’autres beaucoup moins, débusqués par le maître des lieux et qui valent le détour…
L’affaire se développe bien, les clients affluent. Parmi eux, un nombre important d’habitués dont certains sont devenus des amis de la famille.

De la grand-mère au benjamin, tout le monde met la main à la pâte pour les travaux

 

En 2004, pour ne pas s’endormir sur leurs lauriers et parce que les exigences de la clientèle évoluent, Sandra et Richard décident de moderniser et d’agrandir leur affaire. Au printemps dernier, les cuisines sont installées dans un nouveau bâtiment adjacent. Le chef et sa brigade, disposent ainsi de plus de place pour mitonner une cuisine du terroir qui ne s’interdit pas des escapades du côté de la mer.
Les salles à manger, le salon, le bar sont eux aussi entièrement réaménagés et re-décorés, sous l’œil attentif de Sandra. L’été dernier, dix nouvelles chambres, dont six suites, voient le jour dans un nouveau bâtiment en ossature bois. Cet hiver, cerise sur le gâteau, un espace bien-être avec jacuzzi et sauna est créé. Derrière ces importants investissements -1,4 millions d’euros- il y a John, le benjamin des enfants Sauvajon, ébéniste, compagnon du tour de France, revenu sur le plateau du Vercors en 2003. « C’est lui qui a construit le bâtiment à partir du bois de notre père », explique Sandra. «Il a aussi fabriqué le mobilier des nouvelles chambres. C’est vraiment un projet mené à trois qui signe le retour de John à nos côtés». En passant commande à leur petit frère de leurs travaux d’extension, ils donnent un sérieux coup de pouce à sa jeune entreprise en lui confiant son premier projet d’envergure. Cette belle signature ouvre incontestablement des portes aux talents de John et de son équipe. Oui décidément, l’hôtel du Golf est une affaire de famille animé par un véritable esprit de famille.
Sophie Chanaron

Des chambres où règne le bois d’épicéa lui aussi d’origine familial

 

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