Les domaines skiables entre inquiétude et nouvelles opportunités

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Réunis à Grenoble pour leur congrès annuel, les exploitants des domaines skiables français serrent les rangs en prévision de l’hiver prochain et tenter de limiter la casse après un hiver 2020 où les journées-skieurs ont accusé une baisse de 16% suite à la fermeture anticipée et les recettes -14%.

Caroline Leboucher, directrice générale d’Atout France ©DSF 2020

À deux mois et demi du coup d’envoi de la saison, les membres de Domaines Skiables de France et leurs invités (hébergeurs, élus, équipementiers) reconnaissent que les signaux ne sont pas très optimistes. Sur la base d’un panel de 600 professionnels, le cabinet G2A prévoit une baisse moyenne de l’activité de 20% pour les TO et les distributeurs, et de 26% pour les hébergeurs et les producteurs. Les trois quart des sondés n’imaginent pas que la reprise de l’activité puisse intervenir avant 11 à 24 mois. Elle dépendra évidemment du retour de la clientèle internationale qui représente en moyenne 28% des vacanciers l’hiver, mais jusqu’à plus de 70% dans certaines destinations à certaines périodes… De gros hébergeurs très tournés vers les marchés lointains n’excluent pas de laisser fermer les établissements à la clientèle très internationale et peu adaptés aux règles de distanciation.

Plusieurs équipementiers ont tenu salon pendant le congrès qui a aussi accueilli le COLJOG (Conservatoire, Observatoire, Laboratoire des JO de Grenoble 68) et sa mascotte Schuss ©DSF

Concentration sur le marché domestique

Alors comme pour l’été dernier, c’est vers l’Hexagone que les opérateurs se retournent, espérant attirer en altitude les tricolores. Et tout d’abord les CSP+ qui habituellement préfèrent la douceur des destinations soleil lointaines. Seuls 8% des Français vont au ski au moins tous les deux ans (contre 35% pour les Suisses). “Il y a donc 92% de Français à aller conquérir ensemble, et notamment les first-timers en plus de certaines clientèles européennes captives”, estime Caroline Boucher, la directrice d’Atout France.
La situation semble en effet pour l’instant compromise avec les Britanniques, premiers clients des stations alpines. Depuis le 15 août, le Royaume-Uni impose une quatorzaine obligatoire pour les retours de France qui devraient freiner l’envie d’aller au ski de ses ressortissants. Du côté des Belges francophones, la situation est plus favorable. Les réservations sont inférieures de seulement 10 points à celles de l’an dernier à la même époque. “Toutefois la Belgique a placé en rouge le département de l’Isère, imposant test et septaine au retour”, alerte la directrice d’Atout France. Une catégorisation qui peut encore évoluer dans le bon sens si les nouvelles restrictions prises ces derniers jours pour endiguer la reprise de l’épidémie de Covid-19 produisent leurs effets.

Les locaux vont pouvoir se réapproprier les domaines skiables !

La tendance est plus incertaine pour les Belges néerlandophones, clients très appréciés des stations françaises. Leurs réservations restent en berne pour l’instant. Enfin, concernant les Pays-Bas, notre troisième marché émetteur, les TO observent jusqu’à 50% de retard dans les réservations par rapport à 2019. “Ils feront sans doute des réservations d’ultra dernière minute, avec une clientèle qui voyagera prioritairement en voiture, comme cela a été le cas cet été”, indique la directrice d’Atout France. Les après-ski très encadrés en Autriche l’hiver prochain pourraient aussi inciter les Hollandais choisissant habituellement notre principal concurrent, à venir passer chez nous leurs vacances à la neige…

Émilie Bonnivard, députée de la Savoie et rapporteure du budget tourisme à l’Assemblée nationale ©DSF

L’Espagne, la Lombardie en Italie ou encore la Scandinavie pourraient aussi offrir des opportunités via des communications très ciblées. Émilie Bonnivard, députée de la Savoie et rapporteure du budget pour le tourisme à l’Assemblée nationale, plaide pour des accords bilatéraux avec les plus gros marchés émetteurs à défaut d’un accord au niveau de l’Union européenne. “Cette crise nous oblige tous à trouver de nouvelles solutions, à faire preuve de créativité et à transformer nos faiblesses en force”, explique l’élue de Maurienne. Pour elle, dire aux habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes qu’ils vont pouvoir se réapproprier leurs domaines skiables sur le modèle de la communication du Louvres cet été, pourrait être un argument convainquant.

Protocole sanitaire et flexibilité commerciale

Mais avant la communication sur les produits, il faut rassurer sur l’aspect sanitaire. Coordonnés par le préfet de Savoie, les opérateurs (hébergeurs, exploitants, transporteurs, moniteurs, commerçants…) planchent collectivement à l’élaboration d’un protocole sanitaire capable de rassurer les clients. “L’infographie sur le parcours client déjà diffusée sur les réseaux sociaux en plusieurs langues a été très appréciée par les TO et le grand public parce qu’elle montre qu’il y a un collectif et que les acteurs sont orientés clients”, a ajouté Caroline Leboucher.

Yves Dimier, président de la commision communication et économie de DSF et directeur de Val Cenis ©DSF 2020


De même, la flexibilité commerciale avec des conditions de réservations et d’annulation assouplies pour encourager les réservations en amont, est un autre axe de travail. Quid du levier des tarifs ? Il pourrait inciter la clientèle de proximité des grands bassins urbains d’Auvergne-Rhône-Alpes à chausser ou rechausser les skis. Pour rappel, un Grenoblois ou un Chambérien sur deux ne skie pas ou plus. “Nos stations offrent déjà des prix attractifs pouvant satisfaire tous les types de clientèles, y compris de proximité”, estime Yves Dimier, président de la commission communication à DSF et directeur de Val Cenis. Une station qui a été la première à lancer la tarification dynamique, synonyme de bons plans pour qui réserve tôt. “Mais le prix n’est pas tout pour le client aujourd’hui. Nous allons faire en sorte de le rassurer sur son parcours sécurisé en station, mais aussi lui promettre que même au pic de la saison en février, il disposera sur les pistes de plus de 100 m² par skieur”. La promesse de grands espaces a été le tube de l’été. Bis repetita cet hiver ?

Les chiffres clés de DSF
250 stations
1,4 milliard d’euros de recettes annuelles en 2019, 1,2 MRD € en 2020
53,4 millions de journées-skieurs en 2019, 45 millions en 2020 en raison du Covid-19
18 000 emplois directs

Alexandre Maulin et Jean-Yves Rémy, respectivement président et trésorier de DSF, partenaire financier majeur de la Fédération française de ski, ont remis à Michel Vion un chèque de près de 757 000€, en présence de Laurent Wauquiez, président du Conseil Régional AURA et Anne Marty, présidente déléguée DSF

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