Les enseignements du Summer Debrief 2022

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Exit donc le Mountain Debrief organisé chaque mois de septembre depuis 2015 par l’Union Sport & Cycle (USC) pour dresser le bilan estival du secteur du sport et des loisirs dans les stations d’altitude. Place au Summer Debrief, séquence 100% digitale, couvrant désormais aussi le littoral, en partenariat avec Outdoor Sport Valley (OSV), Eurosima (le cluster de la filière surf) et la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes. Si le format web est moins convivial que le présentiel, à l’heure de la sobriété tout azimut, il permet de s’affranchir des distances et de faire gagner du temps aux acteurs d’une filière qui pèse 12 milliards de chiffre d’affaires cumulés !

Un été 2022 dans la lignée de 2021

On retiendra de ce rendez-vous, la confirmation que l’été 2022 a été un bon cru en France, grâce à une fréquentation record, boostée par le retour de la clientèle internationale, à 78% européenne. Encouragés par un euro au plus bas face au dollar depuis 2002, les nord-Américains ont à nouveau plébiscité l’Hexagone, compensant l’absence des Asiatiques et des Russes. Selon ADN Tourisme, 9 Français sur 10 ont également choisi de ne pas franchir les frontières pour leurs « grandes vacances », faisant ainsi leur part pour que la France conserve son rang de première destination mondiale en terme de visiteurs. « Les dépenses internationales en France restent néanmoins en retrait de 2% par rapport à 2019 », indique Hugo Alvarez d’Atout France, précisant qu’en année normale, elles avoisinent les 15 millards d’euros. Même orientation à la baisse pour les dépenses domestiques. Certains ménages français ont clairement opéré des arbitrages face à la hausse des coûts de transport et de l’hébergement, au détriment des activités et de la restauration.
« La montagne s’en est tout de même bien sortie cet été, avec un taux d’occupation global de 61,5%, identique à l’exercice précédent, qui était excellent », résume Patrick Provost, maire de Saint-François-Longchamps et président de l’Observatoire de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM). Entre 2019 et 2021, le taux d’occupation estival en station a progressé de 10%. « La destination a retrouvé sa clientèle estivale habituelle », analyse l’élu de Maurienne. « La crise sanitaire avait par exemple fait affluer en altitude de nombreux propriétaires de résidences secondaires les deux derniers étés. Nous n’avons pas observé de mouvement dans les mêmes proportions en 2022 ».

La canicule perturbe les pratiques outdoor

Cependant, si la météo a favorisé la fréquentation globale, il n’y a pas eu d’effet canicule comme en 2019, avec un afflux de clientèle supplémentaire venant chercher le frais en montagne. Beaucoup de professionnels l’escomptaient en amont de la saison d’été où les fortes chaleur étaient annoncées. Pour Benjamin Thaller, directeur exécutif de OSV, certaines activités outdoor dans les massifs ont même pâti des températures caniculaires et de leurs conséquences. « La canicule peut aussi avoir des impacts négatifs en montagne », remarque-t-il. « La fermeture des accès de certains secteurs forestiers ou de refuge au mont-Blanc, a par exemple pesé défavorablement sur la pratique du VTT et de l’alpinisme ». 60% des écoles MCF estiment que leur activité a été affecté par la canicule. Fin août, L’Agence Savoie Mont-Blanc et Isère Attractivité avaient déjà souligné ce phénomène, constaté également sur le littoral et dans l’arrière-pays en lien avec les nombreux incendies.

La cote du vélo grimpe encore

L’activité des magasins de sport de montagne, qui réalisent 15% de leur chiffre d’affaires l’été, a reculé de 2% par rapport à 2021, une année exceptionnelle, rappelons-le. Par rapport à 2019, leurs ventent ont augmenté de 16%. « La location de vélo représente désormais 30% du chiffre d’affaires été des commerces de stations de montagne », relève Elodie Beaumont, directrice Intersport au Grand-Bornand, porte-parole des activités touristiques en été de l’USC. Un pourcentage qui aurait sans doute pu être encore plus élevé, si les loueurs avaient pu répondre à la demande. Mais en raison de la pénurie mondiale de vélos, ils n’ont pu accroître leur parc d’engins, sauf à la marge, en faisant appel à des confrères moins sous tension. L’engouement massif des vacanciers pour le deux-roues, notamment à assistance électrique, s’est vérifié du côté des écoles de vélo. Les structures MCF ont ainsi enregistré une hausse de 41% de leur chiffre d’affaires par rapport à l’été 2021 (+46% 46% par rapport à 2019).
Le Plan vélo 2023 de 250 M€ du Gouvernement (200M€ pour les infrastructures cyclables, 50M€ pour le stationnement et la sécurité) devrait encore donner un sérieux coup de fouet à ce nouvel art de vivre . Si ce programme vise à encourager la mobilité décarbonée au quotidien des Français, il va favoriser l’essor du tourisme sportif, générateur de retombées économiques pour les territoires. Elisabeth Borne, la Première ministre, a d’ailleurs déclaré à l’occasion de sa présentation, qu’elle voulait faire de la France la destination vélotourisme numéro 1 dans le monde en 2030.

Les beaux jours du tourisme sportif

Une bonne nouvelle pour les adhérents de l’Union Sport et Cycle qui attendent beaucoup du développement du tourisme sportif. Dans le cadre de l’étude qu’elle réalise chaque année pour le compte des Villes actives et sportives, intitulée Sport dans la ville, l’organisation professionnelle a fait pour la première fois un focus sur la perception du tourisme sportif dans l’esprit des Français. Ainsi, trois Français sur quatre apprécient d’avoir des sites de pratique sportives à proximité de leur lieu de vacances. « Cela est même indispensable pour 17% des personnes sondées », souligne Virgil Caillet, délégué général de l’USC. Pour 67% des Français, les vacances signifient pratiquer une activité physique et sportive. « Un taux encore plus élevés chez les jeunes (77%) ».
L’étude de l’USC fait émerger trois groupes d’activités. Un premier autour de la randonnée pédestre, le vélo et la natation/baignade, un second sur les sports outdoor, comme les parcours aériens dans les arbres et l’escalade, et un troisième, dans un registre plus « slow, » comme la pêche et la pétanque. « Tous les territoires pourraient donc profiter de l’essor du tourisme sportif », analyse Virgil Caillet, pointant par ailleurs l’intérêt croissant de l’itinérance à pied et à vélo. Deux chiffres prometteurs sur cette forme de découverte pour les destinations touristiques tricolores : 10% des Français déclarent avoir pratiqué du sport en itinérance durant leurs dernières vacances et 14% des Français déclarent vouloir faire un séjour sportif en itinérance à pied ou à vélo.

Tourisme sportif et environnement
De quoi participer au verdissement du tourisme sportif, objectif affiché par l’UCS lors de ce Summer Debrief 2022 avec une table ronde dédiée. Les grands événements sportifs, qui drainent beaucoup de monde, ont fait beaucoup d’effort dans ce domaine. L’UTMB® Mont-Blanc, référence mondiale du trail, a créé une commission environnement dès 2006. Chaque année, ses organisateurs renforcent les mesures en la matière : limitation du nombre de coureurs, suppression du plastique, plan de transport en commun musclé, ramassage des déchets avant et après les courses, signalisation aux coureurs des zones fragiles où l’utilisation des bâtons est interdite, opération de collecte de vêtements de sport outdoor en partenariat avec Campsider (plateforme dédiée au matériel de seconde main)… L’économie circulaire, la location de matériel plutôt que l’achat de produits neufs sont des tendances lourdes au sein de la filière, grandes enseignes en tête. Décathlon s’est ainsi lancé cet été sur le marché de la location de matériel de camping.
« Le développement des activités sportives et physiques permet de répartir les vacanciers sur le territoire et d’éviter les problèmes de concentration (voire de surfréquentation) « , assure Caroline Mignon, présidente d’Acteurs du Tourisme Durable (ATD), rappelant que c’est bien l’acheminement en véhicules thermiques des vacanciers vers les lieux de séjours et de pratique qui génère plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre du touristique. D’où la nécessité d’agir plus fortement sur la décarbonation des transports en favorisant la mobilité ferroviaire promise à un bel avenir !

Photo de Une : Brice Blancard et Pierre-Yves Hormant de l’USC

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