La première et dernière fois que la France a été hôte des championnats du monde de parapente de distance, c’était en 1991, à Dignes-les-Bains. Trente-deux ans plus tard, pour leur 18e édition, ils reviennent enfin sur notre territoire et plus spécifiquement en Savoie Mont Blanc. Un retour aux sources ou presque, puisque le parapente est né à la fin des années 70 à Mieussy en Haute-Savoie ! « Depuis 2010, nous travaillions à leur retour en France et en Savoie », souligne Philippe Roea, président d’Air Evénement, l’association organisatrice de l’événement, avec le soutien de la Fédération Française de Vol Libre (FFVL). « Il y a eu un alignement de planètes ! ».
Chamoux-sur-Gelon base de vie et d’animations
Du 20 mai au 3 juin prochains, la commune de Chamoux-sur-Gelon, au carrefour de la Combe de Savoie, la chaîne de Belledonne et la vallée de la Maurienne, entre Chambéry et Albertville, accueille la base de vie de ces mondiaux 2023. Ils mobilisent plus d’une centaine de bénévoles et vont faire briller l’élite mondiale du parapente dans le ciel de Savoie Mont-Blanc. Aux côtés des organisateurs, des partenaires financiers publics comme la communauté de communes Cœur de Savoie, l’Agence Savoie Mont Blanc, le département de la Savoie et la Région Auvergne Rhône-Alpes, et aussi des partenaires privés, dont France Cars, Cerfrance, la Banque de Savoie ou encore Sybelles.ski.
QG des pilotes et lieu des retransmissions en direct de la compétition avec écran géant, la base de vie sera également le théâtre de nombreuses activités à destination du grand public, en parallèle des épreuves sportives : découverte du parapente avec de l’initiation (gonflage de voile)et des baptêmes bi-places, mais aussi découverte du boomerang et du cerf-volant, autres disciplines encadrées par la Fédération Française de Vol Libre (FFVL) ; des vols immersifs sont proposés pour ceux qui veulent s’envoyer dans les airs sans quitter le plancher des vaches ! Au menu également, des jeux pour enfants, de la slackline, une chasse aux trésors, de la restauration autour des produits du terroir… Six soirées festives avec concerts et DJ sont également programmées les 20, 26, 27 28 mai, et les 2 et 3 juin (entrée payante ces jours-là). 60 000 spectateurs sont attendus sur la quinzaine.
Le parapente de distance, c’est quoi ?
Il s’agit de l’épreuve reine du vol libre, qui compte par ailleurs le parapente acrobatique, le vol de pente (saoring), le vol rando et de plus en plus tendance, la marche et le vol (endurance). Egalement dénommée cross (paragliding), le parapente de distance consiste en une course de vitesse longue distance. Les pilotes s’affrontent chaque jour sur des manches comprises entre 40 et 150 kms, sous réserve de conditions météo ad hoc (3 à 4 heures de vol en moyenne). À, haut niveau, ce type de vol requiert beaucoup de technique, une bonne connaissance du milieu et des éléments, ainsi qu’un véritable sens tactique et un fort engagement physique. Pour les championnats du monde, l’esprit d’équipe est aussi très important, les organisateurs parlant même de sport collectif.
La France parmi les nations favorites
Du 20 mai au 3 juin, la compétition va accueillir 150 pilotes, soit le maximum possible. Ils représentent une cinquantaine de nations. Parmi elles et c’est une première, le Vietnam dont l’un des pilotes est parvenu à se qualifier pour disputer ces mondiaux. Les parapentistes tricolores font partie des favoris. L’équipe de France, 2e aux derniers championnats d’Europe, sera formée de six pilotes sélectionnés par un comité composé de Julien Garcia, entraîneur de l’équipe de France, Yves Goueslain, directeur technique national, Eric Pulsiol, président de la commission compétition et Thomas Sénac, président du comité national parapente : Meryl Delferrière, Constance Mettetal, Luc Armant, Honorin Hamard, Baptiste Lambert, Maxime Pinot, et deux remplaçants.
Au début de l’épreuve, trois athlètes, deux garçons, une fille, seront désignés pour marquer pour l’équipe. Les autres, qui participent pour le classement open, auront un rôle important à jouer en terme d’informations à leur communiquer. « Le parapente, c’est du collectif et de l’individuel. Quand on vole à plusieurs, on améliore ses performances. Il y a beaucoup de collectif, on prend soin des uns et des autres », explique Jean-Louis Coste, le président de la FFVL.
Honorin Hamard, en tête de la coupe du monde de la discipline actuellement, vise à nouveau le titre individuel homme, qu’il a décroché en 2015. Méryl Delferrière, meilleure pilote féminine au monde, a aussi ses chances chez les filles. Les spécialistes disent que cette Annecienne de 25 ans, aurait même les capacités de s’imposer au général, femmes et hommes confondus. Ce serait la cerise sur le gâteau si cela arrivait dans un mois à domicile ! « La France a la grosse pression, en tant que nation organisatrice, mais aussi en matière de résultats puisque l’objectif numéro 1 est d’aller chercher le titre par équipe, et de viser les podiums individuels », souligne Philippe Roea.
Trois départements, 8 territoires survolés
Chaque jour, suivant les conditions météorologiques, le directeur de l’épreuve, en concertation avec son équipe, décidera de la manche du jour à réaliser (11 sont prévues au total), en évitant les bulles de quiétudes (zones de nidification des rapaces sensibles sur le territoire). Les pilotes sont amenés sur le lieu de décollage, suivra le briefing avec notamment le rappel du respect des zones de protection (une convention doit être signée avec la LPO le 22 mai). Puis décollage en « grappe » des concurrents (à l’image d’une régate de bateau) qui devront attendre le top départ. Le pilote qui aura passé toutes les balises et atterri à la base de vie à Chamoux-sur-Gelon en se montrant le plus actif, remportera la manche du jour (contrôler avec les traces GPS de chaque pilote).
Les vols se déroulent principalement en Savoie et en Haute-Savoie (Aravis, Bornes, lac d’Annecy, Bauges, Beaufortain, Chartreuse, lac du Bourget et Belledonne), mais peuvent « déborder » aussi sur le versant isérois de la chaîne de Belledonne. Pour tous les territoires alpins survolés, c’est une vitrine formidable avec des points de vue originaux offerts au public. La retransmission en direct des vols sur la chaîne paragliding-TV devrait décupler leur visibilité et celle du parapente en général. Depuis quelques années, ce sport de plein air, que l’on peut pratiquer toute l’année, est en plein essor en France. Il compte 34 000 licenciés en 2022, en hausse de 12% depuis le Covid. 581 clubs et 252 écoles sont adhérents à la FFVL.
La jeunesse au coeur de l’événement
En lien avec le comité départemental de la Savoie et la région Auvergne Rhône-Alpes, les organisateurs vont accueillir de nombreux collégiens et lycéens du territoire afin de leur faire découvrir sur la pratique du vol libre à travers des ateliers d’initiation, la présentation de la discipline, la rencontre avec des athlètes… L’Association Nos P’tites Etoiles est le partenaire caritatif de l’événement, avec pour objectif d’accueillir certains jeunes et de les faire voler !
Intégration de la Sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence en Savoie, dans le programme des bénévoles qui comptent dans leurs rangs de nombreux étudiants en stages (photo).
Maxime Pinot, membre de l’équipe de France
Maxime Pinot est tombé tout petit dans le parapente puisqu’il en faisait en bi-place avec son père dès 9 ans. Puis dès ses 13 ans, il a volé seul avant d’intégrer le pôle espoir à Font-Romeu lorsqu’il était lycéen, avant de passer le monitorat de parapente et de partager son temps entre compétition et enseignement. A coté du vol de distance, il pratique aussi la marche et le vol en parapente, discipline d’ultra endurance. Après les championnats du monde de cross en Savoie Mont-Blanc, il participera à la 20e Red Bull X Alpes à partir du 8 juin (deux semaines d’efforts et 1223 km au total à pied et en parapente à travers les Alpes).