Malgré la non-ouverture des remontées mécaniques au moins jusqu’au 7 janvier, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, il sera possible de découvrir de nombreuses activités sur neige (ski de randonnée, ski de fond, raquettes… et même du ski alpin dans les jardins d’enfants) dans les stations françaises pendant les vacances de Noël. Les explications de Jean-Marc Simon, le directeur général du Syndicat National des Moniteurs de Ski Français.
Actumontagne : Que sera-t-il possible de faire pendant les vacances de Noël ?
Jean-Marc Simon : Rappelons déjà que si les remontées sont fermées, les moniteurs sont autorisés à travailler. Ils pourront donc encadrer toutes les activités qui ne nécessitent pas l’utilisation de remontées mécaniques, comme le ski de fond, les raquettes ou encore le ski de randonnée. Le ski alpin débutant sera possible, principalement dans les jardins d’enfants. Mais également dans certains cas pour les adultes.
Comment ?
Les tapis remonte-pente ne sont pas assimilés à des remontées mécaniques, et ont donc l’autorisation de fonctionner. C’est uniquement dans ce cadre que des cours de ski alpin débutant, y compris pour les adultes, pourront être dispensés. Mais pour ces derniers, ce sera assez marginal, sans doute uniquement sur certains créneaux bien précis, en cours collectif, et pas forcément dans toutes les stations.
Quid des jardins d’enfants ?
Contrairement aux tapis, les fils-neige sont considérées comme des remontées mécaniques, et ne pourront donc pas tourner. Cela va compliquer un peu les choses dans les jardins qui ne sont pourvus que de ces fils-neige, mais n’empêchera pas l’accueil des enfants. Comme il s’agit de pentes faibles et courtes, on peut aussi faire remonter les petits en escalier, plus globalement leur apprendre à marcher avec des skis. C’est un exercice qu’on fait de toute façon en temps normal. Au final, pour les enfants vraiment débutant, qui seraient dans tous les cas restés dans les jardins d’enfants, la fermeture des remontées mécaniques n’aura pas d’impact.
Les enfants un peu plus âgés pourraient-ils skier, dans le cadre de dérogations ?
Les mineurs licenciés ont en effet le droit de pratiquer le ski alpin, avec les encadrants de leurs ski-clubs. Il faut pour cela se rapprocher des skis-clubs, voire des ESF dans certains cas. Mais on s’adresse uniquement à des licenciés qui le sont pour l’année complète. Il ne serait par exemple pas possible pour un enfant non-licencié actuellement, de prendre une cotisation juste pour sa semaine de vacances afin de bénéficier de la dérogation. Et puis il faut encore voir si les stations vont accepter d’ouvrir quelques pistes et remontées mécaniques juste pour ce public-là. Certaines le feront, mais d’autres non, car cela entraîne aussi une discrimination pour le reste de la clientèle.
Revenons aux adultes. Allez-vous mettre en œuvre de nouveaux produits (par exemple en ski de randonnée), pour « compenser » l’absence de ski alpin ?
Nous n’avons pas de nouveaux produits à proprement parler, mais les moniteurs ESF seront là pour encadrer des sorties de ski de fond, de raquettes, ou encore de ski de randonnée. Dans cette discipline, nous avons mis en place, depuis l’hiver passé, un programme baptisé « Neiges et montagne » (qui concerne aussi les raquettes), avec trois packs possibles. Le pack « sécurité » est là pour vous apprendre les bases à connaître avant de partir faire du ski de randonnée (utilisation d’un détecteur de victimes d’avalanches, sondage, pelletage, gestes de premiers secours…). Le pack « traces » s’adresse aux personnes qui souhaitent partir à la découverte d’itinéraires sauvages. On y aborde aussi bien la préparation du matériel et de la randonnée (consultation du bulletin de risques d’avalanche, préparation de son sac…), les techniques de montée (gestion du rythme, apprendre à faire une conversion…), voire le portage ou les virages en pente raide pour les plus confirmés. Enfin, le pack « ride » est destiné à se perfectionner en hors-piste, que ce soit en ski alpin ou en mode « freerando » (on combine l’utilisation des remontées mécaniques et la montée en peau de phoques, pour une descente hors-piste). On aborde toutes les techniques de descente hors-piste (y compris en toutes neiges, en pentes raides,etc) et toujours un volet sécurité (stratégies de conduites de groupes et moyens de réduire les risques, techniques de recherche de victimes d’avalanche, les particularités du manteau neigeux…).
Avec la fermeture des remontées mécaniques jusqu’au 7 janvier (a minima), tous les moniteurs vont-ils survivre à la crise ?
Oui, même si cela risque d’être un peu difficile. Les moniteurs ont heureusement accès au fond de solidarité (jusqu’à 10 000 euros par mois). Il faut savoir que sur un hiver normal, un moniteur gagne entre 30 et 40 000 euros, dont environ 6000 euros pendant les vacances de Noël.
Propos recueillis par Martin Léger
Photo de une : © Nils Louna / Agence Zoom