L’Académie-Festival célèbre son demi-siècle, du 16 au 28 juillet. Parmi les nombreux invités de cette édition anniversaire foisonnante, les virtuoses frères Capuçon, à domicile ou presque, ou encore le chorégraphe et danseur Benjamin Millepied. Sa présence exceptionnelle illustre la volonté des organisateurs de relancer la danse au cœur de ce rendez-vous estival, qui a fait de la démocratisation de la musique classique son mantra.
Lorsqu’en 1973 Roger Godino, le fondateur des Arcs, crée l’Académie-Festival des Arcs, convaincu qu’une station de montagne ne devait pas compter que sur le ski alpin mais aussi sur la saison d’été pour durer, mesurait-t-on alors combien il était visionnaire ? Dès le départ, le polytechnicien et promoteur originaire de Chambéry, disparu en septembre 2019, a souhaité faire des Arcs une destination de vacances privilégiée hiver comme été, mais aussi un lieu de culture avec des activités et des événements qui “élèvent”, enrichissent l’esprit et ouvrent grands les horizons.
Des élèves, des professeurs et des auditeurs
S’inspirant à l’époque de certaines grandes académies américaines comme Banff ou Marlboro, Roger Godino a donc concocté avec Yves Petit de Voize, un événement deux en un original. La partie académie permet à 150 stagiaires et une vingtaine de talents en herbe d’étudier et de parfaire leur art, encadrés par 35 professeurs engagés dans la transmission et le partage.
Ce travail collaboratif en masterclass et en sessions informelles libres débouchent sur des concerts auxquels participent aussi des musiciens de renom. À la clé un festival de musique de chambre de haute volée, sans chichi, où tout est gratuit pour le grand public. 10 000 auditeurs, mélange d’estivants et d’habitants de la vallée, plébiscitent ce temps fort culturel chaque année.
Cette gratuité voulue par les fondateurs et conservée 50 ans après, participe à la démocratisation de la musique classique, souvent taxée d’être élitiste, guindée, chère… Ce parti pris de l’accessibilité a été renforcée par le lancement en 2020 d’une scène digitale, l’espace virtuel Roger Godino, à l’initiative du violoniste Eric Crambes, directeur artistique du festival depuis 2006. Ce dispositif 2.0 permet de retransmettre en live et en replay les concerts et tous les rendez-vous venus étoffer l’événement au fil des décennies.
Des invités de marque
Pour célébrer sa longévité exceptionnelle, l’Académie-Festival a concocté une programmation XXL. Aux 70 artistes habituels que compte l’événement, viennent s’ajouter des musiciens emblématiques ayant écrit l’histoire du festival. Parmi eux, deux enfants du pays, Renaud et Gautier Capuçon, auditeurs assidus de l’Académie-Festival des Arcs dès leur plus tendre enfance, avant de figurer parmi les stagiaires et jeunes talents de l’académie. Renaud, l’aîné, violoniste soliste demandé aux quatre coins de la planète, a fait partie des élèves de 1988 -il a alors 8 ans un record de précocité- à 1995. Depuis son entrée dans le monde professionnel, il est venu au festival à plusieurs reprises. Il revient cet été après dix ans d’absence. Son cadet, Gautier, violoncelliste à la carrière internationale elle aussi brillante, a assisté aux concerts chaque année jusqu’à ses 15 ans, avant de suivre une masterclass du violoncelliste autrichien Valentin Erben.
Autre invité de marque, le chorégraphe et danseur Benjamin Millepied, à travers qui le festival souhaite relancer son pôle danse, à côté de ceux consacrés à la musique et au chant. L’ancien danseur étoile du New York City Ballet, qui multiplie actuellement les projets artistiques des deux côtés de l’Atlantique, se produira sur scène le 18 juillet, dans une création pour le festival sur la partita (une suite de danses) pour violon seul N°2 de Bach (surnommée l’Everest des violonistes ! ). Le danseur interviendra également via la projection d’un ballet filmé dans les rues de New York, le 26 juillet, journée spécial Bach, lors du concert des Chaconnes (Bach, Brahms, Busoni), avec Eric Crambes au violon et Romain Descharmes au piano.
Une journée anniversaire
Finish de la quinzaine en apothéose avec LA journée des 50 ans, le 28 juillet. Au menu, des master classes publiques pour découvrir les coulisses du volet académie de la manifestation, un concert du pôle chant au centre Bernard Taillefer, une table ronde autour des musiciens et des personnalités ayant marqué le festival. Le public pourra aussi découvrir le travail des stagiaires instrumentistes, avant le très attendu gala de clôture. Un concert surprise des stagaires et compositeurs est annoncé, avant que deux anciens directeurs artistiques du festival, le pianiste Michel Dalberto et le violoniste Augustin Dumay, en compagnie du jeune quatuor prometteur Mirages, achèvent en beauté cette 50e édition autour d’une oeuvre d’Ernest Chausson. Champagne !
Sophie Chanaron
500 000€
C’est le montant du budget de l’Académie-Festival des Arcs portés par des partenaires institutionnels et des entreprises. Il sert notamment à payer les cachets, les défraiements et le transport des musiciens.