De l’art au grand air à Megève

Cet hiver, Megève propose pas moins de quatre expositions artistiques, dont trois en extérieur, dans des lieux emblématiques du village. Dans la station haut-savoyarde, habitée et animé à l’année, sports d’hiver et culture ont toujours fait bon ménage. Sylvain Hébel, conseiller délégué à la culture, nous présente cette programmation foisonnante, en lien avec l’histoire locale, mais ouvrant aussi grand l’horizon.

Quatre expositions concomitantes cette saison à Megève, vos hôtes vont se régaler ?
Sylvain Hébel : Effectivement ! Lorsque Catherine Jullien-Brêches a été réélue en 2020 et qu’elle m’a confié la délégation à la culture, avec un budget annuel inédit de 300 000€, la France entière a fermé pendant deux mois ! Du coup, puisque nous ne pouvions organiser aucun spectacle ni rassemblement, j’ai proposé des expositions à l’extérieur. 2020 étant l’année du centenaire de l’arrivée de Noémie de Rothschild à Megève, il nous paraissait intéressant de proposer une rétrospective du développement de Megève sur la période 1920-2020. Avec l’appui d’Edmond de Rothschild Heritage, nous avons organisé une exposition photographique à la montée du Calvaire. Parmi les clichés réunis, certains étaient de Jacques-Henri Lartigue ((1894-1986) et de Doisneau ( (1912-1994). L’exposition a bien marché.

Sur le même principe, vous avez souhaité mettre en lumière la vocation agricole du village avec Megève, les visages de l’agriculture. Comment s’est montée cette exposition ?
S.H.
: À Megève, Il y a encore une bonne cinquantaine de fermes en activité. L’activité agricole reste donc très présente, mais celles et ceux qui l’exercent sont peu visibles. Thérèse Morand-Tissot, conseillère municipale, monitrice de ski, bien connue ici, est allée expliquer aux agriculteurs ce projet artistique et le choix du photographe Gilles Lorin pour le réaliser. Portraitiste réputé, il connaît bien Megève pour y avoir habité pendant son enfance. Une quarantaine d’éleveurs, maraîchers, apiculteurs ont accepté de poser devant son objectif. Leurs portraits grand format s’égrènent depuis cet été au Jardin alpin et le long de l’allée cavalière. Ils s’accompagnent d’un court texte écrit avec l’aide de David Rossoni, archiviste de la mairie. Cette exposition a du sens par rapport à l’histoire du village. Elle affiche aussi une grande exigence artistique, deux principes qui entendent guider notre programmation culturelle.

Sylvain Hébel

C’est à dire ?
S.H.
: Megève est une destination nationale et internationale. Nous devons à la fois programmer des artistes locaux et régionaux, mais aussi proposer des expositions tenant compte de cette dimension, ambitieuses artistiquement. Dans sa stratégie culturelle, Megève doit cultiver l’ouverture d’esprit et créer l’événement. L’exposition Big Cats de Patrick Villas s’inscrit dans cette volonté. Cinq œuvres monumentales de ce sculpteur animalier, exposé dans le monde entier, s’installent dans le mobilier urbain du centre-ville. Elles succèdent à celles, remarquables, du sculpteur franco-italien Livio Benedetti (1946-2013). Contrairement à ce dernier, qui avait un lien étroit avec les Savoie -il était installé à Apremont-, Patrick Villas lui n’en a pas, ni avec la montagne. Mais cet artiste est considéré comme l’un des plus grands spécialistes de la morphologie animale du monde de l’art. Big Cats apporte de l’insolite dans Megève [et va interpeller les passants]. Comme depuis l’été dernier, l’exposition How Much Can You Carry, le long de la montée du Calvaire, 45 photographies étonnantes de Floriane de Lassée.

Les œuvres du sculpteur Patrick Villas, une touche d’insolite dans les rues de Megève avec l’exposition Big Cats ©P.Villas

L’exposition Un certain Robert Doisneau, au Palais, coche toutes les cases : dimension populaire, qualité artistique, montagne et Megève ! Succès assuré ?
S.H.
: Avec ce photographe parmi les plus populaires, c’est effectivement facile d’attirer du public ! Ses œuvres, pleines d’empathie, sont accessibles, tout en offrant une très grande qualité artistique. Ce n’est pas toujours facile de réunir les deux ! 170 photographies des années 30 aux années 80, issues du fonds de l’Atelier Doisneau, investissent l’espace Édith Allard. Parmi les thèmes choisis, la vie quotidienne à Paris entre 1940 et 1980, l’enfance et l’école, ou encore les Alpes et Megève dans les années 1930. Robert Doisneau y a réalisé de nombreuses photos, en commandes ou prises pendant ses vacances en famille (Entrée : 6 €, gratuit pour les moins de 16 ans. Visites guidées sur réservation au 04.50.90.61.54 / 04.50.91.85.67).

Essayage de skis en chambre, Megève 1936 ©Robert Doisneau

Quelles sont vos ambitions pour la culture à Megève ?
S.H.
: Nous réfléchissons au positionnement culturel du village et allons décider des orientations stratégiques pour les trois dernières années de ce mandat. Il y a beaucoup de choses à développer dans le jazz, le baroque, le street-art. Il faut aussi mettre en œuvre la démarche de Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO) dans le secteur de la culture… De nouvelles personnes viennent ou vont arriver à la commune aux côtés du directeur général des Services, Yannick Uhel, très sensible à la culture -Jean-Pierre Goulard, directeur général adjoint à la commune et un(e) chargé(e) de projet culture-, pour renforcer la dynamique culturelle de notre commune. C’est un challenge motivant.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

Photo de Une ©C.Bisconte

Des pépites du patrimoine mégevan retrouvent leur faste !
Megève abrite un patrimoine architectural religieux remarquable. Annick Socquet-Clerc, adjointe à la culture, s’implique particulièrement dans sa valorisation et sa restauration. Dernière rénovation en date, la Croix Saint-Michel, datant de 1880, située au départ de la célèbre montée du Calvaire. Ce dernier, inspiré du mont sacré de Varallo (XVe) dans le Piémont, a été érigé entre 1840 et 1878 par le curé de la paroisse, Ambroise Martin. Il forme un ensemble composé de 15 chapelles et oratoires. En 2023, une partie de ce monument singulier va être rénové, grâce à une enveloppe de 200 000€ qui servira également à la restauration de la sculpture de Pierre Margara, rappelant l’écriture à Megève, par Jacques Revaux, de la chanson My Way (Comme d’habitude), parmi les plus reprises dans le monde !
Pour tout savoir sur l’histoire étonnante du Calvaire de Megève, la guide du patrimoine de Savoie Mont-Blanc, Sophie Blanchin propose sa visite commentée à travers ses artistes et artisans. Durée une heure. Tarif : 7€ euros par personne. Sur réservation au 06 82 30 48 40.

La montée du Calvaire enneigée ©Marie Bougault/Megève Tourisme

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