Dispositif créé en 2011 à Grenoble par Yves Exbrayat, alors en charge de la mission montagne à la mairie de Grenoble, le Fonds d’aide au cinéma de montagne a déjà soutenu 130 documentaires. Depuis l’an dernier, il a décidé de distinguer l’un de ceux qu’il accompagne chaque année en lui attribuant un grand prix doté de 800€.
Au-delà d’un coup de pouce financier supplémentaire, bienvenu pour prendre en charge des frais permettant de faire vivre l’œuvre après sa sortie, cette consécration lui apporte une visibilité accrue. Car le cinéma de montagne peine toujours à trouver des canaux de diffusion hors des festivals spécialisés ou des plateformes digitales thématiques.
Cette année, le jury avait à faire son choix parmi les douze films que l’association a soutenus en 2019. Et c’est Pathan Project de Guillaume Broust qui succède au Doigt de Dieu, d’Yvan Estienne, Pierre Petit et Laurent Cistac, premier Grand Prix de l’histoire du Fodacim en 2019.
« Alors que nous ne sommes jamais d’accord et que nous discutons beaucoup sur les films à sélectionner, Pathan Project a fait l’unanimité dans le jury », a commenté Yves Exbrayat lors de la remise du Grand Prix à l’amphithéâtre de la Maison du Tourisme à Grenoble.
C’est une exploration magnifique au Pakistan avec des alpinistes et grimpeurs belges, français et argentins, mais surtout 42 minutes de bonne humeur et d’auto-dérision, pas si courante dans le cinéma de montagne. En effet, l’esthétique de la montagne, le spectaculaire, l’adrénaline et l’exploit sportif priment le plus souvent. L’engagement de cette drôle de cordée sur une paroi pakistanaise jamais gravie n’est pas absent du documentaire, mais il n’est pas le sujet premier du réalisateur Guillaume Broust. « Il y a beaucoup de dialogues et d’humour dans ce film, pas d’images exceptionnelles, j’ai même pensé à un moment faire un huis-clos dans l’une des tentes de l’expé ! Une idée à creuser pour un autre film ! », a-t-il expliqué en recevant le Grand Prix. Un film à découvrir sur son site Internet.
Et parce que d’autres documentaires du cru 2019 ont aussi séduit le jury, celui-ci a décerné deux coups de cœur, dotés chacun de 400€. « Parfois, certains projets que nous sélectionnons ne se font pas et du coup nous pouvons réattribuer ces subsides sur d’autres opérations », a précisé Yves Exbrayat. Les Belles Envolées d’Anne Benoît-Janin et Requiem de la banquise, de Lionel Cariou et Eric Larose. Le premier centre sa focale sur le sort peu enviable réservé aux femmes népalaises. La réalisatrice dresse le portrait d’une poignée de sherpanis pour qui l’alpinisme est la voie de l’émancipation. Toutes suivent les traces de Pasang Lhamu, première Népalaise à avoir atteint le sommet de l’Everest. C’était en avril 1993 après trois tentatives. Décédée lors de la descente, elle est devenue une gloire nationale au Népal, société conservatrice et patriarcale. Le film d’Anne Benoît-Janin est l’occasion de faire découvrir une figure de himalayenne totalement méconnue chez nous.
Le Requiem de la banquise de Lionel Cariou et Eric Larose suit le géophysicien Ludovic Moreau et son équipe dans leur expédition scientifique en mars 2019 au Svalbard, archipel le plus au nord de l’Europe, où les effets du changement climatique sont déjà bien visibles. Sur un fjord gelé à 78° de latitude nord, ils ont installé 250 capteurs sismiques pour enregistrer le chant de la glace. Objectif, mettre au point une nouvelle méthode pour mesurer l’épaisseur et la dureté de la glace pour tenter de prédire à quelle vitesse la banquise arctique fond et in fine disparaitra. Accessible, instructif et belles images de nature en prime !
Tous ces films, sont visibles en VOD sur Alpine Mag, partenaire du Fodacim, aux côtés de la Région AURA, la Ville de Grenoble, la FFCAM, Petzl, la Banque populaire Auvergne Rhône-Alpes, Au Vieux Campeur, le Syndicat national des guides de Montagne, Grand Chambéry Alpes Tourisme, la cinémathèque de montagne à Gap et les festivals Regards d’Altitude, Explos et Retours du monde.