Les trésors architecturaux et artistiques de Saint-Gervais Mont-Blanc portent beau ! La commune de Haute-Savoie a pu en valoriser plusieurs grâce à des financements européens, décrochés avec son homologue italienne de Valgrisenche dans le Val d’Aoste. Dernière pépite en date, la Cure, cœur battant de son offre culturelle, à destination des habitants comme des visiteurs. Un lieu où l’on peut également s’informer sur les divers parcours culturels et patrimoniaux de ces deux villages alpins.
“Rendons à César ce qui est à César : c’est à Valgrisenche dans le Val d’Aoste que nous devons la réhabilitation du presbytère en notre nouveau centre culturel, La Cure”, lance Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervais Mont-Banc. S’ils ne sont pas directement voisins, ces deux villages de l’arc alpin à 80 kilomètres l’un de l’autre, se connaissent bien. Entre 2014 et 2017, dans le cadre du programme européen Alcotra, ces localités de montagne aux racines communes ont été lauréates du projet Itinéras visant à rénover et valoriser leur patrimoine sacré, en grande partie baroque.
Ainsi, Saint-Gervais a pu restaurer son église paroissiale de mars à décembre 2016. Parmi les éléments remarquables, son retable, ses polychromies et autres décors retrouvés sous le crépi, ou encore ses vitraux contemporains lumineux et épurés, signés du père dominicain coréen Kim En Joong. Cet édifice vieux de 400 ans est en lien avec un cheminement menant de chapelles en chapelles, récemment rénovées, véritables petits bijoux d’art baroque.
De son côté, Valgrisenche a pu redonner aux fresques de son église paroissiale leur éclat, restaurer son beau clocher en pierre, vestige de l’édifice originel datant de 1392, remettre en état la chapelle de Ceré, ou encore l’ancienne école de Bonne. Ce lieu est aujourd’hui un point d’information pour découvrir, via des vidéos, photos ou encore la reconstitution d’une laiterie où était fabriquée la fontina, le célèbre fromage valdotain, l’histoire de cette vallée. Elle est reliée depuis l’Antiquité à Sainte-Foy-Tarentaise en Savoie par le col du Mont. Tous les étés, les habitants des deux communes se retrouvent au col pour entretenir leur amitié. En 2023, elle a lieu le 23 juillet prochain avec en temps fort la messe et un repas. Au menu, les traditionnels diots savoyards et la polenta valdotaine.
Une deuxième coopération transfrontalière
Face au succès de ce premier programme européen à 3 millions d’euros (dont 1,8M€ pour l’église de Saint-Gervais), Valgrisenche a encore sollicité Saint-Gervais pour profiter de nouveaux fonds européens disponibles. Objectif, poursuivre les opérations de sauvegarde de leur patrimoine respectif, expression de la culture et des croyances populaires des communautés montagnardes des deux côtés des Alpes. Baptisé Itinéras Passerelle 2022, cette deuxième manne était conditionnée à l’association de deux territoires ayant déjà travaillé ensemble. Le partenariat entre les deux collectivités a été fructueux la première fois et à donné naissance à une vraie amitié transfrontalière entre Valgrisenche et Saint-Gervais-Mont-Blanc. Cette dernière a donc logiquement dit banco ! À la clé, 1,8M€ à se répartir.
Saint-Gervais a pu réaliser son projet de longue date de transformation de l’ancien presbytère en centre culturel et lieu de vie (1,6M€). La Cure accueille au rez-de-chaussée, un fonds d’ouvrages de montagne, un lieu d’information sur les parcours culturels et patrimoniaux à découvrir à Saint-Gervais et à Valgrisenche. Au premier étage, l’exposition d’une collection d’œuvres signées de grands noms de la peinture de montagne se déploie, ainsi qu’une exposition temporaire, actuellement Frissons. Paysages et scènes alpestres. Enfin, le dernier étage est dédié à un centre d’interprétation consacré à Kim En Joong, avec des vitraux, des peintures ou encore des céramiques.
La commune valdotaine a utilisé ses 160 000 euros pour restaurer les pierres tombales et plaques en céramiques aux insolites épitaphes en français, et pour créer un nouveau parcours pédestre et VTT en surplomb du barrage de Beauregard, du nom de l’un des sept villages engloutis ou abandonnés en raison de sa construction en 1952. En chemin, des chapelles, des oratoires et des croix à foison, qui ont beaucoup à raconter sur l’histoire de cette vallée sauvage prisée des randonneurs l’été et des skieurs en peaux de phoque l’hiver. A ne pas manquer, sa filature sous forme de coopérative, qui perpétue le filage et le tissage de la laine de mouton issue d’une race locale, le Rosset, très présent dans cette région où le pastoralisme est encore vivace. Le drap de laine de Valgrisenche dans lequel étaient taillées les tenues des guides de montagne, est aujourd’hui particulièrement prisé des marques d’habillement et d’ameublement du luxe.
Un site, une appli, des greeters
Le volet communication d’Itineras Passerelle a permis la mise à jour et l’enrichissement du site Internet www.itineras.fr et de l’appli, lancés lors du premier programme, déjà tous deux très fournis en infos et iconographies. L’appli mobile permet de créer son propre itinéraire de découverte des richesses patrimoniales sacrées et profanes des deux territoires alpins. Ce programme européen a aussi favorisé le développement d’un réseau de greeters, ces habitants bénévoles qui font partager leur passion pour leur vallée et leurs anecdotes, en complément des guides du patrimoine. Saint-Gervais en compte neuf, Valgrisenche une douzaine. Une brochure et une carte des sites incontournables complètent le dispositif.