Très populaire en Chine, au Canada ou en Finlande, la sculpture monumentale sur neige et glace est la spécialité de Valloire depuis bientôt quarante ans. Cet art éphémère spectaculaire contribue à la notoriété de la station de montagne, la seule en France à organiser des concours internationaux dans ce domaine. Retour sur cette proposition culturelle originale à succès, avec Emmanuelle Lacoste, directrice de Valloire Tourisme, membre du jury des différentes compétitions.
Alors que le 31e Concours de sculptures sur Glace vient de se terminer, Valloire organise du 17 au 20 janvier, la 40e édition du concours de sculptures sur neige. Quelle est la genèse de ce dernier ?
En 1983, la directrice de l’office de tourisme de Valloire de l’époque, Nicole Jegou, était allée faire un voyage au Québec où elle a découvert les concours de sculptures sur neige géantes. Elle est revenue en proposant à Valloire de reprendre l’idée l’année suivante. Le succès a été immédiat auprès des artistes, nombreux à vouloir concourir, comme auprès du public. 40 ans après, Valloire reste la seule destination en France à organiser un tel événement artistique, que nous avons décliné depuis avec la glace, et l’été, avec de la paille et du foin. Il peut y avoir des animations de sculpture sur neige et glace dans d’autres stations alpines, mais les œuvres ne sont jamais aussi monumentales, ni ne s’inscrivent dans une compétition internationale.
Combien de candidatures recevez-vous pour ce concours ?
Plus d’une centaine de dossiers en moyenne, 130 pour cette 40e édition ! Le jury, présidé par le sculpteur et président de la Maison des Arts plastiques et visuels Auvergne-Rhône-Alpes, Alain Lovato, en retient seize : huit pour le concours international et huit pour le concours national. La sélection veille à offrir une grande diversité dans les œuvres qui relèvent du figuratif ou de l’abstrait. De même, nous tenons à sélectionner de jeunes candidats, en général des étudiants en art, pour faire émerger une nouvelle génération d’artistes. Les sculpteurs professionnels du jury -Alain Lovato et Christian Burger- valident en amont les projets artistiques proposés par les équipes candidates. Car si sur le papier ou en format 3D ils font beaucoup d’effet, ils peuvent tout simplement être irréalisables en neige !
Comment se déroule le concours ?
Les équipes composées de trois sculpteurs ont 72 heures pour façonner leur bloc de neige de 4 mètres de haut et 3,5 mètres de large. Elles doivent composer avec la météo du moment et ce n’est pas toujours simple. Les sculpteurs travaillent souvent la nuit pour profiter des températures plus basses. La création doit être livrée à midi le jour du passage du jury. Pour l’édition 2023, ce sera le 20 janvier, la remise des différents prix ayant lieu à 17h30. Depuis quelques années, nous avons lancé un prix des Internautes. Ils peuvent voter en ligne pour leur sculpture préférée du 20 au 31 janvier. L’œuvre lauréate servira à illustrer tous nos supports de communication pour le concours de l’année 2024.
Qu’avez-vous prévu de spécial pour la 40e édition ?
Ce concours 2023 marque le retour à la normale après deux années marquées par la crise sanitaire. La sélection d’artistes est de nouveau mondiale, après une édition 2022 uniquement européenne et celle de 2021 uniquement nationale et sous couvre-feu ! Nous ferons très certainement une rétrospective et programmons un feu d’artifice. Ceux qui ne peuvent pas venir profiter sur place de cette féerie ont l’opportunité de suivre en direct sur notre site Internet le travail des sculpteurs, filmé 24h/24 par une webcam. Un live très suivi.
Propos recueillis par Sophie Chanaron
De candidat à juré
C’est à Valloire en 1996 que le sculpteur Christian Burger s’est essayé pour la première fois à la sculpture sur neige. « Pour un sculpteur pouvoir tailler un bloc de plus de 50m3 de matière, c’est très rare ou alors difficile, j’avais donc très envie de tenter cette expérience par équipe et physique », explique ce spécialiste de la sculpture monumentale en bois et en métal, installé à Embrun. Appréhender les grands volumes est d’ailleurs pour lui la grande difficulté du concours de sculpture sur neige de Valloire. Il faut une bonne coordination entre les trois membres de l’équipe et des outils adaptés. Principalement des ciseaux et des râpes, comme pour le bois, mais en version XXL. Ils sont donc souvent bricolés par les sculpteurs eux-mêmes ! Membre du jury depuis 2015, Christian Burger, qui a participé à des concours au Québec et a été jury à au festival d’Harbin en Chine, la référence mondiale, délivre volontiers des conseils aux équipes en cas de difficulté. « A Valloire, ce sont ces échanges et cette solidarité entre les équipes qui sont formidables et enrichissantes pour les artistes comme pour nous jurés ou le public ».