Comme chaque année en amont de la prochaine saison d’hiver, G2A Consulting livre ses premiers chiffres sur l’état des réservations en montagne à date. Analysant 140 stations et près de 90% des lits touristiques en montagne, le cabinet d’études savoyard a mesuré qu’au 1er octobre, les réservations pour l’exercice 2022-2023 étaient en hausse de plus de 20%. « Nous avons un mois d’avance par rapport à l’an dernier à la même époque », constate Denis Maurer, directeur général de G2A. Si en tant qu’ancien hébergeur, il juge cette avance très satisfaisante -elle représente un stock de séjours déjà acquis au prix escompté-, il sait qu’elle ne se traduira pas par un bond équivalent de la fréquentation. « Nous évaluons à 58 millions le nombre de nuitées pour l’hiver prochain. Soit 1,7% de mieux que la saison passée, ce qui est très bien ».
De fait, après un hiver dernier record, les professionnels du tourisme, anticipaient pour la saison à venir un recul, ou au mieux une stabilité de la fréquentation, dans un contexte économique et géopolitique pesant. Ces quelque 2% de croissance seraient donc un très bon score pour la montagne hivernale tricolore.
« Si l’on regarde par rapport à 2019-2020, hiver qui s’annonçait exceptionnel mais a été stoppé par le début de la crise sanitaire, les réservations à ce stade sont stables, voire en très léger retard », souligne Tamara Mejias, responsable des études chez G2A. L’analyste voit plusieurs explications à ces réservations précoces. « Il faut notamment se rappeler que l’an dernier, à la même époque, le Covid était encore très présent et freinait les vacanciers dans leurs réservations ». De même, face à l’inflation galopante, les Français, comme leurs homologues britanniques, belges ou néerlandais réservent tôt leurs vacances d’hiver, sans doute pour être sûr d’avoir le choix de leur séjour, mais surtout par crainte de voir les prix à nouveau grimper d’ici au début de la saison d’hiver.
Inquiétude sur les dépenses en station
Dans son étude sur les intentions de départ des vacanciers, G2A estime que 4 Français sur 10 vont partir en vacances cet hiver. Idem pour les Britanniques et les Néerlandais, et trois sur 10 pour les Belges. Si la montagne attire 42% des Français qui plébiscitent les stations tricolores à 90%, elle ne séduit que 26% des Néerlandais, 21% des Belges et seulement 9% des Britanniques.
Une donnée préoccupe particulièrement les professionnels : 7 clients habitués de la montagne sur 10 envisagent de diminuer leurs dépenses pendant leurs vacances. En ligne de mire parmi les activités les plus affectées : les restaurants que les ressortissants français, britanniques, belges et néerlandais citent en premier comme impactés dans leurs arbitrages budgétaires, mais encore les forfaits de ski pour les Français et les Néerlandais, les Britanniques et les Belges se montrant plus économes pour leur hébergement.
Après Londres, un Travel Express depuis Paris
Les acteurs du tourisme se mobilisent à nouveau sur le plan de la communication avec la reconduction des campagnes collectives de valorisation de la montagne emmenée par Atout France, ou la montée en puissance de certaines initiatives pour faciliter -et décarboner- le fameux parcours clients des vacanciers. Ainsi, Travel Factory reprogramme son Travelski Express depuis Londres jusqu’à Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice, et c’est nouveau cette saison, lance une desserte depuis la gare de Lyon à Paris le samedi, pour des séjours packagés dans une vingtaine de stations en Tarentaise, mais également en Maurienne. Autre liaison ferroviaire renouvelée cet hiver, celle du Thalys Neige (Eurostar Group) qui emmènera vers les stations de Tarentaise, les skieurs au départ de la Belgique (Anvers et de Bruxelles) et les Pays-Bas (Amsterdam) pour 7000 sièges de capacité environ. Reste à travailler le dernier kilomètre…