La saison d’hiver a démarré en fanfare à La Clusaz avec des vacanciers au rendez-vous pour la reprise du ski alpin. Et la suite est toute aussi prometteuse pour la station des Aravis, dont le domaine skiable reste ouvert jusqu’au 1er mai. Tour d’horizon des grands sujets avec Jean-Christophe Hoff, directeur de la Satelc, Société d’aménagement touristique et d’exploitation de La Clusaz.
Après une saison hivernale 2020-2021 “blanche” pour les remontées mécaniques, comment jugez-vous celle-ci ?
Nous sommes très satisfait de ce début de saison, même si cette dernière est compliquée entre la gestion de la crise sanitaire et les difficultés de recrutement des saisonniers. L’entreprise et ses équipes ont montré leur agilité et leur capacité d’adaptation. Jamais nous n’avons fait un aussi bon début d’exercice à La Clusaz ! Les ventes de forfaits ont bondi de 7% aux vacances de fin d’année par rapport à celles de 2019, déjà exceptionnelles. L’envie de skier est vraiment là. Le directeur de l’ESF, Jérôme Pessey, me disait qu’il a enregistré un début de saison sur des bases qu’il n’a jamais vues. Grâce à ses 25 nouveaux moniteurs stagiaires, il a pu faire face à la demande. Cette réalité terrain vient démentir les messages comme “le ski c’est fini” ou “il ne sert à rien d’investir dans les domaines skiables parce qu’il n’y aura bientôt plus de neige avec le réchauffement climatique”.
Quelle est votre vision d’avenir pour La Clusaz ?
J’aimerais que l’on arrête de faire du “Clusaz bashing” à cause du projet de retenue collinaire de la Colombière sur le plateau de Beauregard (ndlr : un aménagement controversé destiné pour un tiers à l’alimentation en eau potable et le reste à la production de neige de culture en attente du feu vert de la Préfecture à l’heure où nous mettons sous presse). La vision de la station est la plus responsable, la plus engagée et la plus visionnaire sur les questions environnementales et touristiques. Nous travaillons avec Protourisme pour établir le schéma directeur de transformation de notre modèle économique sur les 20 prochaines années. Il prévoit les investissements nécessaires pour toutes les activités de la station, été comme hiver. Notre objectif est de multiplier par deux les investissements hors ski tous les cinq ans. Certains doutent de notre engagement environnemental, mais je vous rappelle que La Clusaz a refusé le Club Med. Nous savons où nous allons et comment nous y allons ! C’est l’économie du ski qui va nous permettre de financer la transition.
Votre profession s’est justement engagée à la neutralité carbone en 2037. Que faites-vous à La Clusaz pour réduire vos émissions de gaz à effet de serre ?
Nous sommes sereins sur la question du bilan carbone de notre activité. Des études ont montré que l’exploitation des domaines skiables n’était responsable que de 2% des émissions de Co2 en station. L’essentiel des émissions provient des transports et de l’hébergement (chauffage). Pour autant, les exploitants veulent faire leur part sur les engagements de la COP 21. Dans notre feuille de route, il y a par exemple la réduction de la consommation de GNR (gasoil) de nos dameuses. Le système de gestion intelligente de la neige Snowsat équipe notre dizaine de machines. Nous arrivons à réduire le nombre d’heures de damage et donc à baisser la consommation de carburant de nos engins. Dans notre parc, nous expérimentons aussi cet hiver une dameuse hybride. Elle consomme 20% de GNR en moins qu’une version thermique. Et nous attendons avec intérêt les dameuses à hydrogène.
Encouragez-vous les mobilités vertes ?
Depuis plusieurs saisons ! Nous nous sommes associés à la plateforme de covoiturage Mov’ici. Nous offrons des places sur le parking des Chenons (au départ des Télécabines de Balme et du Fernuy) aux skieurs lorsqu’ils achètent leur forfait de ski en ligne sous conditions qu’ils viennent à minimum trois dans leur véhicule. Et ce système marche parce que chaque week-end depuis l’ouverture, nous augmentons le nombre de places réservées ! A l’avenir ce parking de Balme sera peut-être dédié au seul covoiturage. Il y a également des lignes de skibus au départ d’Annecy et de Genève qui desservent les stations du massif des Aravis (Le Grand-Bornand, Saint-Jean-de-Sixt et La Clusaz).
La tarification dynamique est l’une de vos nouveautés de la saison. Quel bilan à ce stade ?
Notre station est en pointe sur la digitalisation de son activité. Les ventes en ligne représentent 40% de notre chiffre d’affaires courant. Et si l’on compte le forfait saison, le ratio passe à 50%, atteignant en une année un objectif que nous avions fixé sur trois. La Clusaz a sans doute une clientèle plus jeune que d’autres, ce qui explique en partie ce succès. L’offre tarifaire dynamique et les outils digitaux facilitent la vie de nos clients. Ils permettent de faire le meilleur ski au meilleur prix. Ce qui nous intéresse surtout avec le dynamic pricing, c’est qu’il nous permet d’anticiper la fréquentation du domaine skiable pour mieux organiser la partie opérationnelle. A la clé, une meilleure qualité de service et une expérience client optimisée.
L’innovation est au coeur de la stratégie d’entreprise de la Satelc qui expérimente les technologies de l’Internet des Objets (IoT). De quoi s’agit-il ?
Nous avons recours à des solutions connectées pour optimiser la gestion de nos équipements et maîtriser nos consommations d’énergie (ndlr : avec les entreprises rhônalpines API-K et Adeunis et le Breton Kerlink). Ces capteurs de présence ou de consommation énergétique, installés par exemple dans les bâtiments, sur des dameuses ou dans des cabines de remontées mécaniques, vont aussi permettre aux équipes d’intervenir plus rapidement dans des situations délicates ou de dysfonctionnement, grâce à l’envoi d’alertes. Ces IoT sont également un moyen de mieux connaître et comprendre les habitudes de nos consommateurs, de nous adapter et donc à nouveau d’améliorer l’expérience client.
Propos recueillis par Sophie Chanaron