Les domaines skiables montent le ton face au ski bashing

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Réunis pendant deux jours à Lyon pour leur congrès annuel, les domaines skiables français abordent la prochaine saison d’hiver avec sang froid. Et il en faut face aux crises conjoncturelles qui se succèdent dans l’industrie du tourisme hivernal depuis 2020. Celle du Covid-19 deux hivers de suite (à ce jour), et maintenant l’envolée des prix de l’énergie et l’inflation, compromettant l’exercice 2022-2023 pour ceux dont les contrats d’électricité arrivent à échéance. Et puis, il y a la petite musique du ski bashing qui monte qui monte dans une partie de l’opinion, avec des slogans comme « le ski c’est fini », face au réchauffement climatique, ou « le ski, loisir de riches », « non essentiel », faisant fi des 120 000 emplois directs et 300 000 au total qu’il génère sur les territoires.

Une fréquentation record sur les pistes

Pour contrer ce que les exploitants de remontées mécaniques et domaines skiables considèrent comme un dénigrement infondé, relayé avec complaisance par « certains médias » et les réseaux sociaux, Domaines Skiables de France (DSF) dégainent encore des des chiffres. Le bon bilan de l’hiver 2021-2022, celui de la relance, est une première réponse pour l’industrie de la neige. La fréquentation des domaines skiables a en effet progressé de 3% par rapport à la moyenne des quatre années avant la pandémie. Avec 53,9 millions de journées de ski vendues (MJS), les opérateurs de domaine skiable ont réalisé un chiffre d’affaires record, supérieur à 1,5 milliard d’euros. Sur le podium mondial, la France se place ainsi devant l’Autriche (43,6 MJS), l’éternelle rivale, les Etats-Unis conservant néanmoins une bonne longueur d’avance (61 MJS). Une embellie brandie comme la preuve de la cote d’amour persistante du ski chez les Français, plutôt que le résultat d’un effet de rattrapage, après deux ans de saison écourtée et sans ski, et le retour significative des clientèles internationales adeptes des massifs tricolores.

Yves Dimier, président de la commission économie et communication, Anne Marty, vice-présidente, et Alexandre Maulin, président à l’issue de la conférence de presse du Congrès 2022 organisé à l’Hôtel de Région à Lyon ©Actumontagne

Forcément riche le skieur ?

Pour Alexandre Maulin, président de DFS, le baromètre du ski Ipsos sur l’évolution de l’image du ski et l’attractivité des activités hivernales dans les stations tricolores, traduit également l’attractivité de la montagne et du ski. « Plus de 8 Français sur 10 déclarent avoir une bonne image du ski en général, un score équivalent à celui mesuré l’an dernier à la même époque », pointe-t-il, se félicitant que de plus en plus de Français déclarent aller à la montagne l’hiver. « 74% des Français fréquentent au moins un massif l’hiver, c’est 7 points de plus par rapport à l’enquête précédente ». Autre motif de satisfaction : le ski alpin/snowboard est la deuxième activité pratiquée (48%), en hausse de 5 points, à quasi égalité avec les balades à pied (49%). « C’est le 5e sport outdoor pratiqué par les Français mais le 1er payant, puisque le précèdent la randonnée, le vélo, la natation ».

Alexandre Maulin entend aussi réfuter le cliché de loisir de riches qui colle à la peau du ski, entretenu selon lui par une communication axée sur le luxe et la montée en gamme de l’hébergement enfermé sur l’image du studio-cabine ! « Cette année, nous avons rajouté à notre enquête Ipsos une question sur le revenu net du foyer des gens qui venaient au ski. 55% ont un revenu annule de foyer en dessous de 36 000€. Plus de la moitié de nos clients ont donc un revenu net de moins de 3000€ par mois. Les trois quarts des skieurs tricolores qui fréquentent nos pistes sont des Français moyens avec un revenu inférieur à 48 000€ par an », cite le patron des Sybelles rappelant néanmoins l’utilité sociale des studios cabines de 16 m², aujourd’hui marginaux. « Le skieur tricolore est un Français moyen et nous en sommes fiers ».

©A.Bérard

Premier bilan des éco-engagements

Le réchauffement climatique avec la fonte des glaciers, les vagues de sécheresse ou la hausse des températures nourrissent le ski bashing et les accusations de greenwashing à l’encontre de la filière. Les 16 éco-engagements pour préserver la montagne, présentés au congrès de Grenoble il y a deux ans, entendent montrer que les domaines skiables s’engagent au contraire concrètement et avant d’autres secteurs, malgré les crises successives. « Tout le monde est prêt à accélérer et rattraper le retard induit par la pandémie », explique Yves Dimier, en charge de la commission communication et du fonds de dotation Génération Montagne à DFS. « Plus de 50% de nos conducteurs de téléportés ont été formés à l’écoconduite permettant de réduire de 10% la consommation électrique ». 53% des chauffeurs d’engins de damage ont eux aussi appris à conduire de façon plus écologique et économique. A la clé, des gains de consommation de gasoil et d’émissions carbone entre 5 et 10%. « 65% des opérateurs ont réalisé ou planifier la signalisation de leurs câbles dangereux pour l’avifaune et 89% des domaines skiables possédant au moins 6 dameuses, se sont dotés d’équipement pour mesurer la hauteur de neige pour optimiser la production de neige de culture ».

L’hémicycle du Conseil régional Auvergne Rhône-Alpes a accueilli les conférences et tables-rondes ©A.Bérard

Du concret pour le fonds de dotation Génération Montagne

Présenté à Mountain Planet en avril dernier, le fonds de dotation Génération Montagne, en faveur de l’environnement, du social et de la solidarité en montagne, passe en mode action. « Grâce à nos financeurs que sont DSF, le fonds Essentiem et la Caisse d’Epargne Auvergne Rhône Alpes nous avons pu lever déjà 40M€ pour soutenir plusieurs actions », indique Yves Dimier. « Nous soutenons l’association Mountain Riders dans la formation de nos salariés et les socio-professionnels au tri des déchets ramassés dans le cadre des opérations une montagne Zéro déchets. Sur le volet social, nous allons prendre en charge une partie du coût de la classe de neige à Arêches-Beaufort d’élèves d’une école primaire de Saint-Denis, en région parisienne. Nous soutenons l’accueil et la formation d’un ingénieur ukrainien dans la station de Roubion-Les Buisses ». Le fonds travaille par ailleurs pour abonder le programme de l’ANCV (chèques-vacances) baptisé Départ 18-25 ans pour aider les débutants à ski parmi ceux qui sont éligibles en finançant tout ou partie des cours de ski.

La retenue collinaire de La Clusaz dans tous les esprits

L’installation d’une nouvelle zad sur le site de construction d’une cinquième retenue collinaire à La Clusaz, déclarée d’utilité publique par la Préfecture le 19 septembre, inquiète plus d’un exploitant. Alexandre Maulin a clairement défendu la nécessité de cet aménagement qui vise à sécuriser l’enneigement mais aussi les activités agro-pastorales et l’eau potable. Les opposants dénoncent la non prise en compte des avis négatifs lors de l’enquête publique (76% d’avis défavorables). Ils parlent de désastre écologique pour le plateau de Beauregard et son écosystème, et d’un projet symbole d’un modèle économique dépassé. « Il y a des lois en France, à partir du moment où nous respectons les règles, qui se sont beaucoup durcies en 20 ans, nous avons le droit d’opérer. Ce n’est pas une très petite minorité qui peut nous interdire de développer l’économie et de vivre dans nos vallées ».

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