Cours d’eau alpins : les poissons sur le bon chemin

Depuis plusieurs années, EDF Hydro Alpes œuvre à la continuité écologique des cours d’eaux sur lesquels elle exploite des ouvrages hydro-électriques. Cela se traduit notamment par la mise en place ou l’amélioration de passes à bassins et ascenseurs à poissons, afin de permettre aux truites fario et autres chabots de perpétuer leur cycle naturel de reproduction.

Si la truite fario et le chabot, deux des espèces de poissons emblématiques de la région, sont génétiquement programmés pour remonter les cours d’eaux afin de frayer (se reproduire), encore faut-il que rien ne les y en empêche. « En application de la réglementation, EDF Hydro Alpes a développé depuis 2014 un programme visant à améliorer la continuité écologique, afin d’éviter que des barrages et autres obstacles ne viennent entraver la migration naturelle des poissons. Des passes à poissons existaient déjà avant 2014 – comme à Bramans – mais ce programme, déployé en étroite collaboration avec nos partenaires territoriaux -Dreal (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), DDT (Direction Départementale des Territoires), OFB (Office Français pour la Biodiversité), Agence de l’Eau, Fédérations de Pêche notamment- a permis de renforcer notre action pour la préservation de la biodiversité », explique Hervé Tissot, l’animateur du pôle environnement d’EDF Hydro Alpes.


La passe à poisson de Bramans datant d’avant 2014 ©JMBlache

Un toboggan pour les poissons

Des dispositifs permettant aux poissons de franchir les différents obstacles existent aussi bien à la dévalaison (lorsque le poisson descend la rivière) qu’à la montaison (lorsqu’il la remonte). « Le plus simple, c’est à la dévalaison. Au niveau d’un barrage, il y a un risque pour le poisson de se retrouver dans le conduit qui va à la turbine. C’est une des raisons pour lesquelles, à chaque prise d’eau, on installe des grilles. À proximité, on construit un passage dans l’ouvrage, ce passage va former un débit d’appel et instinctivement attirer le poisson et le conduire dans une sorte de toboggan. Un bassin de réception – naturel ou artificiel – lui permet ensuite de récupérer, avant de poursuivre sa route dans la rivière », détaille Hervé Tissot. On trouve par exemple un tel dispositif depuis 2018 au niveau de Détrier, sur le Bréda, la rivière qui fait la jonction entre l’Isère et la Savoie. Autre solution : les turbines dites ichtyocompatibles, comme celles du Rondeau, à Échirolles (Isère), qui tournent suffisamment lentement pour permettre aux poissons de passer à travers sans risque d’être blessés.

La passe à poisson de Détrier ©EDF

Des dispositifs en fonction des espèces

À la montaison, EDF aménage des passes à bassin ou des ascenseurs. Les premières sont une succession de bassins, formant des marches d’environ 25 cm. « La truite fario est naturellement conçue pour remonter les obstacles en rivière naturelle. Elle parvient donc à franchir ces différents bassins grâce à une impulsion de sa queue. Le chabot est lui plutôt une espèce de fond. Du coup, le fond des bassins est constitué d’une sorte de plan incliné avec une rugosité de fond. On met des galets d’environ 10 cm sur lesquels il va successivement s’appuyer pour remonter », précise Hervé Tissot. Les ascenseurs prennent eux la forme d’une cage avec une porte, dans laquelle est disposé un panier avec une réserve d’eau au fond. «Il tourne en continu, et un débit d’attrait va naturellement attirer le poisson vers cet ascenseur». On en trouve un par exemple à Montrigon, à proximité de Bourg-Saint-Maurice.

Ascenseur à poisson sur l’Isère près de Bourg-Saint-Maurice ©JM Blache

Pour 2020, deux projets d’amélioration de passes à bassins existantes sont programmés : l’un sur la rivière Isère, au pont des Arcs (sous la route menant à la station éponyme) ; l’autre sur la Neuvache, petite rivière qui se jette dans l’Arc, sur la commune de Saint-Martin-d’Arc en Maurienne. Une trentaine de passes à poissons existent aujourd’hui sur le réseau EDF Hydro-Alpes (Isère, Savoie, Haute-Savoie et une partie du Rhône).

Martin Léger

©FSPPMA/Laurent Madelon

📰 Recevez notre newsletter gratuitement !

Recevez chaque lundi le debrief de la semaine passée !

Suivez-nous également sur Facebook

Territoires liés :