Soucieuse de ne pas engager des travaux onéreux tant que des recours juridiques sont en cours, la mairie de la Clusaz décide d’un moratoire sur le projet de retenue collinaire de la Colombière, qui a suscité de nombreuses polémiques depuis deux ans. Tout juste révélée publiquement, la décision a été prise de façon quasi unanime lors du conseil municipal du 17 août (17 voix pour, une seule contre). “Je ne peux pas engager un montant de 10 millions d’euros dans la retenue, alors que nous ne savons même pas, et à quelle échéance, nous pourrons mettre la moindre goutte d’eau dedans ” explique le maire Didier Thévenet.
Dans le même temps, la commune a finalisé un plan de diversification à horizon 2050, défini « en impliquant et en écoutant les nouvelles générations », selon le communiqué de presse. Une « Vison 2050 » qui veut mettre en avant « l’ambiance et l’âme du village, skier mais différemment, des logements accessibles, des événements singuliers et fédérateurs, interagir et faire découvrir la nature ». Et le maire d’ajouter : « Nous sommes évidemment lucides ; nous savons que le ski dans trente ans ne sera pas le même que celui d’il y a trente ans et, au-delà des changements climatiques, les évolutions sociétales sont à prendre en compte. L’équilibre entre l’adaptation du ski et le développement de la diversification est notre objectif pour un avenir durable sur notre territoire ».
Tous les opposants à ce projet de cinquième retenue collinaire sur la Clusaz se réjouissent évidemment de ce moratoire. « Si cette décision est prise dans l’attente des décisions de justice, nul doute que l’évolution rapide du climat alpin a joué son rôle », écrit Mountain Wilderness dans un communiqué. L’association qui œuvre pour un rapport à la montagne fondé sur le respect des hommes et de la nature voit dans cette décision un motif d’espoir : « Le moratoire annoncé par la commune doit être saisi comme une opportunité pour relancer un véritable travail collectif à la Clusaz et dans tout le massif des Aravis. Oui, des désaccords demeurent. Ils ne doivent cependant pas être des blocages mais des leviers pour réfléchir en intelligence collective et ouvrir une nouvelle page, avec tous les acteurs du territoire, pour l’avenir des Aravis ! Et les Aravis pourraient devenir un exemple inspirant pour les transitions ! »
Pour autant, ce moratoire ne signifie pas un abandon du projet de cette retenue collinaire de la Colombière. Dans un entretien accordé à nos confrères du Dauphiné Libéré, Didier Thévenet rappelle que « La Clusaz a réellement besoin d’eau. C’est un sujet primordial pour nous. » (un tiers des 150 000 m3 de cette retenue sont destinés à l’alimentation en eau des habitants). Et de conclure : « C’est pour ça que nous ne lâchons rien et que nous allons muscler notre projet, dans le respect de la justice et de la loi. »