Un excellent début de saison pour le nordique

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Si elle impacte négativement l’activité touristique globale des stations, la fermeture des remontées mécaniques depuis le début de l’hiver a toutefois bénéficié aux activités nordiques (ski de fond, raquettes, chiens de traîneaux, fatbike…), qui restent autorisées. Grâce aussi à de bonnes conditions d’enneigement pendant les vacances de Noël, les chiffres de fréquentation des sites sont très bons, voire explosent, sur l’ensemble des massifs français. Les explications de Thierry Gamot, président de Nordic France.

Actumontagne : Quel est le bilan chiffré des premières semaines de l’hiver pour les sites nordiques français ?
Thierry Gamot : A la fin des vacances de Noël, on était à + 30 % de chiffre d’affaires (autrement dit de redevance sur les forfaits de ski de fond) par rapport à l’hiver passé. Ce sont des chiffres exceptionnellement bons, sur l’ensemble des massifs (lire encadré ci-dessous). Certains sites – plutôt de petite taille – ont même enregistré à la fin des vacances de Noël un chiffre d’affaires deux fois supérieur à celui réalisé sur la totalité de l’hiver 2019-20, qui avait déjà été une bonne saison !

© Thomas Hytte / Klip.fr

Comment expliquez-vous ces très bons résultats ?
Il y a plusieurs facteurs. Le premier, c’est le très bon enneigement dans l’ensemble des massifs français. Au-delà, on travaille depuis plusieurs années en collaboration étroite avec l’Association nationale des Maires de Stations de Montagne et avec France Montagnes (dont on partage d’ailleurs les locaux à Francin, en Savoie), afin que le ski de fond et les activités nordiques en général collent vraiment aux attentes sociétales : déconnexion, ressourcement et reconnexion à la nature, conscience environnementale…Or ces tendances ont été accentuées par le contexte anxiogène liée à la Covid-19, avec la population française qui a un réel besoin de s’aérer pour évacuer le stress. Sans oublier la croissance des sports cardio comme le trail ou le ski de fond depuis quelques années. Enfin, bien sûr, nous avons bénéficié d’un report non négligeable de la clientèle du ski alpin vers le ski de fond, en raison de la fermeture des remontées mécaniques. Les retours ont été plutôt positifs, avec des gens ravis d’avoir découvert de nouvelles activités.

© Thomas Hytte / Klip.fr

Justement, comment capitaliser sur cette nouvelle clientèle ?
Nous n’avons pas de chiffres précis sur cette clientèle issue du ski alpin, et il est évidemment trop tôt pour savoir si cette tendance se confirmera à l’avenir, lorsque les remontées mécaniques auront pu rouvrir. Après, nous n’avons pas la volonté d’opposer le ski alpin et le nordique, parce que c’est désolant d’avoir les remontées mécaniques fermées. Il ne faut pas oublier que sur quasiment tous les sites nordiques, il y a aussi du ski alpin. Mais il est certain qu’il faut continuer les efforts entrepris depuis plusieurs années en termes de communication. Le ski de fond souffrait d’une image soit trop ringarde, soit à l’inverse trop sportive. On a réussi à mettre davantage en avant le besoin de calme, le silence de la nature, l’authenticité, la sérénité… On a développé, ces dernières années, des opérations de découverte des activités nordiques (qui s’appellent les Festi Nordic, notamment dans les Alpes du Sud ou en Savoie Mont-Blanc), et elles vont continuer. Nous n’avons pas lancé d’opérations spécifiques liées à la Covid-19, mais disons que celle-ci a quelque part permis de valoriser le travail que nous avons fait depuis plusieurs années. Après, cette pandémie nous a tout de même obligé à innover, comme l’illustre la formule digitale de la Foulée Blanche 2021.

Thierry Gamot, président de Nordic France © DR

À plus long terme, réfléchissez-vous à une évolution de l’offre nordique en France ?
Oui, bien sûr ! La plupart des quelque 200 sites nordiques dans notre pays sont situés entre 1000 et 1200 m d’altitude, et seront donc directement impactés par le changement climatique dans les années à venir. Ce n’est pas parce qu’il y a jusqu’à présent un bon enneigement cet hiver que ce sera forcément le cas les prochaines saisons. Il y a un peu plus d’un an, Nordic France a lancé une étude stratégique sur la situation des sites nordiques à l’horizon 2030. Nous devrions la terminer au mois de juin, et présenter ses conclusions à l’automne 2021. L’une des pistes d’évolution est de ne plus uniquement être des centres d’accueil de ski de fond. Ceux-ci doivent se tourner davantage vers la multi-activités, avec par exemple le trail ou le fatbike, afin de pouvoir travailler indépendamment de l’enneigement.

Pour revenir sur l’hiver en cours, êtes-vous confiant pour la suite ?
L’avenir est un énorme point d’interrogation, mais je reste plutôt confiant. Il est certain qu’on a été inquiet à la fin novembre, lorsque Emmanuel Macron a annoncé que les stations de ski resteraient fermées. On a bien compris que le problème principal était celui de la saturation des hôpitaux, et qu’on ne pouvait pas se permettre d’engorger les urgences à causes d’accidents lors d’activités de loisirs. Mais l’accidentologie du ski de fond est quasiment nulle, et ne représente même pas 1 % de celle générée par le ski alpin. On a ainsi réussi à convaincre le gouvernement d’autoriser l’ouverture des sites nordiques, tout en mettant en place un protocole sanitaire adapté pour éviter les contaminations sur les rares zones sensibles (port du masque dans les zones d’accueil et jusqu’au départ des pistes, fermeture des salles hors-sac, personnel supplémentaire pour l’accueil et la billetterie sur certains sites, développement de la vente en ligne des forfaits…). Les sites nordiques devraient donc pouvoir rester ouverts.

Propos recueillis par Martin Léger

Une fréquentation record des domaines nordiques

Selon la note de conjoncture que vient de publier Nordic France, la fréquentation des 200 sites nordiques de France est excellente depuis le début de l’hiver, certains sites ayant déjà atteint voire dépassé leur niveau de redevance annuel moyen. La Haute-Savoie enregistre une augmentation de +90 % des redevances nordiques sur les deux semaines des vacances de Noël, et de + 30 % depuis l’ouverture de la saison. En Isère, quelques petits sites ont déjà largement dépassé le chiffre d’affaires de l’ensemble de la saison dernière, et les grands sites sont à des niveaux impressionnants (jusqu’à deux fois l’année précédente lors des vacances de Noël). En Savoie, une grande partie des domaines ont déjà dépassé les 50 % de leur CA de 2019-20, qui était déjà une saison de référence. Dans la Drôme, le CA de l’ensemble des sites a atteint 2,5 fois le CA moyen sur la période de Noël. Dans les Alpes du Sud, 25 000 forfaits journées ou 3h ont été vendus pendant les vacances de Noël, contre 14 000 l’an passé sur la même période (soit une augmentation de 80 % de la redevance), et le chiffre d’affaires des locations de matériel a doublé durant ces vacances.

© Thomas Hytte / Klip.fr

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