Après l’annulation en 2020 pour cause de Covid et une délocalisation à Romilly-sur-Seine l’an passé (au siège du Coq Sportif, sponsor de l’équipe de France olympique), la traditionnelle journée de présentation des équipes de France de ski et de snowboard, lundi 10 octobre, a retrouvé son cadre habituel à Paris, au Pavillon Gabriel, à quelques centaines de mètres de l’Elysée.
L’hiver semble encore loin, pour le grand public, mais il est pourtant très proche pour les athlètes, puisque les premières épreuves de coupe du monde de la saison auront lieu dès les 22 et 23 octobre à Sölden, pour les habituels slaloms géants qui ouvrent la coupe du monde de ski alpin. Pour les Clément Noël, Quentin Fillon-Maillet, Emilien Jacquelin et autres Tess Ledeux, présents pour ce grand raout au même titre que tous les athlètes et membres de l’encadrement des équipes de France A, cette journée de présentation aux partenaires, aux institutionnels et aux médias constitue toujours une étape importante. « Elle fait monter d’un coup l’excitation et la motivation pour cette nouvelle saison », résume Tessa Worley.
Comme à chaque rentrée, il y a toujours des petits nouveaux qui débarquent. Dans les staffs des différentes équipes, mais aussi cette année à deux postes stratégiques de la Fédération Française de Ski, en l’occurrence ceux de président et de directeur technique national (DTN). Elu au début de l’été (il a succédé à Anne-Chantal Pigelet-Grévy, restée à peine un an après Michel Vion), Fabien Saguez a profité de cette journée pour présenter les grandes orientations de son mandat. « C’est le sport qui nous intéresse le plus, à la fois au niveau des compétitions et des équipes de France qu’à celui des licenciés de la FFS, dont je souhaite qu’ils puissent être heureux et prendre du plaisir », a d’abord expliqué celui qui était DTN jusqu’au printemps dernier. Avant d’embrayer sur « une gouvernance qui va changer, en prenant en compte tous les aspects de la responsabilité sociétale et environnementale ainsi que de la féminisation », puis d’évoquer les enjeux sociétaux et environnementaux.
Anticipant certainement sur les critiques des hérauts du ski-bashing, qui vont assurément se déchaîner dans le contexte actuel de crise énergétique, le nouveau président de la FFS a rappelé que « le monde de la montagne est depuis longtemps très soucieux de son environnement. Cela fait des décennies qu’on se pose des questions sur la façon dont on utilise notre eau ou dont on se chauffe. Mais il est certain que la FFS doit œuvrer auprès de la Fédération Internationale de Ski pour la cohérence des calendriers de compétition et réduire l’empreinte carbone. » Une critique à peine voilée du planning de la coupe du monde de ski alpin messieurs, qui verra les athlètes repartir aux Etats-Unis dans la foulée des championnats du monde de Courchevel-Méribel, puis revenir en Europe (en Slovénie puis en Andorre) pour les deux dernières étapes de l’hiver…
Celui qui, à partir du 1er novembre, va lui succéder au poste de DTN, Pierre Mignerey, a de son côté mis en avant les objectifs sportifs (ceux des équipes de France) mais aussi de développement, « afin de bâtir un système qui nous amènera des médailles jusqu’aux Jeux Olympiques de 2026 et même au-delà ». L’ancien directeur du ski de fond à la Fédération internationale de ski a aussi souligné que sa provenance – issu de l’univers nordique – n’avait « pas beaucoup d’importance. Fabien Saguez venait de l’alpin, mais ça ne l’empêchait pas de s’intéresser aux autres disciplines. Le travail en équipe est très important, c’est la seule façon d’aborder les défis qui nous attendent. De la base (les clubs) aux équipes de France, tout le monde doit travailler dans la même direction. »
Pendant une heure quarante-cinq environ, on a également vu défiler sur la scène du Pavillon Gabriel les différentes équipes (dans l’ordre skicross, saut/combiné nordique, ski de fond, snowboardcross, ski freestyle, biathlon, ski alpin dames, ski alpin messieurs), des représentants des partenaires principaux de la FFS, mais aussi Bernard Front et Perrine Pelen, respectivement président et directrice générale des championnats du monde de ski alpin de Courchevel-Méribel. Un événement mis en lumière dans le discours d’Amélie Oudéa-Castera, évoquant les « 20 000 spectateurs attendus chaque jour, les 500 millions de téléspectateurs, 600 skieurs de 75 nations venant se disputer 54 médailles ». Au cœur d’un discours où il a aussi été question des douze épreuves de coupe du monde qui seront organisées cet hiver dans onze stations françaises, du soutien de l’Etat à travers « 68 conseillers techniques sportifs dans la FFS, qui vous accompagnent pour développer votre projet, tant sur le plan des pratiques que de la quête de la haute performance », du Plan Avenir Montagne, d’exemplarité écologique ou encore des JO de Paris 2024, la Ministre des Sports aura détendu malgré elle l’assistance, en évoquant les 103 podiums dont 29 victoires en coupe du monde de l’hiver passé, ainsi que les 13 médailles olympiques ramenées de Pékin, dont cinq pour le seul Quentin Fillon-Maillet, « confirmant la bonne santé du biathlon français, trente ans après le fabuleux doublé de Fabrice Guy et Sylvain Guillaume aux Jeux Olympiques d’Albertville (sic) ». Visiblement, la personne chargée de préparer le discours de la ministre (le stagiaire de troisième ?) devait penser que le combiné nordique est l’une des épreuves du biathlon (au même titre que le sprint, la poursuite, l’individuel, la mass-start et les relais), et ne connaissait pas les noms d’Anne Briand, Corinne Niogret et Véronique Claudel, sacrées championnes olympiques de relais en biathlon en 1992.
Quelques bons mots – volontaires ceux-ci – sont également sortis de la bouche des athlètes ou chefs d’équipe qui ont défilé sur scène. Citons le skieur de bosses Benjamin Cavet, évoquant le nouvel encadrement : « J’ai maintenant couru avec tous mes coachs (l’entraîneur Jules Escobar et le responsable de groupe Albert Bedouet, anciens coéquipiers du skieur de Châtel, ndlr). Désormais, je n’ai plus le droit de boire des bières avec eux, nos relations seront strictement professionnelles ! ». Mais aussi le chef d’équipe du ski alpin féminin, Lionel Pellicier, qui au moment de présenter Tessa Worley, a parlé d’une « petite jeune, retenez son nom ». Et aussi David Chastan, son pendant chez les messieurs, visiblement d’humeur badine, « refusant » de rendre le micro à Géraldine Weber (la journaliste d’Eurosport qui animait cette présentation en compagnie de son confrère de France Télévisions Alexandre Boyon), arguant qu’il « était parti à trois heures du matin de chez [lui], il faut bien que je rentabilise ma journée » (en monopolisant la parole). Bref, une rentrée studieuse… mais détendue.
Martin Léger
Photo de une : L’équipe de France de skicross, avec de gauche à droite Alizée Baron, Marielle Berger-Sabbatel, Jade Grillet-Aubert, Terence Tchiknavorian, Morgan Guiponi-Barfety, Bastien Midol, Michel Lucatelli (responsable de l’équipe) et Fabien Bertrand (directeur du ski freestyle) © Martin Léger