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Le Snooc a le vent en poupe !

Avec la non-ouverture des remontées mécaniques cet hiver, les activités alternatives au ski alpin ont la cote en station. Le Snooc, un engin hybride qui permet de monter en ski de randonnée et de descendre en luge (de type paret), est ainsi pris d’assaut. En particulier dans les stations où les écoles de ski le proposent à leur catalogue, comme à Chamonix, Les Houches, Morillon ou encore Les Saisies.

Une paire de skis de randonnée de 1,35 mètres de long et 100 mm au patin (soit la largeur standard d’un ski « fat », prévu pour la poudreuse), sur lesquels sont montées des fixations souples (permettant ainsi d’utiliser n’importe quel type de chaussures, par exemple des après-skis) à la montée. Pour descendre, les deux skis se superposent, et il ne reste plus qu’à y installer un siège doté d’un amortisseur carbone et un manche télescopique (qui pèsent 1,9 kilos et se transportent aisément dans un sac à dos de 30 litres), la transformation vous prenant entre 3 et 5 minutes. Vous voici aux commandes d’une luge de type paret. « L’avantage, c’est qu’il faut à peine 5 à 10 minutes pour maîtriser l’engin à la descente. Même un non-skieur, ou quelqu’un qui ne peut pas skier à cause de douleurs (dos, genou…), peut sans problèmes l’utiliser.Personnellement, l’hiver dernier, j’étais blessé au genou. Je ne pouvais pas enseigner en ski alpin, mais j’ai pu quand même travailler grâce au Snooc », explique Jean-Charles Poirot, moniteur à l’ESF Chamonix. Il a fait partie des tout premiers « pulls rouges » à proposer le Snooc l’an passé (aux Planards), et il est devenu lui-même formateur pour ses collègues : « L’hiver dernier, j’ai formé douze moniteurs de l’ESF Chamonix à la version downhill du snooc (déjà transformée en luge, elle s’utilise avec les remontées mécaniques). Et cette année, 40 moniteurs de toute la vallée de Chamonix sont venus se former sur la version touring (celle décrite au début de l’article). »

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En descente, l’utilisateur du Snooc est assis 20 cm au-dessus du sol © Art Prism

C’est forcément cette dernière qui est plébiscitée depuis le début de l’hiver. Cyril Colmet-Daâge, l’inventeur du Snooc (commercialisé depuis janvier 2016, d’abord uniquement en version touring), précise : « On avait surtout travaillé pour se rapprocher des exploitants de remontées mécaniques en amont de la saison, avec nos modèles downhill ,qui ont vu le jour en 2018. Du coup, on n’avait pas un énorme stock de Snooc touring – une centaine – qu’on a entièrement vendu cet hiver ! On regarde actuellement avec nos fabricants pour relancer la production, en espérant pouvoir livrer entre 100 et 150 unités vers la fin février. »

Passerelle vers le ski de rando

Après Chamonix la saison passée, deux autres ESF ont ajouté cet hiver le Snooc à leur catalogue, avec un succès quasi instantané. « A Morillon, on a formé les moniteurs le 27 décembre. L’activité a été proposée à partir du 28 décembre, et les premiers clients sont venus le 30 décembre ! Il y a eu une à deux sorties par jour jusqu’à la fin des vacances de Noël, et depuis deux à trois par semaine. Il faut compter de 95 à 130 euros – prix total pour deux personnes – pour une session de 2h30 à 3h, plus 18 euros par personne pour la location du Snooc à la demi-journée », indique Cyril Colmet-Daâge.

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Les fixations souples du Snooc permettent d’utiliser n’importe quel type de chaussure. © Edouard Girard

Avec 45 % de non-skieurs parmi les vacanciers de Chamonix, il y avait déjà un bon potentiel pour toucher une nouvelle clientèle. La non-ouverture des remontées mécaniques a permis d’accélérer cette tendance. « C’est une activité un peu à mi-chemin entre les raquettes et le ski de rando, vers lequel le Snooc peut constituer une passerelle. La seule limite, c’est qu’on n’a ni couteaux ni cales de montée, du coup on ne peut pas évoluer à la montée dans des pentes vraiment raides ou des dévers. Mais on peut quand même aller à de nombreux endroits. A la descente, c’est très maniable, avec une sensation proche du ski alpin, tout en ayant un sentiment de sécurité accru, parce qu’on est seulement à 20 cm au-dessus du sol, avec les deux pieds qui touchent celui-ci. Ça va bien aussi en poudreuse, à condition toutefois qu’il y ait assez de pente. Avec 20 centimètres de neige fraîche et une pente inférieure à celle d’une piste bleue, on aura tendance à s’arrêter souvent. Mais sur une rouge avec 60 cm de poudreuse, il n’y a aucun problème. Et plus la neige est dure, plus c’est facile, parce que le ski accroche très bien. Il n’y a vraiment que dans une neige croûtée où ça pèche », détaille Jean-Charles Poirot.

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A droite le Snooc « touring » version montée (deux skis de randonnée de 1,35 m de long avec des fixations souples), à gauche tel qu’il se présente à la descente, semblable à un paret. © Bastien Taugis

Que vous soyez skieur ou pas, il y a de fortes chances que vous reveniez avec la banane après une session de ce « ski de randonnée-luge ». « Je n’ai eu que des retours positifs, les clients ont envie de recommencer. L’hiver dernier, j’avais pas mal de non-skieurs qui sont venus faire une session Snooc downhill avec moi, puis qui ont ensuite pu utiliser l’engin sur le domaine skiable alpin, avec leurs amis skieurs », explique Jean-Charles Poirot. Autant dire que ce dernier est plus que conquis par cet engin, encore relativement confidentiel (un peu moins de 2000 Snooc ont été vendus depuis le début de l’aventure, en 2016), mais qui lui a permis de travailler un minimum : « Sans le Snooc, je n’aurais pas du tout travaillé l’hiver dernier puisque j’était blessé et je ne pouvais pas faire de ski alpin. Cette saison, ça m’a permis de garder l’équivalent d’un mi-temps pendant les vacances de Noël, qui représentent normalement entre 20 et 30 % de mon chiffre d’affaires annuel. »

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Doté d’une excellente accroche, le Snooc est très efficace sur la neige dure. © Art Prism

Si la non-ouverture des remontées mécaniques constitue d’une certaine manière un formidable accélérateur pour le développement de l’activité, elle ne réjouit pas pour autant l’inventeur du Snooc : « Bien sûr, ça permet de faire connaître l’engin, puisque nous proposons aussi des animations pour les offices du tourisme en dehors des prestations pour les écoles de ski, avec par exemple la découverte gratuite et encadrée du Snooc touring tous les mercredis à Praz-sur-Arly, ou une zone de découverte et tests gratuits à Morillon, avec un petit slalom parallèle. Mais on est malgré tout perdant financièrement à court terme, puisque nous réalisons normalement 80 % de notre chiffre d’affaires grâce à la vente de modèles downhill aux exploitants de remontées mécaniques », conclut Cyril Colmet-Daâge.

Martin Léger

Photo de une © Edouard Girard

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