À l’initiative du Cluster Montagne, la filière nordique est revenue sur son bilan de l’hiver écoulé, marqué par des fréquentations records. Beaucoup de sites ont vu leur chiffre d’affaires multiplié par deux par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le site de Beldina aux 7Laux en Isère a même vu le sien multiplié par dix, passant de 8000€ à 80 000 € !
Pour Guillaume Maurel, directeur de Haute-Savoie Nordic, gestionnaire du site Les Glières, l’un des plus importants en Savoie Mont-Blanc, ces scores 2021, impressionnants, s’inscrivent néanmoins dans une dynamique de progression constante du nordique depuis 5 ans. « Je pense que ces chiffres vont devenir la norme et que la filière va profiter de l’excellente image du ski nordique, plus en phase avec les aspirations sociétales que le ski alpin ». Et de rappeler que le profil type du fondeur senior a fait long feu et que cette glisse venue du nord attire un public de plus en plus soucieux de sa forme.
La fermeture des remontées mécaniques et un bon enneigement ont néanmoins mis cet hiver sur le devant de la scène comme jamais le nordique, attirant vers lui de nouvelles clientèles. Tout l’enjeu pour la saison prochaine et au-delà, est de savoir si les sites nordiques sont capables de conserver ces nouveaux pratiquants et de les accueillir dans de bonnes conditions.
Car les cinq gestionnaires de sites nordiques témoins lors du webséminaire du Cluster Montagne, Bessans (73), Chamrousse (38), La Clusaz (74), Les Glières (74) et le Plateau du Retord (01), ont évoqué le revers de la médaille de cette déferlante : congestion des accès routiers, saturations des parkings et des toilettes, parcs de matériels locatifs insuffisants, déchets à la pelle, problèmes de cohabitation entre les usagers… Sans parler des incivilités ou encore des dégradations du milieu naturel, plus par méconnaissance de la montagne que par volonté de lui porter atteinte.
Cet hiver historique, mais « compliqué » pour les gestionnaires de sites nordiques, les pousse à repenser les infrastructures d’accueil, bien sûr, mais aussi à se positionner sur une offre multiactive et multisaisons. « Beaucoup de nouveaux pratiquants que nous avons interrogés nous ont dit qu’ils souhaitaient renouveler leur expérience à l’avenir », se félicite Jean-Philippe Montfort, directeur de l’Office de Tourisme de La Clusaz. Les mordus de ski alpin, venus au ski de fond par opportunisme, n’écartent pas, une fois les domaines alpins rouverts, de mixer les glisses lors de leurs prochaines vacances aux sports d’hiver.
« Cette saison, nous avons exploré avec succès la dimension ludique du nordique avec des espaces adaptés », explique Laurent Vidal, directeur de Bessans, dont le chiffre d’affaires a bondi de 80%. « Les gens pouvaient faire dix activités différentes, dont du fatbike ou du chien de traineau ». À Chamrousse, dont le chiffre d’affaires nordique a progressé de 60% -mais il aurait pu être encore supérieur si les loueurs avaient eu davantage de matériel-, Marius Dompnier, directeur adjoint de l’OT, s’interroge sur le taux de conversion possible des pratiquants nordiques 2021 pour la saison 2022. Pour lui aussi, tout dépendra de la capacité des opérateurs à proposer des séjours multiactivités.
Nordic France milite d’ailleurs en faveur du passage d’une garantie neige à une garantie activité de la filière. Un axe stratégique, qui au-delà d’une communication positive et incitative pour le nordique, permet également de s’affranchir d’un enneigement de plus en plus aléatoire, avec le réchauffement climatique.