Déplacer les bornes -Histoires de frontières en Savoie, c’est le titre de la nouvelle exposition thématique qui vient de s’installer dans la Grange batelière de l’abbaye de Hautecombe, à Saint-Pierre-de-Curtille. Elle succède à Mines de Montagne, vue par plus de 60 000 visiteurs au terme de trois saisons estivales passées dans ce superbe écrin datant du XIIe siècle, situé à deux pas du débarcadère d’Hautecombe sur la rive occidentale du lac du Bourget.
Soucieux de mettre en avant dans ce lieu historique un versant méconnu du patrimoine savoyard, les équipes de la Conservation départementale de Savoie, dirigée par Jérôme Durand, ont exploré le thème de la frontière des États de la Maison de Savoie. De fait, comme l’a rappelé son prédécesseur, Philippe Raffaelli, lors de l’inauguration de l’exposition le 7 juillet dernier, son périmètre géographique a beaucoup fluctué depuis l’Antiquité, au gré des conflits et de leurs alliances diplomatiques. La dernière rectification de la frontière remonte à 1947. C’est l’année du Traité de Paris signé entre les Alliés, vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, et les perdants, dont l’Italie. Celle-ci doiy céder à la France plusieurs centaines de kilomètres carrés de son territoire, notamment du côté du col du Petit-Saint-Bernard, du plateau du Mont Cenis et du Mont Thabor, zones frontalières avec la Savoie.
Séparation et trait d’union entre les peuples
Véritable voyage à travers l’histoire, l’exposition, dont la scénographie a été réalisée par le studio Différemment selon le principe de l’anamorphose, se décline en cinq parties. Au-delà de la question technique du bornage, elle explique avec force détails, illustrations, objets, sons et animations, comment l’on franchissait les obstacles naturels que constituent les Alpes et les cours d’eau. Le parcours évoque les contrôles douaniers, avec la reconstitution à l’identique du poste frontière du col du Petit Saint-Bernard.
Il aborde évidemment le phénomène de la contrebande, avec en figure de proue le fameux Louis Mandrin. Bête noire des Fermiers généraux qui collectaient les impôts indirects dont ils reversaient une partie seulement au roi Louis XV, le « Robin des Bois français » se réfugia souvent en Savoie pour échapper aux troupes françaises !
Déplacer les bornes – Histoires de frontières met aussi en lumière les fortifications militaires, en particulier les forts de la ligne Maginot des Alpes ou encore la vie des habitants proches des frontières pour qui ces délimitations ne signifiaient pas forcément séparation, mais aussi trait d’union entre les peuples via de fructueux échanges commerciaux et culturels.
Des médiations pour le public familial
L’exposition s’adresse à tous les publics et notamment aux enfants, avec un parcours famille, Le voyage dont tu es le héros. Une médiation amusante pour les 7-12 ans permettant de comprendre la notion de frontière en se glissant dans la peau d’un colporteur en route pour Turin depuis Lyon. Un kit de jeu est à disposition à l’accueil (carnet de voyage, pièces de monnaie, papiers administratifs divers…).
Le mercredi 19 juillet, spectacle Frontière(s), avec une comédienne, un contrebassiste et un musicien multi-instrumentiste de la compagnie (Mic)zzaj et du Collectif Philomène. Quatre représentations de 25 mn sont programmées dans l’après-midi (en accès libre, sans réservation).
Jusqu’au 24 septembre, entrée libre et gratuite de 13h30 à 18h tous les jours sauf le mardi. Visites guidées sur demande au 06 47 99 43 97