Huit tableaux en quête d’auteur au musée de la Grande Chartreuse

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Au désert, la quête d’un homme, c’est le nom de la deuxième exposition temporaire de cette saison 2019 du musée de la Grande Chartreuse, à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Elle a pris place dans la grange de la Correrie, sous la charpente monumentale de cet édifice qui était encore il y a quelques années une ferme !  Elle commence à la manière d’une enquête.  Huit tableaux relatant des épisodes de la vie de saint Bruno, le fondateur de l’ordre des Chartreux, sont présentés et contextualisés. « Ces œuvres, qui en 1957 ornaient l’église de ce qui deviendra le musée de la Grande Chartreuse, sont le reste d’une collection de vingt-deux pièces, dont la majeure partie a mystérieusement disparu », glisse malicieusement Philip Boyer, le directeur du musée.

D’où viennent ces tableaux, quelle est leur histoire et surtout de qui sont-ils ? Copies d’une œuvre majeure conservée et exposée au Louvre, le Cycle Saint-Bruno, peint par Eustache Le Sueur en 1645, ces tableaux pourraient avoir été réalisés en partie par ce dernier, surnommé le Raphaël français !

La déambulation s’intéresse donc à cet éminent artiste-peintre et à son siècle, le XVIIe. Mais aussi à la commande des originaux et à ces copies parvenues jusqu’à nous. L’on apprend ainsi que les 22 tableaux originaux étaient destinés au petit cloître de la chartreuse de Paris, dite chartreuse de Vauvert. Érigée entre 1276 et 1310 sur le modèle de la Grande Chartreuse, elle occupait un vaste domaine au sud de la capitale. Il n’en reste aujourd’hui qu’un ultime vestige, l’hôtel de la Questure du Sénat.

La commande des vingt-deux-tableaux sur la vie du fondateur de l’ordre des Chartreux est le point de départ de la carrière et la fortune d’Eustache Le Sueur, mort à seulement 38 ans en 1655. Son sens de l’esthétique, l’élégance et la pureté du style ou encore la rigueur de la construction de ses compositions font référence. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la peinture classique française, aux côtés de Nicolas Poussin et Charles Le Brun.

En écho à ces huit tableaux, le musée a fait intervenir trois sculpteurs et cinq peintres contemporains ayant eux aussi travaillé sur le désert, Bruno et Hugues, ou encore la vie contemplative : François-Xavier de Boissoudy, Augustin Frison-Roche, Roger Garin, Patrick Jager, Christophe Masseron, Luc de Moustier, Jean-Marc Paubel ou encore Cornel Barsan. C’est par l’impressionnante installation de ce dernier que s’achève l’exposition. L’artiste roumain a exploré la symbolique du chiffre 7, allusion à saint Bruno et à ses six compagnons qui l’accompagnèrent dans sa quête du désert. Le plasticien convoque les 7 dons de l’esprit Saint et les 7 péchés capitaux, les premiers sous la forme d’autant d’icônes dorées, les seconds sous celles d’étonnantes sculptures en grillage, autour desquelles le visiteur peut déambuler. Un dialogue entre époques inspirant et profond.

Exposition gratuite, à voir jusqu’au 4 novembre à la grange de la Correrie au musée de la Grande Chartreuse

 

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