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Alpinisme à l’aiguille d’Argentière

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La voie normale de l’aiguille d’Argentière est une course glaciaire accessible et très esthétique, qui emprunte le glacier du Milieu. En deux jours, vous atteignez les 3 900 mètres du sommet, et surtout la vue exceptionnelle sur le bassin d’Argentière et ses cimes mythiques. À vos crampons !

Au départ d’Argentière, le téléphérique des Grands Montets vous propulse à 3 295 mètres, sur l’aiguille du même nom. D’entrée de jeu, vous voilà au cœur du sujet, avec l’aiguille d’Argentière en face de vous. Le glacier du Milieu, emprunté par la voie normale, paraît bien raide, comme tout itinéraire vu de face et à distance. Ne vous laissez pas impressionner, plus on se rapproche, plus ça « s’humanise ».
Le premier jour n’est pas trop violent, puisque la « montée en refuge » traditionnelle est remplacée par une descente et une marche assez plate  sur le glacier d’Argentière. Essayez en revanche de ne pas arriver trop tard pour que la neige soit encore dure (progression plus aisée et crevasses moins dangereuses). Ne vous laissez pas abuser par la très grande facilité apparente de cette approche : le glacier recèle de nombreuses crevasses, et il vaut mieux être encordé, malgré les inévitables exemples contraires.
Le bassin d’Argentière est un grand amphithéâtre glaciaire entouré de sommets aussi prestigieux que les Droites, les Courtes, l’aiguille Verte ou le mont Dolent. Vous passez d’ailleurs  au pied du couloir Couturier, qui mène d’un jet de glace à l’aiguille Verte.  Il y a de quoi être subjugué, mais n’oubliez pas pour autant de regarder où vous mettez les pieds !
Pendant tout le cheminement, vous restez rive gauche du glacier d’Argentière, et vous ne traversez que lorsque vous arrivez en face du refuge. C’est la meilleure solution pour éviter les grosses crevasses de la rive droite. Selon l’adage qui affirme que « toute trace n’est pas bonne à suivre », ne coupez pas en diagonale pour gagner du temps aux dépens de votre sécurité. Lorsque vous arrivez rive droite, une sente vous emmène au refuge par une courte montée. De là, vous pouvez apprécier la vue sur le bassin d’Argentière et la consommer sans modération.

Droit vers le sommet

Le lendemain, départ avant l’aurore par un bon sentier qui commence au bout de la terrasse du refuge. Malheureusement le sentier ne dure pas, et vous devez traverser  en diagonale ce gros tas de cailloux qu’on appelle  moraine. Cela permet de prendre pied sur le glacier du Milieu, qui mène directement au sommet. L’itinéraire n’est donc pas trop compliqué ! Il s’agit de remonter le glacier en son centre, puis vers la gauche, zone moins crevassée. Revenez ensuite au milieu pour franchir la rimaye, une crevasse qui marque la rupture de pente du glacier. Il ne reste plus qu’à gravir la grande pente terminale, inclinée à 40/45°, pour arriver à un col. Traversez ensuite à droite vers le sommet (3 900 m). Vous pouvez aussi choisir de poser votre sac au sommet ouest (3 877 m), beaucoup moins fréquenté, en empruntant une courte arête aérienne à gauche du col.
Là, l’oxygène se fait plus rare, mais la vue plus somptueuse encore :  vous dominez le bassin d’Argentière, l’un des plus beaux spectacles du massif du Mont-Blanc, et de l’autre côté le glacier de Saleina, en Suisse, puisque l’aiguille d’Argentière se situe à la frontière.
La descente s’effectue par le même itinéraire, mais lorsque vous avez quitté le glacier du Milieu, il vaut mieux descendre du côté droit de la moraine avant de traverser à gauche, pour ne pas rester sous le glacier et vous exposer aux nombreuses chutes de pierres (la nuit, le gel empêche ces chutes). Gardez encore quelques forces pour traverser le glacier d’Argentière et remonter au téléphérique, en jetant un dernier regard sur cette cime élancée que vous venez de gravir.

Jeanne Palay

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