Au Grand-Bornand, le spectacle vivant retrouve le sourire

Après un été 2020 off pour cause de pandémie, Au Bonheur des Mômes, le festival international de spectacles vivants pour le jeune public, revient du 23 au 27 août dans la station des Aravis. Une 29e édition raccourcie et allégée par rapport aux précédentes en raison des contraintes sanitaires, mais avec toujours le même esprit d’exigence artistique, de malice et d’impertinence. Actumontagne a tendu le micro au binôme aux commandes, Isabelle Pochat-Cottilloux, directrice de Grand-Bornand Tourisme, et Alain Benzoni, directeur du Théâtre de la Toupine, fondateur de cet « Avignon des enfants » qui fêtera ses 30 ans en 2022.

Actumontagne : Vu le contexte, cette 29e édition du festival, dite « désarticulée », a-t-elle été difficile à maintenir et à monter ?
Isabelle Pochat-Cottillon
: Il a fallu faire preuve d’adaptation, une qualité facilitée par notre expérience et par notre envie très forte de mettre en œuvre cette édition 2021. En tant que festival international, nous voulions absolument soutenir le spectacle vivant, répondre à l’attente du public après un an et demi de diète culturelle. Enfin, nous tenions à terminer cet été 2021 sur une note joyeuse et optimiste avant la rentrée. A ce jour, 90% des places sont vendues. Il y a donc encore des billets disponibles pour ceux qui voudraient assister à un ou deux spectacles, tout en profitant des bienfaits d’une sortie à la montagne.

Alain Benzoni : Cette édition n’a pas été difficile à monter parce qu’on aime ce que l’on fait. Nous pratiquons le « Yagoût » savoyard. On y à goût tout le temps ! Ce n’était pas évident, nous avons changé plusieurs fois de plan, mais notre devise, c’est quoi qu’il arrive, ça joue ! Le spectacle vivant est déjà bien malade, il fallait donc que ce festival ait lieu. Même si cette édition ne représente qu’un tiers d’une édition normale, nous sommes heureux. Nous avons vraiment envie de rencontrer le public. Après un an et demi de cours à distance, de visioconférences, de visionnage à outrance de télévision et de plateformes numériques, l’un de nos slogans phares, Lâche tes écrans, viens voir du vivant, résonne comme jamais.

Au Bonheur des Mômes© G.Piel/Le Grand Bornand

Actumontagne : Vous parlez d’une édition « poids plume ». C’est à dire ?
I.P.C.
: Le format est plus court : cinq jours de festival contre six habituellement. De même, il n’y a « que » neuf lieux de spectacles -dont l’inédite grange aux étoiles à La Source-, contre 28 en temps normal. 22 représentations par jour au lieu de 62. De même, nous ne recevons que 35 compagnies contre plus d’une centaine en temps normal. Les jauges ont été abaissées. Par exemple, notre grande salle emblématique du Solaret, dont la capacité est de 550 places, n’en compte que 450. A la Grenette, nous accueillons d’habitude entre 1800 et 2000 personnes très serrées, là nous ne dépassons pas les 900 personnes. En raison du contexte sanitaire, les habitués ne retrouveront pas non plus les espaces de jeux à l’extérieur, les déambulations d’artistes de rue, ni la tente à lire… Pour autant, cette 29e édition nous permet de garder la dynamique et de nous préparer pour les 30 ans l’an prochain sur lesquels nous travaillons déjà.

Actumontagne : Cette édition 2021 reste-t-elle fidèle à l’esprit du festival et à son contenu artistique ambitieux ?
I.P.C. : Absolument ! Vous pouvez compter sur Alain Benzoni qui a concocté une programmation de grande qualité et qui respecte les valeurs du festival. Parmi elles, l’éco-responsabilité, un engagement qui remonte à plus de 25 ans pour le festival, une époque où l’on en parlait pas. Le festival oeuvre au vivre ensemble en accueillant des enfants différents avec des associations spécialisées.

Alain Benzoni : J’ai à cœur que dès tout petits, les enfants aient accès à la culture, rêvent, s’émerveillent, réfléchissent autrement que par les écrans. Nous ne prenons pas les enfants pour des imbéciles, ni pour des portes-monnaies à pattes. Les spectacles font passer des messages sur la différence, la tolérance, le racisme, tout en leur répétant « et surtout, surtout, ne soyez pas trop sages« . Les parents aussi trouvent leur compte au festival parce que dans les spectacles que nous programmons, il y a plusieurs niveaux de lecture. Nous aurions d’ailleurs tout à fait pu intituler le festival Au bonheur des familles…

Actumontagne : … mais ça sonne moins bien ! Quels sont les spectacles ou compagnies à ne pas rater cette année ?
Alain Benzoni : Je ne peux pas vous répondre parce que nous avons 35 compagnies cette année alors qu’il y aurait dû en avoir 120. Ce sont 35 coups de cœur évidemment ! Mais, j’ai des premières françaises, dont un spectacle visuel sur le peintre Paul Klee, proposé Addaura, des artistes catalans de Barcelone (dès 3 ans). Des créations spéciales pour le festival comme Polar par La Clinquaille, du théâtre de marionnettes (tout public dès 5 ans) ou le spectacle Et où l’océan, par la Fabrique des petites utopies, du théâtre d’objets et de marionnettes (dès 4 ans). Pour les plus jeunes, dès 3 mois, une très bonne compagnie, Héliotrope et son spectacle Fibres, du théâtre de matière, de marionnettes et de musique.

© G.Piel/Le Grand Bornand

Actumontagne :question pratique, quelles sont les conditions d’accès au festival ?
I.P.C
: Le pass sanitaire est obligatoire à partir de 18 ans pour l’accès à tous les lieux de spectacle du festival, mais pas pour les ateliers réservés à un public mineur. Le port du masque est en revanche obligatoire dès 11 ans (Ndlr : comme dans toutes les communes touristiques de Haute-Savoie). Tous les spectacles et ateliers sont sur réservations, même ceux étant gratuits. Du côté de l’organisation (compagnies, équipes techniques de l’OT, de la Toupine, les élus, les bénévoles…), programme de tests pour ceux qui n’ont pas de pass sanitaire. Pour le public, informé individuellement sur les règles sanitaires en vigueur en amont du festival, centre de tests Covid-19 sous l’office de tourisme, avec le soutien des professionnels de la santé et de l’ARS. L’idée, c’est de vivre avant tout de beaux moments de spectacle.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

©M.Bries

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