Depuis cet été, Chamonix célèbre le centenaire de la disparition de Gabriel Loppé. Peintre, alpiniste chevronné, mais aussi photographe, ce paysagiste de la montagne a contribué à faire connaître la vallée de Chamonix à l’époque de l’âge d’or de la conquête des Alpes. Cet anniversaire est l’occasion de redécouvrir cet artiste très apprécié en son temps, et dont l’œuvre, multiforme, a vu sa cote remonter.
C’est en 1849 que le peintre Gabriel Loppé (1825-1913), originaire de Montpellier, découvre Chamonix et la mer de Glace. Il y reviendra régulièrement jusqu’à sa mort en 1913, à 87 ans. Chamonix et ses glaciers permettent à ce contemporain d’Edward Whymper, d’assouvir ses deux passions, le dessin –la peinture, puis à partir de 1880 la photographie- et l’alpinisme. Selon ses biographes, Gabriel Loppé aurait à son actif plus d’une quarantaine d’ascensions du mont Blanc, dont une en 1861 avec les célèbres frères Bisson. Les photographes attitrés de l’Empereur sont à l’origine de son goût pour la photographie qui deviendra son mode d’expression favori.
Une montagne réaliste et épique
Grand amateur de courses hivernales et de haute montagne, Gabriel Loppé est considéré par les spécialistes de l’art pictural comme le précurseur des représentations de montagnes sous la neige. Eté comme hiver, ce peintre réaliste n’hésite pas à emporter son matériel avec lui pour saisir au plus près ces paysages montagneux qui le fascinent. Il les représente de façon grandiose et épique, tant dans le style que dans la forme, privilégiant souvent les très grands formats. Il expose avec succès à Londres, à Paris, à Genève, ouvre une galerie à Zermatt ainsi qu’une autre à Chamonix, où il installe un atelier. Cet espace présentera jusqu’en 1982 de nombreuses toiles du maître, avant d’être transformé en habitation.
Si son œuvre s’est beaucoup diffusée, notamment en Angleterre où Gabriel Loppé avait beaucoup de clients, Chamonix abrite de nombreux tableaux grâce aux Amis du Vieux Chamonix. L’association en a racheté une quarantaine lors de la dispersion de la collection au début des années 80, exposés au musée alpin et, pour les plus grands formats, au Majestic le centre de congrès de Chamonix.
Gabriel Loppé vouait une passion à Chamonix qui la lui rend bien aujourd’hui, en célébrant le centenaire de sa mort. Expositions, visites guidées, parcours culturels, conférences ou encore publications vont s’échelonner dans la capitale de l’alpinisme jusqu’au 18 mai 2014.
En place depuis cet été, l’exposition, Gabriel Loppé, artiste au sommet au musée alpin offre l’occasion de découvrir une centaine de ses peintures, gravures et dessins, certains connus, d’autres jamais exposés, prêtés par la famille de l’artiste. A partir du 10 septembre, c’est Loppé le photographe que la Maison de la Mémoire et du Patrimoine met en lumière avec une centaine de clichés sélectionnés parmi 900 images, appartenant à la famille de l’artiste. Ils témoignent là encore, de la capacité de Gabriel Loppé à saisir la beauté sauvage de la montagne.
Sophie Chanaron
© Gabriel Loppé/Collection privée