A l’occasion des JO de Vancouver, la Maison des jeux olympiques d’hiver ouvre grand la porte sur l’Arctique. Une région très convoitée et fragile, où vivent 4 millions d’hommes, dont 10% d’autochtones. Fort documentée, l’exposition Arctic 21 invite, entre autres, à découvrir l’art inuit, mode d’expression privilégiée de ce peuple, depuis plus de 4000 ans.
Jamais à court d’idées la Maison des jeux olympiques d’hiver ! Créé à Albertville, dans la foulée des Jeux de 1992, ce lieu, bien loin de s’essouffler, 18 ans après l’événement, enchaîne depuis, à intervalle régulier, les expositions temporaires pertinentes. Concoctées par Claire Grangé, sa directrice, elles mettent en relief la relation étroite entre le sport et la culture, bien souvent à partir de l’actualité du moment. En témoigne sa nouvelle exposition, qui fait écho aux jeux olympiques de Vancouver*. « L’emblème de ces jeux, l’ilanaaq, est une interprétation contemporaine de l’inukshuk, structure de pierres évoquant la silhouette humaine, devenue au fil des ans un symbole d’espoir et d’amitié», explique Claire Grangé. «En le choisissant comme emblème, les jeux de Vancouver mettent sous les feux de la rampe les populations autochtones du Canada et leur culture. A partir de là, j’ai eu envie de parler du peuple inuit et du milieu dans lequel il vit, l’Arctique». Elle s’adjoint les compétences de Cécile Pelaudeix, historienne de l’art, chercheur associé à Paris X-Nanterre, spécialiste de l’art inuit et de l’Arctique. C’est ainsi qu’est née l’exposition Arctic 21qui se focalise sur l’art et l’imaginaire inuit, la vie contemporaine en Arctique et les enjeux environnementaux de cette région couvrant les territoires les plus septentrionaux de l’Alaska, du Canada, de la Scandinavie et de la Russie. Près de 4 millions d’hommes vivent dans cet espace hostile, dont les ressources naturelles aiguisent les appétits. En effet, la fonte de la banquise rend leur accès plus facile par le passage du Nord-Ouest, qui pourrait autoriser le transport maritime de 120 à 140 jours par an, contre 30 aujourd’hui. Des enjeux qui feront également l’objet d’un cycle de conférences à la Maison des jeux.
Des bornes interactives pour sensibiliser les enfants
L’art inuit dans les galeries branchées
Mais l’intérêt majeur d’Arctic 21est sans nul doute d’avoir réuni un échantillon exceptionnel d’œuvres d’art inuits contemporaines. « Ces œuvres sont principalement issues de la collection Claude Baud, un spécialiste de l’art contemporain inuit », précise Cécile Pelaudeix, commissaire scientifique de l’exposition. « Il fait partie de ceux qui ont milité pour faire sortir l’art inuit des arts primitifs dans lequel on voulait l’enfermer, pour le faire entrer aux Beaux-Arts et dans les galeries d’art contemporain».
Sculptures, estampes, dessins, tapisseries, mais aussi vidéos et films ont été réunis pour l’exposition de la Maison des jeux. Ces objets d’art offrent aux visiteurs de la Maison des jeux, un étonnant panorama de la création artistique actuelle. Comme leurs pairs, ces artistes contemporains inuits, dont beaucoup sont originaires de Cape Dorset, haut lieu de l’art inuit au Canada, explorent le monde animal, la nature, la famille, les mythes et les légendes pour exprimer la vision qu’ils ont de leur civilisation, en pleine mutation à l’aube du XXIe.
Sophie Chanaron
Exposition Arctic 21, du 6 février au 2010 au 21 mai 2011 à la Maison des jeux olympiques d’hiver à Albertville
*Du 12 au 28 février 2010 (et du 12 au 21 mars pour les jeux paralympiques)
Photo de Une : Cécile Pelaudeix, commissaire scientifique d’Arctic 21, spécialiste de l’art inuit, devant l’une des œuvres inuits de l’exposition