La semaine passée, la société EmiControls (filiale à 100 % de TechnoAlpin, spécialiste de la neige de culture) a procédé à une désinfection complète de l’atelier d’Albertville du fabricant de dameuses Kässbohrer. Cette opération, qui s’appuie sur le savoir-faire issu de la fabrication de neige de culture, s’inscrit dans le cadre plus global de mesures de protection des salariés mises en place par la filiale française de Kässbohrer, permettant la poursuite de l’activité malgré l’épidémie de Covid-19.
Vingt minutes. C’est le temps effectif de l’opération de désinfection de l’atelier d’Albertville de Kässbohrer, menée mercredi 15 avril par EmiControls, et qui a coûté 2000 euros. « Si on ajoute le repérage préalable et l’installation des machines, cela aura nécessité une journée de travail. Cependant, si on était amené à répéter l’opération, il ne nous faudrait plus qu’une petite demi-journée », estime Vincent Guillet, le responsable commercial d’EmiControls.
Concrètement, cette désinfection s’est déroulée à l’aide d’un canon à débit d’eau très faible –s’apparentant à un canon à neige – qui a vaporisé l’agent désinfectant dans les 1200 m² de l’atelier. « Il s’agit d’une processus de brumisation de particules d’eau de 80 micro-mètres, soit environ 100 fois plus fines qu’une gouttelette d’eau normale. Elles retombent très très lentement, créant une sorte de brouillard, et vont épouser la forme de toutes les surfaces, jusque dans les moindres recoins », détaille Vincent Guillet. Double avantage : ces particules très légères ne mouillent pas (on peut donc laisser le matériel en place, y compris informatique, sans dommages) et l’agent désinfectant utilisé n’est pas nocif pour l’homme. Il peut donc être respiré et ingéré sans risques.
Ce n’est que depuis l’apparition du Covid 19 qu’EmiControls s’est lancé dans la désinfection. « Nous avons trois cœurs de métiers traditionnels : l’abattage des poussières sur les chantiers de déconstruction (en résumé, on mouille les poussières pour mieux pouvoir les évacuer) ; la lutte contre les odeurs (dans les centres de recyclages, pour le compost…) ; la lutte anti-incendies (les turbines vont projeter de l’eau afin de mieux la répartir qu’avec une lance à incendie classique) », explique le responsable commercial de cette filiale à 100 % de TecnoAlpin. Trois métiers qui ont en commun d’utiliser un savoir-faire issu de la fabrication de la neige de culture, dont le groupe italien est un acteur majeur. « Le dénominateur commun, c’est la qualité de la turbine et celle de la brumisation. Mais au lieu de chercher à avoir le plus gros débit –pour un canon à neige – on cherche ici au contraire à projeter la gouttelette la plus fine possible, en utilisant un minimum d’eau », poursuit Vincent Guillet.
Pour Kässbohrer ESE (le nom de la filiale française du fabricant allemand de dameuses), cette opération de désinfection constitue un complément logique à toutes les mesures mises en œuvre pour permettre la poursuite de l’activité tout en garantissant la sécurité sanitaire pour les salariés. « Nous n’avons pas eu le moindre jour d’arrêt depuis le début du confinement. Il faut dire que nous avons tout de suite mis en place les mesures barrières. Et pour limiter au maximum les risques de propagation du virus, l’accès au bâtiment est interdit aux autres personnes que les salariés. Après, il est plutôt facile de respecter la distanciation sociale lorsque seulement cinq personnes travaillent dans un atelier de 1200 m² », concède Didier Bic, le directeur général de Kässbohrer ESE.
Certes, les effectifs sont un peu plus réduits que d’habitude : « Il y a normalement 8 à 10 mécaniciens qui travaillent en permanence à l’atelier d’Albertville à cette époque de l’année. Et seulement 25 salariés sur 45 travaillent actuellement, principalement car les mécaniciens en stations sont à l’arrêt. » Pour autant, tout est mis en œuvre pour atténuer la réduction d’activité. « Nous souhaitons monter en puissance d’ici à l’automne, qui constitue notre plus grosse période d’activité. Ceci afin d’éviter de recourir alors aux heures supplémentaires et/ou de devoir payer des intérimaires, avec une qualité de travail dégradé », affirme Didier Bic.
Bien sûr, cette crise du Covid-19 a des conséquences économiques, avec notamment la chute de commandes de dameuses neuves. « Mais il pourrait tout de même y avoir un report sur l’achat de matériel d’occasion ou la révision de dameuses déjà dans le parc des exploitants. Nous aurons peut-être 8 à 10 millions d’euros de pertes, sur un chiffre d’affaires annuel qui est normalement d’environ 40 millions d’euros. Mais on ne va pas mettre la clé sous la porte, et nous ne devrions pas avoir besoin de licencier pour surmonter la crise. Ma priorité, c’est vraiment de garder mes salariés et leurs compétences », conclut le directeur général de Kässbohrer ESE.
Martin Léger
Photos © EmiControls