1210.jpg

Eté 2011 en montagne : la météo en cause, mais pas seulement

Oui la météo médiocre de juillet a pénalisé la destination montagne. Mais, en y regardant de plus près, c’est l’arbre qui cache la forêt. Des raisons structurelles en font une destination plus fragile aux aléas climatiques ou économiques, comme nous l’explique Guy Chaumereuil, directeur de la Grande Traversée des Alpes, à l’origine d’une vaste réflexion sur l’avenir de la montagne estivale.

actumontagne.com : A l’issue des premiers bilans de l’été 2011 publiés par le Secrétariat au tourisme et d’autres organismes, la GTA a diffusé un communiqué soulignant que les caprices de la météo ne sauraient expliquer à eux seuls le piètre bilan estival 2011 pour la montagne. Quel message voulez-vous faire passer ?
Guy Chaumereuil : Ce communiqué avait pour but, tout d’abord, d’acter le fait que la saison n’a pas été fabuleuse en montagne, contrairement au rivage méditerranéen et aux villes. Nous ne contestons pas les données. La mauvaise météo du mois de juillet a bien pénalisé la montagne, ainsi que la crise du pouvoir d’achat, la montagne, étant perçue, à tort ou à raison, comme une destination chère. Pour autant, nous avons voulu rappeler que depuis une quinzaine d’années, la stagnation, voire l’érosion de la fréquentation estivale de la montagne, traduit une fragilité plus élevée de celle-ci aux différents aléas, notamment climatiques, par rapport à la mer, les villes ou la campagne. Et cela pour des raisons d’ordre structurel : une offre peu caractérisée et pas assez diversifiée, ou encore la désaffection de la clientèle des 16-25 ans.

actumontagne. com : Que préconisez-vous ?
GC : Bien que depuis une dizaine d’années les différents acteurs de la montagne se parlent davantage, que des passerelles se sont établies entre la montagne "industrielle" et le monde alternatif, à l’image du travail que nous avons engagé avec une trentaine de partenaires autour de la problématique du retour des jeunes à la montagne, nous appelons à une effort collectif et cohérent des professionnels de la montagne, des acteurs touristiques publics et privés. Objectif, reconstruire et réorienter de manière durable l’offre touristique de la montagne et ses différentes clientèles. La nature de l’offre montagne balance trop entre deux notions mal définies et parfois contradictoires : un sanctuaire réservé aux initiés d’un côté et un "lunapark" de l’autre, pas vraiment différent de ce que l’on peut trouver en plaine ou à la mer… La montagne doit redevenir un grand jardin naturel d’altitude, un lieu d’expérience incomparable. La plus belle aventure qu’on puisse donner à une famille qui vient séjourner en montagne, c’est, par exemple, de passer une nuit en refuge. Or, dans l’offre actuelle d’un séjour tout compris du samedi au samedi, il est impossible de proposer cette expérience parce qu’elle suppose un surcoût pour le client.

actumontagne.com : Vous enfoncez le clou sur la reconstruction des clientèles estivales notamment à partir des jeunes publics… C’est votre croisade ?
GC : Tout le monde sait bien qu’une approche de la montagne dès le plus jeune âge, en famille, en groupe ou avec des amis, contribue à la pratique de la montagne à l’âge adulte. C’est pour cela que nous militons pour la relance des classes vertes et des classes de neige, et pour une stratégie d’accompagnement et de soutien à des projets ciblant les 16-25 ans. A l’issue de la réflexion que nous avons entamés en 2009 et qui a débouché sur le livre blanc de la GTA Coup de jeunes sur la montagne en 2010, les premières initiatives voient le jour de façon éparses, il faudrait les soutenir dans un effort beaucoup plus massif et collectif.


actumontagne.com : Au chapitre des initiatives pour les jeunes, il y a la vôtre l’été dernier, l’Alpes Summer Experience, trois jours d’itinérance festive entre Valloire et Briançon. Quel bilan pour cette opération-test ?
GC : Une cinquantaine de jeunes ont participé à l’événement. L’opération a confirmé qu’une pratique décomplexée et festive de la montagne est possible. Elle a rappelé combien la convivialité et le groupe sont importants pour cette cible de clientèle. Plusieurs bémols cependant : contrairement à ce qu’on pensait, les réseaux sociaux, sur lesquels nous avions misé pour faire la promotion de cet événement, ne sont pas l’alpha et l’oméga pour communiquer avec les jeunes. Nous n’avons pas non plus réussi à toucher des publics très éloignés de la montagne, c’est un souci. Enfin, hormis les deux départements qui nous ont soutenus -La Savoie et les Hautes-Alpes-, et l’UCPA, nous avons senti un manque d’intérêt de la part des milieux de la montagne pour cette opération test…

actumontagne.com : Il faut communiquer davantage sans doute… Allez-vous renouveler l’expérience ?
GC : Nous n’avons pas vocation à devenir un opérateur ! Nous allons nous retourner vers les territoires pour qu’ils s’approprient l’ASX et lui donnent une suite.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

📰 Recevez notre newsletter gratuitement !

Recevez chaque lundi le debrief de la semaine passée !

Suivez-nous également sur Facebook

Territoires liés :