La 20e édition du SAM à Grenoble a tenu ses promesses : près de 15 800 visiteurs, soit près de 15% de mieux qu’en 2010, et une ambiance cosmopolite comme jamais. Le Mondial de l’aménagement durable de la montagne est bien le rendez-vous incontournable de la planète montagne qui y montre ses dernières innovations technologiques et y dévoile ses futurs projets.
Et de ce côté là, les visiteurs ont été servis avec des présentations de programmes d’aménagement très ambitieux dans les pays émergents, à l’image de ceux prévus en Russie, et notamment dans la région du Caucase Nord, par le groupe Northern Caucasus Resorts (NRC). Venus en force, les représentants de cette société d’Etat qui a monté une joint-venture avec la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), ont livré quelques informations sur ce projet de développement touristique pharaonique. Il prévoit en effet de créer ex-nihilo dans n premier temps, cinq stations de sports d’hiver entre la mer Noire et la mer Caspienne*. Tout y est à construire : les infrastuctures routières et immobilières, le milier de kilomètres de pistes, quelque 200 remontées mécaniques, des besoins énormes qui font saliver les aménageurs de l’Ouest, et les Français en particulier, plutôt bien placés. En effet, très présents dans la création des stations qui vont accueillir dans deux ans les JO de Sotchi, ils sont au premier rang des équipementiers susceptibles de participer à l’édification de ces nouvelles stations de ski. On peut citer Poma, bien évidemment, mais aussi MyNeige, ex-Johnson Controls Neige, racheté en avril dernier par l’Italien TechnoAlpin au groupe JC et qui enneige la station de Laura Krasnaya Poliana ou encore Abest qui a réalisé des études de création de retenues colinaires. D’autres opérateurs, présents au SAM, se sont pressés sur le stand du NRC pour, sinon décrocher des marchés, au moins se faire connaître auprès de ces investisseurs venus de l’Est.
Si les montagnes russes aiguisent les appétits, l’Amérique du Sud constitue elle aussi un relais de croissance pour nos aménageurs et équipementiers. Dans cette perspective, l’accord conclu entre le SAM et le salon chilien Andes* devrait permettre de leur faciliter l’accès au marché chilien, mais aussi argentin. “Au Chili, où il existe déjà une quinzaine de stations, il y a plusieurs projets à venir, idem en Argentine, en matière de création de station mais aussi d’enneigement artificiel par exemple”, explique Francisco Sotomayor, en charge du salon Andes. “Le Chili, dont plus de 80% du territoire est montagneux, est aussi un important pays minier.Or ces mines, se situent le plus souvent à plus de 3000 m d’altitude, d’où des problèmatiques très proches de celles de l’industrie des sports d’hiver en matière d’infrastructures routières, d’acheminement des hommes et des ressources minières, sur lesquelles les équipementiers montagne peuvent aussi se positionner. Autre débouchés sous nos latitudes, le transport urbain par câble qui ne cesse de se développer. Le salon Andes draine des visiteurs de tous ces secteurs”.
Au fil des stands du SAM 2012
Aztec : la dameuse zéro carbone en série en 2014-2015
Seul fabricant français de dameuses, la société haut-savoyarde Aztec, dont l’usine est installée dans la zone industrielle du Versoud près de Grenoble, a fait de l’innovation sa raison d’être. Dernier fleuron du constructeur, la Graphit, première dameuse conçue uniquement à treuil, trônait au milieu du stand et a vu se succéder autour d’elle, directeurs techniques de domaines skiables et pilotes. Son câble synthétique, dix fois plus léger qu’un câble acier de même résistance, a fait sensation auprès des expxloitants qui cherchent à réduire leur budget carburant. “On obtient un gain de poids non seulement grâce au câble synthétique mais aussi parce que nous avons développé un châssis unique pour la dameuse et son treuil’”, explique Frédéric Cuillière, directeur général de la PME (photo) qui croit beaucoup à l’avenir des machines à treuil dans la mesure où il y a globalement de moins en moins de neige. Le chef d’entreprise haut-savoyard a aussi bien voulu nous en dire plus sur sa dameuse à pile combustible, la Galaxit. “Il y a effectivement une attente énorme sur cette machine, y compris en Suisse où la société est très sollicitée”, témoigne-t-il. “Nos partenaires SymbioFcell en tête, qui a travaillé sur les piles à combustible à base d’hydrogène, sont prêts et la phase de fabrication du prototype devrait commencer en juillet, pour une mise sur la neige fin 2012”. Nombre de stations et de mairies sont déjà sur les rangs pour essayer cette machine dont la fabrication en série pourrait être amorcée en 2014/2015.
Kässboher : le Pistenbully à moteur hybride en guest-star !
Le PistenBully 600E» à moteur hybride, version la plus aboutie des dameuses à moteur diesel-électrique du fabricant autrichien, a été dévoilé au SAM. Elle aussi intéresse beaucoup les exploitants pour son gain en carburant estimé à 20%. L’Alpe d’Huez, vainqueur du Trophée de l’éco-damage 2012, initié par le fabricant en partenariat avec Mountain Riders, devrait essayer en avant-première cette machine, avec les deux autres nominées, Peyragudes et Flaine. En photo, Christian Reverbel, directeur d’exploitation à l’Alpe d’Huez, devant la fameuse dameuse à moteur hybride de Kässboher.
DSF et EDF signent une charte en faveur des économies d’énergie Domaines skiables de France, l’organisation professionnelle qui fédère 236 opérateurs de remontées mécaniques ou de domaines skiables, et EDF Collectivités, poursuivent leur partenariat dans le domaine énergétique, amorcé en 2010. Une charte des bonnes pratiques en matière de consommation énergétique vient d’être créée pour permettre aux opérateurs de mieux maîtriser leur consommation électrique et les coûts associés. “La consommation électrique est le 2e poste de dépenses pour un opérateur de domaine skiable”, indique Pierre Lestas, président de DFS. Cette charte en dix points répond à plusieurs préoccupations majeures de DSF. La première est d’ordre économique, car en diminuant le nombre de kilowattheures consommés, les opérateurs espèrent bien réduire leur facture énergétique ; la seconde est d’ordre écologique, les exploitants de domaines skiables souhaitant concilier développement et protection de leurs sites. “C’est d’ailleurs en ce sens que nous nous sommes engagés dans la certification environnementale Iso 14001 : 23 entreprises sont certifiées à ce jour, et 60 sont en cours de certification”, souligne le président de DSF qui ajoute une troisième préoccupation, éthique celle-là. “Nous devons maîtriser nos ressources energétiques vis-à-vis de nos enfants et petits-enfants”. En clair, éviter le gaspillage et adopter un comportement responsable. Quatre stations ont reçu au SAM 2012, un certificat stipulant qu’elles remplissent les conditions de la Charte : il s’agit de l’Alpe d’Huez, de Font Romeu, des Arcs et des Sept-Laux.
Le Swincar, nouvel engin de loisir
Pascal Rambaud de la société Mecanroc a une nouvelle fois fait sensation avec la dernière-née de ses inventions, un concept de véhicule pendulaire à très faible besoin énergétique, le Swincar. Un engin inclassable, qui procure des sensations proches de la glisse et que le créateur voue en priorité au secteur des loisirs en montagne, mais aussi aux professionnels pour rallier des sites difficiles d’accès. Il peut aussi faciliter l’accès à la montagne aux non-skieurs. « Ils ont juste à piloter, la machine fait le reste », résume l’inventeur basé à Allan, dans la Drôme. Cet enfin est modulable et peut s’adapter aux terrains herbeux comme enneigés moyennant des roues ou des chenillettes. Le Swincar existe avec moteur thermique mais aussi avec moteur électrique, une dernière version beaucoup plus dans l’air du temps !
L’Olivette de Taz
Voilà un nom un brin décalé dans cet univers industriel qu’est le SAM ! L’Olivette est le premier descendeur autobloquant sur corde tendue, présenté par son créateur, Pascal Olliver, cordiste de métier. “J’ai déposé le brevet de L’Olivette en 2004 et comme Petzl qui l’avait acquis, ne l’avait pas utilisé, j’ai pu le récupérer et lancer sa fabrication en série après avoir créé ma société fin novembre”. Plébiscitée par les marins dont elle facilite la montée et la descente du mât de leur bateau, l’Olivette est toute désignée pour faciliter les travaux acrobatiques sur grande hauteur, par exemple sur les pylônes d’éoliennes, pour les interventions en zones ventées, en diagonal ou sur des zones surplombantes, très courantes en montagne. “J’ai vendu ma première série aux marins, en venant au SAM, j’espère convaincre le secteur de la montagne de l’adopter”, explique Pascal Olliver qui effectue l’assemblage des différentes pièces à Saint-Nazaire-les-Eymes où son entreprise, Taz, est installée. Il vise les 500 unités par an.
*Lagonaki, Arhyz, Elbrus-Bezengi, Mamison et Matlas