La présence du loup dans le massif du Vercors est une réalité. Pour protéger les troupeaux, les éleveurs utilisent des chiens de protection, dont la présence génère des tensions entre usagers. Les acteurs du territoire se sont mis autour de la table pour traiter cette problématique. Une démarche collective inédite sous l’égide du Parc naturel régional du Vercors.
Facile d’accès et à arpenter, le Vercors est très prisé pour qui veut venir s’aérer, pratiquer des activités récréatives ou tout simplement se poser en pleine nature. Pour autant, ce massif pré-alpin, à proximité de grands bassins de population (Grenoble, Lyon, Valence) n’est pas qu’une destination touristique et de loisirs. C’est aussi un territoire habité à l’année et d’autres filières économiques y prospèrent. Notamment l’agriculture et l’élevage, pratiques ancestrales. “Les paysages du Vercors ont été façonnés par le pastoralisme”, rappelle Michel Vartanian, vice-président du Parc naturel régional du Vercors.
Le chien de troupeau, outil de prévention des attaques du loup
Avec le retour du loup il y a plus d’une vingtaine d’années, les éleveurs ont dû s’adapter pour coexister avec ce grand prédateur protégé par la Convention de Berne (1979). “Comme l’Homme, le loup se trouve chez lui partout”, souligne Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité à France Nature Environnement. Parmi les mesures de protection des troupeaux prises pour se défendre des attaques de canis lupus, il y a le recours aux chiens de protection. Leur présence a néanmoins créé des tensions avec les autres usagers du territoire, même si les cas de morsures restent exceptionnels.
“Les chiens de protection représentent l’outil de prévention des attaques du loup le plus efficace à ce jour”, estime Pascal Ravix, éleveur à Lans-en-Vercors, plaidant pour le partage de la charge de la prédation du loup, que seuls les éleveurs ont portée jusqu’ici.
Pour atténuer les conflits d’usage et responsabiliser toutes les parties, dans un esprit de respect et de bienveillance mutuels, le Parc naturel régional du Vercors a initié en 2020 une démarche innovante de dialogue et de coopération. Cela en association avec la plateforme de l’Union européenne sur la coexistence entre l’homme et les grands carnivores. Élus, agriculteurs, éleveurs, alpagistes, professionnels du tourisme, chasseurs, accompagnateurs en montagne, représentants d’associations environnementales ou encore de fédérations sportives ont pendant deux ans appris à s’écouter et à discuter, dépassant leurs divergences.
Les bons geste à adopter
Cette médiation, qui pourrait faire école, a permis d’écrire un récit commun autour du partage des espaces naturels du Vercors, et de leur compréhension par le grand public. Une brochure sur le sujet est à disposition dans les offices de tourisme. Elle détaille les comportements à avoir à l’approche des troupeaux, dont les gardiens à quatre pattes ne sont pas des chiens de compagnie mais de travail.
Pour les promeneurs et randonneurs, les gestes à avoir à proximité d’un troupeau et de son ou ses chiens de protection, relèvent souvent du bon sens pour certains : contourner très largement le troupeau pour respecter le travail des éleveurs et des bergers dans perturber les animaux, bétail ou chiens. Bien que cela puisse être un réflexe à l’approche d’un chien grognant, ne pas le menacer avec des bâtons de randonnée. Ceux-ci doivent être gardés la pointe vers le bas, plaqués contre le corps pour les rendre invisibles.
Bien évidemment rester calme et passif pour rassurer le chien de protection qui du coup ne vous considèrera pas comme une menace pour ses brebis. Ne pas le fixer dans les yeux. Tenir en laisse son chien domestique -interdit toute l’année dans la Réserve naturelle nationale des Hauts-Plateaux du Vercors-, pour éviter qu’il aille mettre la pagaille dans le troupeau, ou entre en confrontation avec son gardien dévoué.
Les vététistes prendront soin de descendre de leur monture pour que le chien les identifient, plutôt que d’accélérer pour forcer le passage ! Evidemment, si le chien de troupeau reste menaçant, il faut rebrousser chemin, les sentiers de randonnées balisés ne manquant pas dans le Vercors.
Sophie Chanaron