Ancrée dans l’histoire de l’Isère, la dimension santé et bien-être est désormais au cœur de la stratégie touristique du département. Un climatisme du XXIe siècle qu’Isère Attractivité souhaite déployer sur la base d’études scientifiques menées par l’équipe de Samuel Vergès, chercheur INSERM coordinateur de la Chaire «Montagne Altitude Santé » de la Fondation UGA.
Ce n’est pas un hasard si Jean-Pierre Barbier, président du Département et Chantal Carrioz, sa vice-présidente en charge du tourisme, présidente d’Isère Attractivité ont convié les journalistes à Saint-Nizier-du-Moucherotte, lundi 10 mai, pour découvrir les premiers éléments de ces études. Le Vercors, ce «territoire emblématique des quatre saisons» que le Département soutient notamment dans le cadre des Contrats de performances des Alpes de l’Isère (51 projets d’aménagements touristiques financés de 2016 à 2020 à hauteur 2,4 M€) a déjà une longue histoire liée à la santé. «Aux XIX et XXe siècles, cela s’est fait de façon empirique avec l’installation de sanatorium et de maisons pour enfants » a rappelé Jean-Pierre Barbier. Mais il pourra bientôt appuyer ce positionnement sur des arguments scientifiques. «Nous voulons être pilote et en avant-garde sur ces sujets» a indiqué Chantal Carrioz.
L’Isère, laboratoire à ciel ouvert
Isère Attractivité a en effet confié à Samuel Vergès, responsable du laboratoire Hypoxie Physiopathologie (HP2) INSERM et directeur de la Chaire «Montagne Altitude Santé» une étude sur l’impact de la moyenne altitude sur la santé. Spécialisée dans l’étude des réactions de l’organisme soumis à une privation plus ou moins importante d’oxygène (hypoxie), son équipe est l’une des rares dans le monde à traquer en laboratoire et sur le terrain les relations entre hypoxie d’altitude et santé chez les résidents et les voyageurs. Baptisé «Altitude Santé», ce projet scientifique de trois ans (2021-2023) est financé à 50 % par le Département dans le cadre d’une convention signée en décembre 2020. «Le gain maximal lié l’hypoxie se situerait en altitude moyenne, entre 1 000 et 2 500 mètres, avec une hypoxie de ce fait modérée mais stimulante pour l’organisme» assure Samuel Vergès.
Moyenne altitude et santé : la bonne équation ?
Son effet positif a déjà été mesuré pour les habitants sur les maladies cardiovasculaires (– 12 % de probabilité de décès par AVC), sur l’obésité et le diabète (respectivement – 23 % et – 12 % de développement à 1 500 mètres d’altitude v/s à 500 mètres), le cancer du poumon (- 13 % de l’incidence moyenne par + 1 000 mètres d’altitude)… Mais quid de son effet lorsque l’on y séjourne plus ponctuellement ? Des études montrent aussi des effets bénéfiques sur le plan respiratoire, cardiovasculaire et métabolique. «Nous avons encore besoin d’approfondir les connaissance afin de placer le curseur selon les niveaux (liés à l’altitude) et la fréquence des périodes d’hypoxie, voire la présence de pathologie sous-jacentes, pour distinguer les effets délétères de ceux bénéfiques sur l’organisme » indique Samuel Vergès. Sa prochain étape ? Analyser les données de santé des personnes vivant dans les 52 communes iséroises situées à plus de 900 mètres d’altitude.
Nathalie Ruffier