Le domaine skiable des Saisies © Monica Dalmasso

« Un projet de liaison avec les Contamines pour 2023 »

La Régie des Saisies, exploitant du domaine skiable, a fêté cet hiver son vingtième anniversaire. Jean-Paul Cuvex-Combaz, qui en est le président depuis sa création, revient sur la naissance de cette régie, sa philosophie et ses projets d’avenir.

Dans quel contexte est née la Régie des Saisies ?
L’après Jeux Olympiques d’Albertville (1992) a été très difficile. De gros investissements avaient été réalisés pour les JO, sans savoir ce qui allait se faire le lendemain. Pour résumer, les remontées mécaniques (tout comme les communes) ont dû éponger le déficit hérité des Jeux. Forcément, aucun investissement ou presque ne pouvait être consenti pour améliorer le parc de remontées mécaniques, qui était vieillissant (environ 30 ans d’âge pour la plupart des appareils, qui étaient essentiellement des téléskis avec des angles !). J’étais alors moniteur de ski, et j’avais du mal à trouver des clients. Même si la station des Saisies a été un grenier à neige, et que les gens y venaient pour la beauté des paysages, les skieurs – y compris ceux d’Albertville, Ugine,etc – lui préféraient les stations de Tarentaise. En 1992, l’office du tourisme n’existait même plus, et ce sont les commerçants qui ont conçu un dépliant touristique, afin d’assurer un minimum de promotion de la station. A l’époque, les élus géraient tout, via le SIVOM. Et ceux qui s’occupaient du personnel des remontées mécaniques ne savaient même pas skier. Bref, ça ne pouvait plus durer comme ça ! C’est à partir de 1995 et l’arrivée de Jean-Jacques Berthod à la présidence du SIVOM (il était par ailleurs patron de l’Hôtel Le Calgary et président de l’Union des Commerçants) que les choses ont vraiment commencé à bouger, jusqu’à la création de l’actuelle Régie des Saisies, le 1er janvier 1998.

Jean-Paul Cuvex-Combaz © Pascal Boulgakoff

Quels ont été les principes directeurs de cette Régie des Saisies ?
Il fallait investir tout de suite afin de moderniser le domaine, aussi bien dans les remontées mécaniques que dans les canons à neige. Pour ces derniers, on s’est fait traiter de fous à l’époque, du fait du très bon enneigement naturel dont on dispose. Le projet de l’Espace Diamant (à savoir la liaison avec Notre-Dame-de-Bellecombe, Flumet et Praz-sur-Arly via Notre-Dame) était essentiel à nos yeux, afin d’agrandir le domaine. C’est un projet dont on parlait depuis longtemps. On a eu les autorisations d’UTN (Unités Touristiques Nouvelles) en 2000, deux ans après la création de la Régie. Aujourd’hui, pour le même dossier, il faudrait compter dix ans ! C’est lors de l’hiver 2004-05 que l’Espace Diamant a vu le jour. Avoir de grands domaines skiables est primordial aujourd’hui. Le skieur lambda n’achète plus un nom, mais des kilomètres de pistes, même s’il ne les fréquente pas intégralement. Beaucoup de nos clients en séjour achètent d’ailleurs un forfait Espace Diamant, bien qu’ils skient au final uniquement sur Les Saisies. Mais ça les rassure.

Fête des 20 ans de la Régie des Saisies, le 3 février 2018 © Pascal Boulgakoff

Quelles sont les caractéristiques du fonctionnement de la Régie des Saisies ?
Il s’agit d’une régie personnalisée à autonomie financière. Elle a un conseil d’administration, qui, au départ, comptait de nombreux techniciens, ce qui a permis d’aller vite dans les différents projets que nous avions. Aujourd’hui, on a à la fois des élus (des communes d’Hauteluce, de Villard-sur-Doron et de Crest-Voland, ainsi que la présidente du SIVOM) et des techniciens (qui sont des membres cooptés). On a un décalage entre les mandats des élus et ceux des membres cooptés, afin d’assurer une certaine continuité. Cette Régie est une vraie entreprise, qui ne bénéficie d’aucune subvention des collectivités publiques. Nous avons la confiance des banques. Nous avons contracté nos propres emprunts, avec un endettement de 19 millions d’euros, et des annuités de remboursement de 2 millions. Nous réalisons un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros par an, soit trois fois celui réalisé lorsque nous avons créé la régie. On investit en moyenne 40 % de ce chiffre d’affaires chaque année, notamment dans de nouvelles remontées mécaniques ou dans le réseau de neige de culture. Nos relations avec la mairie et la SEM (qui gère l’office du tourisme et le centre aquasportif du Signal) sont aujourd’hui excellentes.

Le domaine skiable des Saisies © Monica Dalmasso
Quels sont les projets d’avenir portés par la Régie des Saisies ?
 Nous avons un plan d’investissement de 70 millions d’euros jusqu’en 2029. L’hiver prochain, nous allons aménager une quatrième retenue collinaire. Nous aurons ainsi 5 km de pistes supplémentaires couverts par la neige de culture, et le total d’enneigeurs sur le domaine sera d’environ 350. L’hiver suivant, en 2019-20, le télésiège à pinces fixes de la Légette sera remplacé par un télésiège débrayable six places. Il passera également au-dessus de la route, afin de permettre de chausser directement les skis depuis les hébergements situés dans ce secteur de la station. Par ailleurs, les quatre télésièges à pinces fixes qui permettent d’assurer la liaison Espace Diamant seront remplacés progressivement par des débrayables, entre 2020 et 2023, en commençant par celui de Brichou, où il peut y avoir jusqu’à 20 minutes d’attente au cœur des vacances. Cette année 2023 pourrait aussi être celle de la mise en service de la liaison avec le domaine des Contamines-Montjoie. Celle-ci se ferait par une télécabine entre le pied du télésiège de Bellasta (côté Saisies) et  Belleville (côté Contamines). Il faudrait prendre cette télécabine dans les deux sens, puisque la configuration du terrain ne permet pas d’aménager de pistes de ski. C’est en bonne voie, puisque nous sommes d’accord avec les Contamines. Mais nous attendons encore la réponse de Labellemontagne, exploitant de Notre-Dame-de-Bellecombe, qui n’est pas contre a priori. Et nous devons encore démontrer la viabilité économique de ce projet. Enfin, dans un dernier temps, nous projetons de remplacer les télésièges à pinces fixes des villages (Chozal et Jorets côté Hauteluce, Rosières sur le versant Villard-sur-Doron) par des télésièges débrayables.

Propos recueillis par Martin Léger

20 ans de la Régie des Saisies, le livre !

Axiubia Communication a édité un livre qui retrace, en plus de 80 pages, l’épopée de la Régie des Saisies, avec des gros plans sur ses acteurs emblématiques. Les textes sont signés Catherine Claude et les photos de Pascal Boulgakoff.

 

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