Été comme hiver, le glaciologue Lucas Davaze et le guide de haute-montagne Pascal Guiboud accompagnent le grand public sur le glacier de la Girose, avec une montée par le téléphérique des Vallons de la Meije, pour faire des mesures de la fonte de glace. L’occasion d’évoquer de façon tangible les conséquences du réchauffement climatique et les solutions pour y faire face.
Être au courant des données scientifiques sur le changement climatique, c’est bien. Constater directement et de façon concrète, sur le terrain, comment se traduisent tous ces chiffres, c’est mieux. Tel est le leitmotiv de Lucas Davaze, docteur en géologie à l’IGE de Grenoble (Institut de Géoscience et d’Environnement). «Après ma thèse – soutenue en 2019 – sur la fonte des glaciers dans les Alpes européennes depuis les années 2000, j’ai voulu me consacrer à la médiation scientifique auprès du grand public».
Lucas Davaze propose aussi bien des interventions en salle que sur le terrain. Et notamment à la Grave, depuis 2020 : « Morgan Barbot, pisteur à la Grave responsable du secteur du glacier, cherchait un glaciologue. Et moi, je cherchais un glacier pour effectuer des mesures. On a posé les premières balises à l’été 2020. » Ces balises (en bambou), qui s’apparentent aux jalons permettant de baliser des pistes de ski, sont au nombre de six et réparties sur tout le glacier, à peu près tous les 100 m d’altitude entre 2850 m et 3440 m.
De plus en plus de fonte
Elles permettent de mesurer la fonte du glacier, qui peut être assez variable d’une année à l’autre : « Entre septembre 2020 et septembre 2021, on a perdu 30 cm de glace à 3200 m d’altitude et environ 4,50 m à 2850 m. Entre septembre 2021 et septembre 2022, on a mesuré plus de 3 m de fonte à 3200 m et 6 m à 2850 m. La fonte dépend de nombreux paramètres : la quantité de neige sur le glacier au début de l’été (au 15 juin nous avions 2,65 m de neige cette année, contre 80 cm en 2022 et 3,10 m en 2021), les températures pendant l’été,etc… On constate globalement de plus en plus de fonte, et les années exceptionnelles comme 2022 sont amenées à se reproduire plus souvent », explique le glaciologue.
Une démarche pédagogique
Été comme hiver, Lucas Davaze emmène le public (scolaires, particuliers…) faire les relevés de mesure de ces balises, en compagnie du guide de haute-montagne Pascal Guiboud. La durée de marche est adaptée au niveau des participants, pouvant aller de 45 minutes à 3-4h avec au maximum 150200 m de dénivelé, en mode randonnée « simple » ou marche glaciaire encordée (et avec crampons, ne nécessitant toutefois aucun prérequis en alpinisme, simplement une condition physique correcte). « On passe de chiffres sur le réchauffement climatique (+1, + 2, + 3°C) à ce que ça représente sur le terrain. Le fait d’être acteur, avec ces mesures, permet de mieux prendre conscience de la situation », estime Lucas Davaze, qui profite de ces sorties pour expliquer les processus de surface sur le glacier, liés à la fonte (rivières de surface, moulins, bédières, etc). Le glaciologue évoque aussi les causes et conséquences de la fonte de glace, l’évolution récente des glaciers alpins ou encore les solutions pour faire face au réchauffement climatique.
Martin Léger
Pratique : contactez directement Lucas Davaze au 07 82 9 15 97 pour plus d’infos sur ces sorties.
