Le gypaète barbu, qui avait disparu des Alpes, est revenu spontanément en Vanoise, à la faveur des programmes de réintroduction. Trois couples de ce vautour coloré y nichent et donnent régulièrement naissance à des gypaètons. Le Parc national de la Vanoise a installé une caméra à proximité de celui vivant près de Termignon en Maurienne. Scientifiques et grand public peuvent suivre au quotidien cet emblème de la biodiversité, grand nettoyeur de Dame Nature.
Avec près de trois mètres d’envergure, le gypaète barbu figure parmi les plus grands rapaces d’Europe. Surnommé le démon des airs, en raison de son poitrail couleur feu et son iris bordé de rouge, il avait totalement disparu des Alpes au début du 20e siècle. Nos ancêtres l’accusaient de s’attaquer aux troupeaux et même d’enlever les enfants, d’où son extermination. Depuis 1986, des programmes de réintroduction de ce charognard inoffensif, ont été lancés à l’échelon de l’arc alpin. Il semble qu’il ait trouvé en Vanoise un territoire qui lui convienne puisque trois couples d’oiseaux y ont élu domicile. Le premier couple s’est fixé depuis 1998 à Val d’Isère, le second couple à Termignon en 2001 et le troisième à Peisey-Nancroix en 2003. Et s’y plaisent. En témoignent les nombreuses naissances survenues entre 2002 et cette année, proches d’une vingtaine. Un score remarquable car les tentatives de reproduction en milieu naturel sont souvent infructueuses : une réussite sur trois tentatives en moyenne, d’après les spécialistes.
Une caméra installée à plus d’un kilomètre
Cette année, les trois couples sont à nouveau d’heureux parents ! La première naissance, le 20 février dernier, est à l’actif de Stelvio et Gelas, sédentarisés sur les hauteurs de Termignon. Cette naissance s’est faite sous « l’œil des caméras », peut-on dire puisque à l’automne dernier, le Parc national de la Vanoise a installé une caméra à 1000 mètres de leur aire d’habitat pour mieux comprendre et connaître l’espèce. Scientifiques et grand public peuvent désormais suivre en direct leurs faits et gestes (sous réserve d’une bonne météo). Tous attendent avec impatience le futur envol de l’oisillon, qui devrait avoir lieu fin juin, début juillet. S’il réussit cet exercice, ses chances de survie augmenteront.
En installant ce dispositif vidéo exceptionnel, fourni par la société Novazion à Meylan près de Grenoble, le parc veut permettre à la population de se réapproprier cette espèce, emblématique du patrimoine naturel local. La caméra haute définition a été installée sur le plateau de Plan du Lac, à 2400 mètres d’altitude, à près d’un kilomètre de l’aire de vie des gypaètes. Dotée d’un zoom très puissant, elle est en mesure d’opérer à distance sans perturber ces oiseaux farouches. Les images qu’elle capte sont transmises à la Maison de la Vanoise à Termignon. Ce flux vidéo en direct est disponible sur le site internet du Parc et permet d’observer la petite famille manger, s’ébrouer ou somnoler.
Cette initiative a été financée par la Région Rhône-Alpes (22.000€), EDF UP Alpes (6000€), la commune de Termignon (2000€) et le Parc (20.000€).
Rappelons qu’il n’existe en France que sept couples reproducteurs : trois en Vanoise, un dans le Mercantour et trois en Haute-Savoie.
Sophie Chanaron
©Parc national de la Vanoise – Joël BLANCHEMAIN