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Bertrand Rabatel : Des pistes trop élitistes en station

A l’occasion du dernier Salon de l’Aménagement en Montagne (du 23 au 25 avril à Grenoble), le syndicat national des moniteurs cyclistes français  avait convié quelque 180 élus de stations, directeurs de remontées mécaniques et responsables de service des pistes pour leur présenter ses préconisations en matière d’aménagement de pistes de descente pour le VTT. Interview du directeur de ce syndicat, Bertrand Rabatel.

Actumontagne.com : Pourquoi avez-vous axé vos recommandations uniquement sur la pratique du VTT de descente ?
Bertrand Rabatel : Aujourd’hui, 90 % des pratiquants de vélo n’ont pas envie de se faire mal physiquement. Ils veulent du plaisir sans effort. La pratique du cross-country (ou randonnée) ne correspond plus à la demande. Elle reste d’ailleurs une niche, qui ne représente qu’un pour cent des pratiquants licenciés en France. Le VTT de descente, en revanche, correspond beaucoup plus à cet état d’esprit du marché, c’est vraiment l’avenir de la discipline.

Actumontagne.com : Quel regard portez-vous sur l’offre des stations françaises en matière de pistes de descente de VTT ?
Bertrand Rabatel : Des efforts ont été entrepris ces dernières années, c’est certain, mais pas forcément dans le bon sens. En effet, la plupart des pistes de descente existantes sont beaucoup trop techniques et de ce fait élitistes. Elles conviennent bien à des pilotes chevronnés disposant d’un matériel de pointe (vélo tout suspendu), mais pas aux autres pratiquants. De plus, leur difficulté est souvent sous-évaluée : les pistes cotées vertes s’apparentent plutôt à des bleues, les bleues à des rouges,etc.

Actumontagne.com : Comment rendre ces pistes plus accessibles au plus grand nombre ?
Bertrand Rabatel : Il faut adopter la logique inverse de celle qu’on a aujourd’hui. Actuellement, les stations ont tendance à ajouter des obstacles (passerelles, virages relevés,etc) pour complexifier les parcours. Elles doivent au contraire s’en servir pour les rendre plus faciles. Par exemple, en  caricaturant un peu, plutôt que de placer une passerelle surélevée par rapport au sol et juste après un gros rocher, elles pourraient la placer sur le rocher, de manière à l’éviter, et au niveau du sol. Ces aménagements ne sont pas très compliqués à mettre en œuvre et peu coûteux.

Actumontagne.com : Quels sont les exemples à suivre ?
Bertrand Rabatel : Celui de Seven Stanes, en Ecosse, me paraît particulièrement intéressant d’un point de vue économique. C’est la Forestry Commission (l’équivalent de l’Office national des forêts), qui développe un réseau de chemins adaptés au grand public pour découvrir les forêts. Et avec près de 400 000 visiteurs depuis 2004, on constate que ça marche. Certes, il s’agit en l’occurrence de pistes de cross-country, mais cette logique – miser avant tout sur l’accessibilité de la pratique au grand public – peut sans problèmes être transposée au VTT de descente.

Actumontagne.com : Et en France ?
Bertrand Rabatel : A Villard-de-Lans, dans le Vercors, un projet de piste d’initiation devrait voir le jour à l’été 2009 sur la Colline des Bains, en plein cœur du village. La Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines prépare également un projet très intéressant sur la colline d’Elancourt (à 30 minutes de Paris). On y trouvera des pistes pour tous les niveaux, tous les âges (à partir de 4 ans) et tous les goûts. Il y  aura à la fois des boucles pour la randonnée, des pistes de descente, des zones d’initiation et un champ de bosses. Sans oublier des services bien pensés pour les pratiquants : location, réparation, vestiaires, espace détente. C’est d’ailleurs aussi sur la mise en place de tels services –encore très peu développés aujourd’hui – que les stations françaises doivent faire le plus de progrès.

Actumontagne.com : De son côté, que va mettre en place le syndicat national des MCF pour démocratiser la pratique du VTT de descente ?
Bertrand Rabatel : Nous travaillons actuellement à l’élaboration d’une norme AFNOR pour les pistes de VTT, qui sera en vigueur dès cet été. Elle fixera quelques points-clés à respecter pour l’aménagement d’une piste – par exemple prévoir un échappatoire lorsqu’on arrive sur un saut – et devrait permettre d’harmoniser la classification des pistes (de vert à noir) entre l’ensemble des stations, pour que le public s’y retrouve. Nous allons aussi créer une formation de pisteur VTT, afin de professionnaliser cette fonction qui est aujourd’hui souvent assurée par des pisteurs ski ou des bénévoles des stations. La première session est prévue en septembre 2008 à Val Drôme, et devrait concernent une vingtaine de personnes.

Propos recueillis par Martin Léger

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