Perché à 1836 mètres d’altitude sur un éperon rocheux dominant la vallée du Gleyzin, dans le massif de Belledonne, le refuge et gîte d’alpage de l’Oule, sur le nouveau GR®738, est l’un des 36 refuges gardés de l’Isère. Depuis cinq ans, c’est Camille Reymond qui accueille et régale les randonneurs durant la saison estivale. Portrait.
Depuis l’avant-dernier week-end de juin, Camille Reymond a pris ses quartiers d’été au refuge de l’Oule, appelé aussi Antoine Cros, du nom du père du ski dans le pays d’Allevard. Un rituel qu’elle reconduit chaque saison d’été depuis 2013, accompagné de son mari Christian, berger, et de leurs deux jeunes enfants, Lisia et Timéo. En renfort à leurs côtés, Nelly, bergère, qui donne également un coup de main à Camille au refuge. Situé au pied du glacier du Gleyzin au-dessus du village de Pinsot, dans la verte et très préservée vallée du Haut-Bréda, cet hébergement d’altitude compte 20 places.
Pendant plus de deux mois, pour la gardienne et sa famille, c’est un pied dans le pastoralisme, un autre dans le tourisme ! Une vie de labeur au grand air, qu’elle n’échangerait pour rien au monde, en dépit d’un logement de gardien peu fonctionnel -des travaux de confort sont prévus à la rentrée- et des contraintes que génère la présence du loup dans le massif pour l’activité de Christian (construction de parcs, surveillance accrue le soir, patous…).
“En étant gardienne du refuge, je peux conjuguer mes deux passions : la montagne et la cuisine”, positive Camille, qui connait effectivement bien les fourneaux.
Cuisinière de formation, elle a fait ses armes dans de nombreux restaurants, en bord de mer et en montagne, avant de se consacrer à l’élevage de brebis que la famille a fondé à Pinsot en 2009. Leur troupeau atteint les 600 bêtes aujourd’hui. En profitant des richesses fourragères de l’alpage de l’Oule, elles contribuent à l’entretien de ces pans de montagne sauvages, favorisant entre autres, l’existence du tétras lyre.
Lorsque l’alpage et le refuge de l’Oule ont été à nouveau été disponibles en 2013, le couple, qui estivait alors à l’alpage de Vay, a postulé auprès de la mairie de Pinsot. Forts de leur expérience respective, Camille et Christian en ont obtenu l’exploitation. “Christian est berger depuis 20 ans. Il a été au col du Coq en Chartreuse ou encore à l’alpage de Combe Madame dans Belledonne”, détaille Camille. “C’est lui qui assure le ravitaillement du refuge en produits frais, tous les 15 jours”. Car la montée jusqu’à cet hébergement d’altitude depuis la vallée est rude lorsque l’on est chargé à bloc ! D’ailleurs, depuis une casse d’oeufs mémorable sur le parcours, le couple a décidé il y a trois ans d’acheter un âne pour assurer le portage du ravitaillement bi-mensuel. “Une aide précieuse qui me facilite la tâche !”, se félicite Camille qui aime travailler les produits locaux et maison pour élaborer ses assiettes que savourent les randonneurs.
Des randonneurs en itinérance de plus en plus nombreux depuis l’homologation de la haute traversée de Belledonne en GR®738. Le refuge est également une destination prisée des familles avec enfants, pour la journée ou une nuitée. Comptez deux heures trente pour le rejoindre depuis le parking de la Bourgeat noire au hameau du Gleyzin, car le sentier, assez pierreux, ne compte guère de replat. Mais le paysage est tellement magnifique, qu’on s’attarde facilement en chemin pour observer ses nombreuses déclinaisons.
En ménageant plusieurs pauses, les plus jeunes ne verront pas le temps passer jusqu’au refuge de l’Oule ! L’itinéraire progresse en effet dans un magnifique cirque de parois rocheuses, d’où s’échappe le Gleyzin, le joli torrent qui a donné son nom à la vallée. Par endroit, il se mue en splendides et sonores cascades !
Férus de montagne, Camille et Christian, qui dispute encore cette année l’Echappée belle, l’ultra-trail sauvage traversant Belledonne, sauront recommander aux randonneurs ou aux traileurs les bons itinéraires, renseigner les curieux sur l’abondante flore et faune locales. Ou tout simplement partager l’amour de leur métier respectif, en formidables passeurs de la culture montagne.
Sophie Chanaron