Samedi 30 mars, Maxence Cavalade, un moniteur de ski de 38 ans, a établi à Val d’Isère le premier record du monde de dénivelé en speed-riding en une journée. En dévalant 57 fois le hors-piste de la Banane, via le couloir des Clochetons et la barre rocheuse du Joseray – une ligne desservie par le téléphérique de l’Olympique, sur la face de Bellevarde – il a cumulé 47 768 m de dénivelé négatif dans la journée !
Actumontagne.com : Depuis quand pratiquez-vous le speed riding ?
Maxence Cavalade : J’ai débuté en 2003, grâce à un ami qui m’a fait découvrir ça aux Arcs. J’ai adoré les sensations qu’on éprouve ! Après ça, j’ai récupéré une vieille voile de parachute (j’avais alors environ 50 sauts à mon actif) et j’ai commencé le speed riding. Je fais un peu partie des pionniers. J’ai toujours ridé avec les François Bon, Yoan Castagnoli,etc… sauf que contrairement à eux, je n’ai jamais fait de compétition. Je pratique ce sport en parallèle de mes diverses activités professionnelles : moniteur de ski, kiné et moniteur de parachute.
Comment vous est venue l’idée de ce record du monde ?
Il y a quelques années, j’étais parti m’entraîner sur l’Olympique, à Val d’Isère, en pensant rider deux ou trois heures. Mais les conditions étaient tellement bonnes ce jour-là que j’ai enchaîné les runs, sans même m’arrêter pour manger. A la fin de la journée, je me suis amusé à calculer le dénivelé que j’avais effectué, et j’en étais presque à 30 000 mètres. Ça m’a fait penser à Félix Baumgartner et son saut depuis l’espace (NB : l’Autrichien s’était élancé à 39 376 m d’altitude, ce qui lui avait en outre permis de devenir le premier homme à passer le mur du son en sautant). Je me suis dit que ça pourrait être sympa d’approcher, voire de dépasser cette marque. J’ai trouvé le challenge sympa.
Comment avez-vous préparé ce record du monde ?
Il a représenté six semaines de travail en amont, pour caler la logistique, trouver les partenaires, mettre le projet en place avec une société d’événementiel (Nemo),faire les tests pour trouver la meilleure façon de replier la voile à l’arrivée pour perdre le moins de temps possible pour se lancer lors du run suivant… J’ai consacré trois ou quatre demi-journées d’entraînement spécifique pour toutes ces manipulations. Au final, c’était une super aventure, j’y ai presque pris plus de plaisir que lors de la journée du record du monde elle-même. J’adore faire des projets et trouver les solutions pour les mener à bien.
Comment s’est déroulée cette journée du record du monde ?
J’ai pu prendre la première benne de l’Olympique avec les pisteurs, à 7h45, et j’ai fini ma dernière descente à 17h18. Tout ça sans m’arrêter une seule minute. Je mangeais et je buvais dans la cabine, que j’ai parfois fait privatiser, notamment pour satisfaire des besoins naturels, en entrouvrant la porte (mais jamais quand j’étais directement au-dessus des pistes ! ). La rotation complète durait neuf minutes : cinq minutes de montée, à peine deux minutes de descente, et deux minutes pour plier la voile, aller prendre la cabine ou en sortir. J’ai tout le temps fait exactement le même run, par souci d’efficacité. Comme sur n’importe quelle séance d’entraînement, je m’étais fixé une thématique, en l’occurrence réaliser des doubles tonneaux (deux par run, une fois vers la droite, l’autre fois vers la gauche). Ça, plus le fait d’essayer de faire des images sympas avec les cameramen, m’a permis de ne pas me lasser de cette descente que j’ai fait 57 fois, qui est certes sympa mais n’est pas ma préférée à Val d’Isère.
Avez-vous souffert physiquement ?
C’était éprouvant : j’ai notamment eu des douleurs aux hanches et aux genoux, à cause de la répétition des sprints avec les chaussures de ski lorsque je sortais de la gare du téléphérique ! Cela dit, j’ai l’habitude d’être sur les skis toute la journée, donc j’ai une bonne condition physique. J’avais surtout bien veillé à prendre des barres énergétiques, du chocolat et à bien m’hydrater (j’ai dû boire 6 litres dans la journée !), donc ça a été. J’aurais même pu continuer une heure de plus. Après, j’ai quand même eu du mal à récupérer les trois jours qui ont suivi.
Avez-vous d’autres projets un peu fous en tête ?
J’aimerais faire partie des 200 parachutistes qui tenteront d’établir le record du monde de « freefly », tête en bas, afin de réaliser la plus grosse étoile en s’élançant à 6000 m d’altitude. Ce record est prévu dans deux ans à Chicago. Ce record du monde de speed riding devait aussi me permettre de financer les entraînement en soufflerie que je devrai réaliser pour espérer prendre part à ce record à Chicago.
Propos recueillis par Martin Léger
Photo de une : C’est sur le hors-piste de la Banane (situé sur la Face de Bellevarde) que Maxence Cavalade a établi son record du monde © DR